INTERVIEW
Viktor Vincent en interview
Bien que l’on observe depuis quelques années que les humoristes ont le vent en poupe, ils ne sont pas les seuls à tirer leur épingle du jeu dans l’univers scénique… Ces derniers temps, en effet, le public a vu naître des spectacles « hybrides » mêlant l’humour qu’il affectionne tant à des pratiques ou des arts vivants qui étaient pour certains tombés en désuétude. Ainsi, la magie et la ventriloquie se sont offert une cure de jouvence pendant que l’hypnose et le mentalisme gagnaient enfin la confiance des gens… Sans aucun pouvoir surnaturel ni trucage, les artistes tels que Viktor Vincent attirent des foules qui rêvent autant d’évasion que de réponses. Dans son dernier spectacle, Les liens invisibles, le mentaliste, lui aussi en recherche perpétuelle de compréhension, va s’attaquer à trois histoires vraies qui n’ont – en tous cas « visiblement » – aucun lien logique et spatio-temporel les unes avec les autres mais qui pourraient nous prouver que le hasard n’existe pas…
Viktor Vincent dans « Les liens invisibles » à Vallauris le 12 octobre • à La Ciotat le 13 octobre • à Puget sur Argens le 08 février
« Un mentaliste est quelqu’un qui écoute ce que disent les gens, même lorsqu’ils ne parlent pas… »
Morgane Las Dit Peisson : Nous avons la chance de réaliser cette interview au Château de Saint Martin…
Viktor Vincent : C’est un lieu magique… Et je ne dis pas ça que pour le vin ! (rires) J’aime énormément jouer en extérieur dans des endroits insolites où la scène semble installée au milieu de nulle part… C’est d’ailleurs une atmosphère que je recherche un peu dans les salles plus conventionnelles où je joue scène nue et manches relevées pour qu’il n’existe rien d’autre que le public, moi et le moment qu’on passe ensemble. Ça me plaît que les spectateurs aient sous les yeux la preuve qu’il ne se passe rien de suspect dans les coulisses ! (rires)
Le mentalisme est littéralement sans filet…
Pendant tout spectacle vivant tout peut arriver, mais c’est vrai que quand le public joue à la fois le rôle de spectateur et d’acteur, c’est un risque qui est décuplé. Les gens présents sont essentiels au bon déroulement du show puisque j’ai besoin d’eux pour réaliser chacun de mes numéros. Je ne joue ni pour eux, ni d’eux mais avec eux, ils sont en quelque sorte une « matière première » dont je dépends complètement mais par chance, tout se passe toujours bien ! (rires) Ils savent qu’on est dans un climat bienveillant alors ils ne craignent pas de monter sur scène…
Ni magie, ni hypnose, qu’est-ce que le mentalisme ?
Le mentalisme c’est un mélange d’astuce, d’illusion, de suggestion, d’observation, de psychologie… C’est la somme de plein de choses rationnelles qui permet de créer quelque chose qui semble absolument irrationnel comme la lecture de pensée ou la prédiction de l’avenir. Malheureusement, il n’y a rien de magique ou de surnaturel là-dedans ! (rires)
Tu écris également des ouvrages sur le sujet…
Oui car les techniques qui servent au mentalisme peuvent servir à aider les gens dans leur vie de tous les jours… Les clefs de la manipulation, Ou comment faire de votre voisin de palier votre esclave dévoué a été écrit dans ce but et pas, évidemment, dans celui de se lancer dans l’esclavagisme moderne ! (rires) C’est intéressant que tout un chacun sache distinguer ces techniques de manipulation ne serait-ce que pour les contourner puisqu’on y est tous confrontés. Des politiques que l’on voit à la télé aux cuisinistes qui frappent à notre porte d’entrée, l’art de la manipulation, à toute proportion gardée, se pratique partout…
Ça exige une attention constante…
Exactement car je dois être à 100% présent et connecté aux gens dans la salle… Quand j’essaye de deviner le prénom auquel pense une personne que je ne connais pas, tous mes sens sont en alerte… La moindre déglutition, le plus petit pincement de lèvres ou le plus infime battement d’oeil va me donner un indice… Un mentaliste est quelqu’un qui écoute ce que disent les gens, même lorsqu’ils ne parlent pas…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Château de St Martin pour le festival Rire en Vignes • Photos Jean Luc Bouazdia
Interview parue dans les éditions n°396 #1, #2 et #3 du mois d’octobre 2018
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