CINÉMA
Strange way of life au cinéma : un magistral court-métrage Western Queer de Pedro Almodóvar
Strange Way of Life
cinéma / western
- sortie nationale > 16 août 2023
Strange Way of Life : Désir et sensualité en plein Far West
C’est l’histoire d’un « western d’amour » ! Avec Strange Way of Life, le réalisateur Pedro Almodóvar tente de conjuguer ces deux mots diamétralement opposés. Si une histoire d’amour peut effectivement avoir lieu dans ce genre éminemment masculin, elle est souvent reléguée au rang d’accessoire à la narration principale. Ici, elle est l’épicentre du film, avec un très grand supplément d’âme(our) puisque la passion se déploie entre deux ex-tueurs à gages d’âge mûr…
Porté par deux stars du cinéma outre-atlantique (Ethan Hawke et Pedro Pascal), Strange Way of Life est le deuxième film en anglais du réalisateur espagnol, qui s’est emparé de tous les codes du western hollywoodien… avant de les passer à la moulinette des clichés des années 2020 ! Il prend pour toile de fond de cette romance, un genre cinématographique hautement viriliste et saisit les spectateurs à contre-pied. D’autant qu’il avait commencé par désarçonner le public du Festival de Cannes en présentant cette année, cette œuvre en format court-métrage.
Dans Strange Way of Life, on ne trouvera aucune scène explicite pourtant, l’expression du désir et de la pulsion y est omniprésente ! C’est là que le grand réalisateur espagnol dévoile la dernière feinte de son film : avoir choisi deux acteurs dont la somme des âges frôle le siècle. S’il est facile de faire transpirer la sensualité en filmant de beaux corps jeunes, lorsque les anatomies ne sont plus impeccables – d’autant qu’elles ne sont jamais dévoilées -, tout réside alors dans le jeu d’acteurs, les dialogues et dans la mise en scène pour faire monter la fièvre.
Si le parallèle avec le film Le Secret de Brokeback Mountain (2005) semble évident, Strange Way of Life s’en détache nettement, notamment par l’attention portée à l’esthétique de l’image. Financé par la maison de couture Yves Saint Laurent, le court-métrage est une ode à la séduction jusque dans les moindres détails. Point de poussière et point de boue, les personnages habillés par le directeur artistique Anthony Vaccarello restent impeccables. Extérieurement, rien ne bouge. Tout est dans l’intime.
Même si Almodóvar explose littéralement tout ce qui faisait la gloire du western, il le fait avec nuance et subtilité. Alors, finalement, bien que le film ne dure que 31 minutes, il vous faudra certainement le voir plusieurs fois pour capter tous les indices d’une transgression cinématographique osée, témoin d’une évolution de la société !
© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / Photo DR / été 2023
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