INTERVIEW

Willy Rovelli en interview

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Avant Noël, c’est sous les traits du fameux cuisinier de Fort Boyard que Willy Rovelli est apparu dans les foyers français à l’occasion de la nouvelle émission imaginée par France 2, Boyard Land… Mais bien qu’occupé aux commandes de cet extraordinaire parc d’attractions et au micro de France Bleu chaque jour, l’humoriste a choisi de revenir sur les planches avec une nouvelle création : Nayez pas peur ! et de temps à autre sur le web avec des tutos qui doivent rendre vertes de jalousie tous les influenceurs et instagrameurs en recherche perpétuelle de likes : La vie est belle…

 

 

Willy Rovelli

Willy Rovelli, N’ayez pas peur ! Aix en Provence / 09 > 12 janvier – Toulon / 21 mars

L’humeur de Willy Rovelli – Du lundi au vendredi à 12h

 


« Apprendre constamment est ce qui m’anime…»


N’ayez pas peur ! n’est encore qu’un bébé…

Willy Rovelli : Oui ce n’est encore qu’une toute petite crevette qui n’a qu’une dizaine de représentations dans les pattes ! (rires) Ce spectacle n’en est qu’à ses débuts mais – je touche du bois – il a plutôt bien démarré… Les gens sont présents et surtout très réceptifs à ce que je raconte sur scène alors c’est très stimulant pour la suite.

On te connait depuis longtemps mais ce n’est « que » ton 2ème one-man…

J’ai démarré assez « tard » sur scène car j’ai été happé par la radio dès l’âge de 17 ans. J’ai eu la chance de travailler avec RMC, NRJ ou Europe 1 et avec France Bleu depuis le mois d’août, c’est vraiment un truc que j’aime et que j’ai dans les veines. Faire carrière en radio a d’abord été un véritable défi pour moi puisqu’on disait que ma voix me barrerait toujours la route ! (rires) J’ai finalement été très pris par cette activité mais aussi très empêché par la trouille de monter sur scène… Je repoussais constamment l’échéance en me disant qu’il fallait que j’aie des choses originales à dire mais c’était une excuse. Tout a déjà été traité au moins une fois sur scène, ce qui change, c’est la manière donc chaque humoriste se présente et aborde un thème… L’envie a toujours été là, tapie sous la peur… (rires)

Il est parfois nécessaire de prendre du temps…

C’est vrai, j’ai tendance à croire que les choses se font quand elles doivent se faire… C’était le cas pour le premier spectacle et ça l’a également été pour N’ayez pas peur ! J’ai eu besoin de m’arrêter un peu pour vivre d’autres choses que la scène et pouvoir y revenir avec de nouvelles idées, un nouveau déclic. J’ai eu la chance de pouvoir me permettre de beaucoup voyager pendant ces deux dernières années, de rencontrer des gens et de lire énormément. Ça m’a nourri l’esprit et assez naturellement le thème du spectacle s’est imposé à moi…

La radio participe à faciliter l’écriture…

L’écriture, c’est comme le sport, c’est dur au début, puis, petit à petit tes courbatures disparaissent et tout devient plus facile. C’est ce que ce rendez-vous quotidien en radio m’apporte… N’ayant pas le choix, je suis bien obligé de trouver une idée chaque jour et j’ai l’impression que c’est une démarche qui me correspond plutôt pas mal. D’ailleurs, j’ai procédé de la même manière avec le spectacle en réservant rapidement des dates qui m’ont contraint à le terminer sinon, ça aurait pu durer 1000 ans ! (rires)

Roger Louret signe ta mise en scène…

Sur scène, jusqu’à présent, je ne faisais que m’adresser directement aux gens et même si ce format stand-up est toujours très présent parce que j’adore l’imprévu, j’ai eu envie de m’aventurer dans quelque chose qui m’était inconnu : les sketches à personnages. Il y en a deux et pour ce « baptême », j’ai eu l’immense privilège de pouvoir travailler avec Roger Louret qui m’a appris à être d’une précision quasi chirurgicale ! (rires) Il a fait pas moins de 600 mises en scène jusqu’à présent dont celle du premier spectacle d’humour que j’ai vu à 15 ans… J’avais économisé mes 115 francs – une fortune pour moi à l’époque – pour voir Pierre Palmade. Je m’étais mis tout devant et c’est ce soir-là que j’ai su que c’était ce que je voulais faire de ma vie… 

C’est important de sortir d’une zone de « confort » ?

Apprendre constamment est ce qui m’anime… C’est une chance de pouvoir, de par nos métiers, découvrir plein de choses jusqu’à la fin ! Personnellement, ça m’embêterait de stagner et de me reposer sur mes lauriers. Depuis qu’on a commencé à jouer N’ayez pas peur !, chaque soir après la représentation, je me remémore ce que je viens de faire ou je regarde ce qui a été filmé pour analyser mes défauts et mes progrès et tenter de m’améliorer encore et encore, soir après soir. C’est une étape passionnante de voir un spectacle prendre vie petit à petit…

Un titre quasi hypnotisant…

(rires) Oui, il rappelle un peu Père Siffleur dans Robin des Bois… C’est un titre un peu trompeur car évidemment, après presque trois ans loin de la scène, j’étais mort de trouille à l’idée d’y retourner ! (rires) Surtout qu’aujourd’hui on est nombreux à vouloir faire rire, la concurrence est rude, certains ont un talent monstre et pas suffisamment de succès, d’autres cartonnent parce qu’ils sont dans l’air du temps… C’est difficile de se situer et de savoir ce que l’on vaut alors on a opté pour faire les choses à « l’ancienne » en repartant de zéro, en jouant dans des petites salles et en étant au contact des gens. Même si grâce à la télé et la radio je n’ai pas été oublié, il est toujours essentiel de faire un véritable travail de fond pour apprendre – ou rappeler  – au public que je suis aussi un artiste de scène…

N’ayez pas peur ! comme un slogan contre le malaise ambiant…

Il y a de ça… Je suis assez effaré d’observer que les experts, les journalistes ou les politiques ne passent leur temps qu’à nous mettre des mauvaises nouvelles dans la tête. Dès que tu allumes ta télé le matin, tu as l’impression que l’unique solution qui s’offre à toi est de te pendre ! Il y a un goût pour le catastrophisme qui nous fait perdre tout espoir ! Si tu manges un morceau de viande, tu es un salaud ; quand tu prends ta voiture, tu causes le dérèglement climatique ; tu ne dois plus avaler ce qu’on te vend sans choper un cancer ou boire de l’eau du robinet sans t’empoisonner… C’est effrayant, pesant et culpabilisateur à souhaits ! (rires) Alors dans ce spectacle, j’ai eu envie d’aborder tout ce qui nous fait peur pour essayer d’en rire et de ne plus se laisser flageller en permanence ! On nous donne l’impression en France de vivre en Enfer alors que – bien que tout n’aille évidemment pas bien pour chacun d’entre nous – comparé à d’autres pays dans le monde, objectivement, tout ne va pas si mal ! Il faut, je pense, accepter de se faire un peu plus confiance et croire en nos propres capacités pour faire bouger les choses… 

 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Théâtre de la Cité de Nice • Photos Nicolas Demare


Interview parue dans les éditions n°410 #1, #2, #3 et #4 du mois de janvier 2020

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