CONCERT

Thomas Mars en interview pour le concert de Phoenix à Cannes !

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« On s’est aperçu que notre relation était vraiment très précieuse… »  Thomas Mars (Phoenix)

 


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Avant de s’envoler pour une tournée américaine, le célèbre quatuor de la French Touch fera une unique halte en Région Sud, le 13 juillet prochain… Une date qui ouvrira les festivités estivales imaginées par la ville de Cannes, sur la Terrasse du Palais des Festivals, et pendant laquelle Phoenix pourra à loisir nous offrir des extraits de son dernier album Alpha Zulu autant que des morceaux issus des 6 opus qui le précèdent… Rencontre avec la « voix » du groupe, Thomas Mars.

 

 


 

 

Thomas Mars en interview pour le concert de Phoenix à Cannes et l’album « Alpha Zulu »

concert / festival / album

 

 

Morgane Las Dit Peisson : Des dates qui s’enchaînent sur des festivals et un concert à Cannes le 13 juillet…

Thomas Mars / Phoenix : J’aime bien, en général, faire des balances, avoir des repères et prendre un peu de temps pour apprivoiser les lieux avant chaque concert et en festival, c’est rarement possible puisqu’on est plusieurs groupes à se succéder. Ça me crée souvent une légère angoisse plutôt saine face à ce petit saut dans le vide… On ne sait pas vraiment ce qui va se passer, mais je crois que ce qui m’aide beaucoup, c’est le fait qu’on soit un groupe. Si je devais le faire seul, ce serait vraiment aussi triste que stressant ! (rires) Vivre ça en bande, ça change tout, ça transforme même les moments désagréables, plus tard, en bons souvenirs.

Le début de la tournée, c’est le moment le peu plus délicat car il faut que le travail que l’on a fait en studio puisse prendre toute son ampleur sur scène ! Ayant commencé il y a environ un an, on s’est délestés de cette inconnue-là.

Et puis, honnêtement, on attend cette date de Cannes avec impatience car elle est hyper importante pour nous ! On adore changer de setlist, de rythme et d’organisation donc Cannes, qui sera un vrai concert en plein air et pas uniquement une partie de soirée, va nous permettre de faire autre chose que ce qu’on propose sur les festivals. On va pouvoir jouer beaucoup plus de morceaux et puis c’est un autre rapport au public présent car ce sont généralement des gens qui connaissent les morceaux un peu plus « pointus » ou plus anciens. Il n’y a pas la peur qu’en jouant 3 morceaux moins médiatisés, ils s’en aillent voir un autre groupe ou manger un sandwich ! (rires)

« Alpha Zulu » est votre 7ème album donc vous avez un vrai répertoire dans lequel piocher… Est-ce que ça fait débat entre vous au moment de choisir ?

En effet, c’est le seul moment où c’est un peu tendu dans le groupe ! (rires) Plus sérieusement, c’est vrai que maintenant, nos 70 morceaux nous offrent une liberté incroyable au moment de mettre sur pied une setlist ! Je me rappelle qu’à nos débuts sur scène, il fallait trouver des combines pour faire durer le plaisir ! (rires) Avec le temps, c’est le problème inverse qui se présente : il faut faire des choix et des concessions… Mais c’est génial, ce n’est qu’un problème d’enfant gâté ça ! (rires)

C’est une belle histoire qui s’écrit année après année et surtout qui dure ! C’est très encourageant de voir que c’est possible de rester soudés aussi longtemps…

Ça fait longtemps en effet qu’on fait de la musique ensemble car on a commencé très jeunes et on s’aperçoit qu’en ce moment, ça frappe inconsciemment un peu plus les gens… Je crois que les nombreuses séparations de groupes comme Daft Punk ou les longues périodes off de certains comme Air ont mis en évidence notre longévité mais pour nous, c’est « facile » de rester ensemble. On a grandi ensemble, on est amis et on n’a pas le projet d’explorer des choses séparément mais on note, surtout depuis la pandémie, que notre fonctionnement est peut-être une exception… À force d’entendre les gens être surpris par notre équilibre à 4 pans, on s’est aperçu que ce n’était pas une normalité et que notre relation était vraiment très précieuse.

Que ce soit face à la disparation de Philippe Zdar ou à pas mal d’autres choses qui nous sont arrivé, on a su rester soudés. Je vois Phoenix comme un noyau dur qui résiste à tout même si j’ai conscience que ça ne durera peut-être pas éternellement non plus… Tous les groupes qui perdurent sont passés par des orages intenses et complexes alors on s’y « prépare » et on se dit qu’un jour, ça risque de nous arriver aussi…

À une époque on l’on surconsomme, où l’on divorce et où l’on zappe très vite les choses et les gens, voir des relations personnelles et professionnelles durables c’est plaisant…

Mais pour nous, la démarche est totalement égoïste ! (rires) En toute honnêteté, je ne me laisse pas, par exemple, l’opportunité d’être « infidèle » car j’ai personnellement tout fait pour ne faire que ça dans ma vie en détruisant le peu d’autres choses pour lesquelles j’avais un potentiel. Je les ai absolument éradiquées afin que la musique soit la seule issue possible… C’était risqué mais comme on était 4 à faire ce saut dans le vide, je n’ai pas vraiment eu peur. On a toujours su ce que l’on voulait faire donc on n’a pas tant de mérite que ça à rester ensemble, on a juste la chance d’avoir toujours envie d’avancer dans la même direction…

De la même manière, à chaque fois qu’on se lance dans un nouvel album, on suit notre instinct et on compose uniquement ce qu’on aimerait entendre… Bon, le paradoxe, c’est que finalement on ne l’écoute jamais puisque c’est le nôtre ! (rires)

« Alpha Zulu », c’est du Phoenix sans être une répétition des précédents albums… Vous avez un langage propre…

Le langage musical est moins mystérieux pour nous que pour un « non-musicien », mais à part Deck qui a eu une formation plus classique, on est tous autodidactes. On a eu l’avantage de ne pas trop connaître l’envers du décor et de ne pas avoir trop de recettes à appliquer dès le départ donc pour nous aussi, c’est intéressant. C’est ça le vrai challenge en termes de longévité, c’est de réussir à garder le mystère de ce langage-là et de se l’approprier pour se créer un langage rien qu’à nous.

D’ailleurs, cette magie de la création m’a souvent rendu curieux d’en savoir plus. Il y a un documentaire de Leonard Bernstein – The Unanswered Question – où il déploie une théorie sur la musique et où il vulgarise parfaitement bien le langage musical en expliquant d’où il vient et comment on arrive à s’en servir pour communiquer et provoquer des émotions.

À un moment, j’ai même eu le sentiment que le mystère se dissipait trop… En réalité, on a envie de savoir et de comprendre mais le plus intéressant dans la création, c’est de jongler avec ces éléments-là tout en conservant une forme d’inconscient collectif… Si on calcule trop ce qu’on fait, ça perd énormément de son intérêt…

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos Emma Picq / Juillet 2023

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