INTERVIEW
Vincent Dubois Les Bodin’s en interview pour Le Mensuel en 2013 Spectacle Retour au pays
VINCENT DUBOIS
Alias Maria Bodin dans Les Bodin’s
« J’ai une tendresse particulière pour les anciens
et ma Maria est devenue comme une sorte d’héroïne… »
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Partout où il passe, le duo infernal fait un carton depuis de nombreuses années, grâce à vous ! Préférant votre bouche à oreille à l’acharnement télévisuel, Vincent Dubois (photo de droite, à droite) et Jean-Christian Fraiscinet (photo de droite, à gauche) sont de « l’ancien temps ». Ils parcourent les routes, vont à la rencontre
de leurs publics et mettent à l’honneur la vraie vie à travers deux personnages aussi agaçants qu’attendrissants. Maria, esseulée dans sa vieille ferme mais qui n’osera jamais l’avouer à son fils parti vivre à Paris va élaborer tout un stratagème pour attirer de nouveau son rejeton dans ses filets. Une pièce drôle à souhaits qui n’hésite pourtant pas une seconde à nous faire prendre conscience de quelques vérités…
Vincent Dubois (alias Maria Bodin) : Oui, toujours car à chaque fois, c’est réellement différent ! C’est ça la clé de notre métier. Chaque soir, par définition, on remet en cause notre spectacle et je pense que ceux qui ne le font pas doivent être vraiment malheureux car par essence, un spectacle ne peut pas s’enfermer dans la routine. En fin de compte, là où il faut se remettre en question et se motiver, c’est lorsque l’on joue à Paris dans un théâtre pendant un an à l’affiche. En étant tous les jours dans le même lieu et en côtoyant les mêmes gens, il faut aller chercher au fond de soi d’autres motivations, alors qu’en tournée, on n’a aucune raison de se lasser. De plus, malgré la précision de l’écriture, on a des petits moments où l’on peut se permettre de laisser nos personnages se lâcher et on ne s’en prive pas, il y a de quoi faire avec l’actualité ! (rires)
C’est dur à croire comme ça, mais vous êtes Maria Bodin…
Eh oui ! (rires) C’est aussi curieux que la façon dont elle est née ! J’ai commencé en faisant du cabaret, en tant que chanteur guitariste. Et puis, petit à petit, entre chaque chanson, j’ai commencé à parler de personnages typiques que j’avais croisés étant enfant. Maria, au départ, était un personnage parmi tant d’autres et au fur et à mesure, je me suis aperçu que je posais de plus en plus souvent la guitare pour faire parler ce personnage là. J’ai une tendresse particulière pour les anciens et ma Maria est devenue comme une sorte d’héroïne.
Et comment avez-vous eu l’idée de créer son fils ?
Il aura fallu la rencontre de Jean-Christian Fraiscinet pour que naisse sa progéniture. On s’est aperçu qu’en fabriquant un fils à Maria, on pouvait aussi créer des émotions. En réalité, quand on écrit des comédies, il ne faut pas seulement travailler à trouver des gags, il faut aussi penser à humaniser les personnages.
Pourquoi un fils, plutôt qu’un ami, un mari, un frère ?
Avec ses parents, il y a une certaine pudeur et un grand amour. Avec eux, il y a des choses qu’on ne dit pas mais qu’on pense très fort alors qu’avec un amoureux, un ami ou un frangin, on va se livrer plus facilement. Ces non-dits là nous ouvraient de nombreuses portes, un contenu que l’on allait pouvoir distiller au fil du temps, des cicatrices qui s’ouvraient. Dans le dernier spectacle d’ailleurs, Retour au Pays, même si les gens se marrent beaucoup, ils trouvent ça émouvant.
La Maria est une synthèse de personnes rencontrées ?
Au fond de moi, je pense que la première personne qui me l’a inspirée a été ma grand-mère avec qui j’ai passé beaucoup de temps. Il y a aussi eu mon expérience d’ambulancier où j’ai rencontré beaucoup d’anciens et en l’occurrence une mamie qui s’appelait Maria Bonin que j’avais ramassée après un accident de Solex. Ça peut paraître romancé mais c’est la stricte vérité. C’était une petite dame qui avait un caractère à la Tatie Danièle, genre M’a Dalton, a qui on a voulu supprimer son Solex après l’accident. Elle a du se résigner, mais je l’ai vu se rebeller et ça m’a donné énormément d’espoir de réaliser que l’on pouvait encore protester à l’âge de la retraite ! (rires)
Un âge où, comme Maria, on atterrit souvent à la maison de retraite…
Oui ! En plus, elle, elle a simulé pour attirer l’attention et pensant qu’elle perdait la tête, son fils l’a placée. C’est un peu comme Pierre et le Loup. Mais elle va quand même arriver à ses fins, elle est maligne, la Maria ! (rires) La comédie fait qu’on a besoin d’un bourreau et d’une victime comme dans tous les duos de comédie. Dans Laurel et Hardy il y avait celui qui prenait les claques et celui qui les donnait même s’il y existe toujours des moments où le bourreau se fait quand même un peu toucher par la victime.
Maria Bodin est vieille mais pas si déconnectée…
Oui, c’était une volonté de notre part de prendre la situation à contre-pied. Lorsque l’on voit Maria devant son ordinateur en train de chatter sur Facebook, c’est encore un petit clin d’oeil aux anciens. On est parfois surpris de la jeunesse d’esprit dont certains font preuve et à l’opposé, de la vieillesse d’esprit dont certains jeunes souffrent. Elle est assez rock n’ roll finalement la Maria ! (rires) Du coup on s’en aperçoit, on voit arriver des publics de plus en plus variés. En dédicaces, on a même vu une dame de 103 ans qui nous a dit être fan des Bodin’s… C’est vraiment un spectacle de 7 à 103 ans !
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Montage vidéo par Aurélien Didelot
Interview parue dans l’édition n°343 de Décembre 2013
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