INTERVIEW
Véronique Gallo en interview
C’est après en avoir rêvé toute sa vie et consacré douze années à l’enseignement que Véronique Gallo a fini par choisir de raconter des histoires à un plus large public que celui que lui offrait le cycle supérieur belge… Sur scène depuis 2008, celle que l’on connaît aujourd’hui en grande partie en France grâce à ses vidéos humoristiques sur le quotidien d’une mère de famille nombreuse, n’a rien d’une novice ! À la tête – avec The One Mother Show – Vie de mère – de quatre seuls en scène, d’une pièce de théâtre, d’une série et d’un roman dans lequel elle relate le temps passé aux côtés de sa grand-mère atteinte d’un cancer, le bouillonnant esprit de la quadra ne semble pas, contrairement à son personnage souvent au bord de la crise de nerfs, avoir besoin de beaucoup de repos !
VÉRONIQUE GALLO dans « The One Mother Show – Vie de mère » au festival Perf d’Acteur de Cannes le 19 avril et sur Téva en direct du Cirque Royal de Bruxelles le 17 mai à 20h50
« M’être aventurée seule sur les planches a plus tenu à l’instinct de survie qu’au courage ! »
MORGANE LAS DIT PEISSON : Un passage par la France pour Perf d’Acteur…
VÉRONIQUE GALLO : C’est génial de pouvoir me produire à Performance d’Acteur car c’est un festival de renommée internationale ! C’est un grand honneur pour moi d’y participer surtout que pour nous, belges, c’est un rêve que de jouer en France. On connaît extrêmement bien votre pays, ne serait-ce que grâce à vos chaînes télé que l’on reçoit. On vit, d’une certaine manière, avec votre culture.
Un festival qui fête ses 40 ans prouve qu’on a toujours besoin de rassembler…
Je suis comédienne en Belgique depuis de nombreuses années et j’en suis à mon cinquième spectacle donc même si je fais mes capsules YouTube, je suis profondément convaincue que le véritable bonheur, c’est de rencontrer un public qui lui aussi a besoin, de temps en temps, de lâcher ses écrans pour retrouver de « vrais » gens avec qui partager une expérience.
Vous avez enseigné pendant une dizaine d’années…
C’est ce que je trouve génial dans la vie ! À un moment donné, on se retrouve à vivre plein d’expériences que l’on n’avait jamais imaginées ! Je voulais vraiment enseigner et être une maman qui ait du temps à accorder à ses enfants, alors être professeure était idéal. Ça n’a jamais été un second choix mais un jour, tout à coup, mon désir profond de monter sur les planches s’est réaffirmé… J’ai toujours eu ça au plus profond de moi et il est arrivé un moment où j’ai réalisé que si je ne le faisais pas, j’allais le regretter toute ma vie ! J’ai alors tenté et coup de bol, ça a marché du tonnerre et dès 2012, j’ai pu me consacrer complètement à la comédie ! Avec le recul, je me suis aperçue que ce puzzle faisait sens car chaque petite chose m’a amenée vers une autre…
Un professeur est d’ailleurs quelqu’un qui s’adresse à un public…
C’est en effet dans les salles de classe que j’ai fait mes premières armes car je ne voulais pas être cette prof qui ne donne cours qu’au premier rang ! (rires) Au contraire, je m’étais donné pour mission d’emmener tout le monde avec moi y compris ceux qui n’aimaient pas la littérature alors pour les alpaguer, je cherchais à les faire rire, un peu comme sur scène… (rires)
La grosse différence est qu’un spectateur a choisi de venir…
Ah oui en effet ! (rires) Les élèves décident rarement d’eux-mêmes de venir en cours et c’est d’ailleurs peut-être ça qui est le plus excitant ! L’enseignement n’a pas grand chose à voir avec la matière que l’on tente de transmettre. Ce n’est que du rapport humain donc si on a la patate et qu’on est heureux d’être là, c’est assez communicatif… Bien sûr, j’ai eu des classes plus difficiles que d’autres, mais même si ma matière ne les passionnait pas, elles n’ont pas eu, je crois, l’impression de vivre l’enfer… (rires) Et c’est exactement la même chose avec une partie du public ! Ce sont souvent les mères de famille qui réservent et leurs maris qui suivent alors, quand je me rends compte, en début de spectacle, qu’ils ne sont pas ravis d’être là, rien ne me fait plus plaisir que de les voir rire à la fin ! C’est jouissif de s’apercevoir qu’on a embarqué les gens dans son univers…
Raconter des histoires…
L’écriture occupe une très grande partie de ma vie et, parallèlement à ça, j’ai toujours su que je monterai sur scène un jour ! Vers huit ans je rêvais de théâtre mais, même si à l’adolescence, je me suis beaucoup construite avec Muriel Robin et Guy Bedos, je n’avais jamais vraiment envisagé de m’hasarder dans l’humour ! (rires)
C’est courageux de s’être lancée seule en scène…
Sincèrement, je ne sais pas si c’est vraiment du courage… J’ai la sensation que c’est arrivé à un moment dans ma vie où je n’avais plus le choix… Si je ne l’avais pas fait, je me serais éteinte. M’être aventurée seule sur les planches a plus tenu à l’instinct de survie qu’au courage !
La toute première fois sur scène…
Oh mon Dieu ! Ça c’était quelque chose ! (rires) J’ai failli mourir d’un infarctus avant que ça ne commence et je n’ai pas arrêté de me demander pourquoi je m’infligeais ça ! (rires) Mais, en redescendant de scène, j’ai pris toute l’ampleur du bonheur que je venais de vivre ! Il faut reconnaître que bien qu’il puisse être parfois très dur, c’est un métier extraordinaire qui procure des plaisirs incroyables !
Youtube…
C’était une idée de mes deux grands qui regardaient les vidéos de Cyprien et de Norman et qui savaient que même si j’étais déjà très fière de réussir à travailler en Belgique, j’avais envie de traverser la frontière pour me faire connaître un peu en France. Ils se sont dit, à raison, que le web était la solution mais je vous avoue qu’au tout début, je n’ai pas cru un instant que j’étais capable de faire ça ! (rires) Finalement, j’ai pris un plaisir dingue dans cet exercice et c’est ce projet en lequel je croyais le moins qui m’a le plus apporté !
Kev Adams a été séduit…
Alors ça, ça a aussi été une chouette rencontre ! Il m’a vue jouer lors d’un festival à Marseille et alors que j’étais persuadée que ce que je faisais n’allait pas spécialement lui plaire, il est venu me voir pour me dire qu’il avait l’impression de voir sa mère sur scène ! (rires) Au-delà de l’honneur qu’il m’a fait de me produire et de toutes les portes qu’il m’a ouvertes, sa réaction m’a prouvé qu’on avait tous, parent ou pas, un rapport fort à la maternité…
Vie de mère parle d’un quotidien pas toujours reposant…
(rires) Quand on est parent, on se lève le matin sans savoir ce qui va nous tomber dessus tout au long de la journée ! Et plus vous avez d’enfants, plus vous démultipliez les chances d’incidents ! (rires) En sketch et en vidéo, mes anecdotes font rire toutes les tranches d’âge mais ce qui est également très plaisant, c’est que je reçois de nombreux témoignages de mamans qui déculpabilisent un peu en me voyant ramer joyeusement ! (rires) Si quelques-unes d’entre elles se sentent moins seules face aux petits tracas du quotidien grâce à ça, ce sera une jolie récompense…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Benjoy
Interview à paraître
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