INTERVIEW
Walter en interview
Hilarant tant sur scène qu’en télé ou en radio, le belge Walter qui a bien manoeuvré pour nous faire croire qu’il était « méchant » dans son premier spectacle, s’est dit qu’il était désormais temps pour lui de passer au second chapitre ! Façonnée et mise en scène avec la complicité d’Étienne de Balasy – à qui l’on doit entre autres l’équilibre et le rythme des derniers spectacles de Jean-Luc Lemoine et Éric Antoine -, sa toute nouvelle création à ce jour sans nom définitif puisqu’encore en rodage s’inscrit dans la lignée de ce que cet énergumène wallon nous a présenté jusqu’à maintenant. Incisif et direct, l’humoriste ne se privera pas de passer en revue tout ce qui peut avoir tendance à l’agacer dans notre société…
WALTER RODE DANS LE COIN
À Taradeau au festival Rire en Vignes le 26 juillet
« On a décidé de mettre l’accent sur tous ces petits mensonges qu’on se raconte à soi-même… »
Walter : Exactement, je démarre un tout nouveau one man et honnêtement, c’est l’une des périodes les plus amusantes et excitantes pour un artiste. On tente des choses, on essaye, on supprime, on réécrit… C’est extrêmement stimulant car ça a quelque chose d’expérimental, c’est d’ailleurs l’une des seules disciplines où le travail se fait en compagnie d’un public. Un sculpteur, à l’inverse, va s’exercer chez lui et ne montrer son travail qu’une fois fini. Mais ça fait partie du métier, de ses complexités et de son charme alors on accepte ça, on rebosse quand ça ne fonctionne pas et on retient surtout ce qui marche. C’est incroyable comme le cerveau carbure dans ces moments là ! (rires)
Tu es accompagné de ton metteur en scène, Étienne de Balasy, c’est indispensable ?
Oui, c’est essentiel d’avoir quelqu’un de confiance qui nous empêche d’être trop centrés sur nous-mêmes et surtout trop sûrs de nous. Je le vois directement en sortant de scène pour faire un bilan et voir ce que l’on peut retenir. On travaille réellement en tandem. Il peut aimer quelque chose mais ne pas être complaisant pour autant et c’est en grande partie ça qui me permet d’avancer… Travailler en binôme permet de se sortir de toutes les petites obsessions que l’on peut avoir… (rires) C’est un véritable dialogue, une partie de ping-pong.
Un nouveau spectacle mais tu es toujours belge et toujours un peu méchant quand même ?
Belge, c’est sûr mais pour le reste, je te laisserai en juger ! (rires) On est toujours dans la lignée du premier mais cette fois-ci, on a décidé de mettre l’accent sur tous ces petits mensonges qu’on se raconte à soi-même. J’ai d’ailleurs inventé un nouveau concept, le « Loréalisme », qui reprend l’idée du fameux slogan comme quoi on le vaut tous bien ! (rires) On est tous formidables aujourd’hui, on est tous des champions du monde, ou en tous cas, c’est ce qu’on raconte et ce qu’on se raconte ! La vie devient une grande École des fans… Je démonte un peu ce côté-là qui m’agace mais je parle aussi de l’Union européenne, de notre rapport à l’argent…
En dehors de la scène, tu t’es beaucoup consacré à la radio et à la télé…
J’ai fait, c’est vrai, pas mal de chroniques radio et télé, et c’est ce qui m’a permis de traiter l’actualité « chaude » mais, pour la scène, je préfère me consa- crer à des thèmes plus intemporels… La radio exige un travail conséquent mais passionnant. C’est d’ailleurs ce qui est un peu frustrant par rapport à la scène… En direct, on ne peut pas changer ce qu’on dit, on n’a pas la satisfaction d’avoir un second essai le lendemain. Avec le one man, on peut tenter de tendre petit à petit vers une éventuelle perfection…
Ce travail possède le charme de l’artisanat…
Oui, c’est vraiment ce qui me plait le plus. C’est un incroyable plaisir que de partir d’une matière brute et d’arriver à ce que l’on considère comme étant un bon spectacle avec une émotion juste et un déroulé calibré… Il y a un côté un peu « geek »… Je crois que j’aime bien chipoter ! (rires)
En tant que belge, comment expliques-tu que tes compatriotes et toi vous vous sentiez bien en France ?
Il faut être honnête et reconnaître que la France nous a toujours très bien accueillis, peut-être grâce à la bonne image que l’on dégage… En tant que belges, on fait rire assez naturellement, rien qu’à cause de notre accent alors ça ouvre des portes ! Dans l’émission Strip-Tease, par exemple – qui nous invite à suivre la vie de gens marginaux -, un nazi liégeois a dit un jour : « Moi Hitler j’aime bien » avec un bon accent bien de chez nous… C’est horrible et pourtant, dit de but en blanc avec l’accent, c’est tout de même hilarant… Il faut avouer qu’avec un accent allemand, ça n’aurait pas eu du tout le même effet ! (rires) Et puis, au delà de ça, la France est un territoire beaucoup plus vaste que le nôtre qui possède, par conséquent, bien plus de théâtres et donc plus de possibilités de jouer… C’est une chance…
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Julien Weber
Interview parue dans Le Mensuel de l’été 2017 n°383 éditions #1 et #2
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