INTERVIEW

Stéphanie Bédard

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Stéphanie Bédard


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en interview 

STÉPHANIE BÉDARD
est Marianne dans le spectacle musical Robin des Bois
   

 À Marseille du 03 au 06 avril 2014
À Nice du 11 au 13 avril 2014

« Mon arrivée en France n’avait pas été prévue mais elle a changé ma vie

en me faisant rencontrer les bonnes personnes au bon moment… »

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C’est en Marianne guerrière, courageuse et généreuse que Stéphanie Bédard a conquis le public parisien pendant plusieurs mois dans le spectacle musical Robin des Bois, aux côtés de M Pokora, avant de parcourir les routes de France pour une tournée qui se joue pratiquement à guichets fermés. Un succès donc pour un scénario audacieux qui propose une suite originale des aventures des héros de notre enfance…

 

stephanie-bedard-interview-le-mensuel-2014-robin-des-bois-m-pokora-CMorgane L : J’ai failli t’appeler Marianne…

Stéphanie Bédard : Oui on pourrait presque m’appeler Marianne maintenant ! (rires) D’autant que ça faciliterait bien des choses pendant la tournée puisqu’on est deux Stéphanie dans la troupe.

La tournée, qui vous amènera à Nice et à Marseille, vient justement de débuter… Comment se passe-t-elle ?

Ça se passe merveilleusement bien ! On n’aurait pas pu rêver mieux ! Le spectacle est super bien accueilli par les gens partout où l’on va et j’avoue que c’est le paradis pour moi de visiter la France, pour la toute première fois de ma vie, dans un tel contexte.

Se produire en tournée est aussi agréable que de jouer sur la capitale ?

C’est un plaisir différent évidemment mais c’est tout aussi euphorisant. Par contre la tournée offre l’occasion de voyager pour rencontrer plein de gens différents qui n’ont pas tous pu se permettre de venir voir le spectacle quand il se jouait sur Paris.

Vivre l’expérience de la tournée et partir sur les routes avec la troupe permet d’apprendre à cohabiter ?

Finalement, après les dates parisiennes, nous nous sommes aperçus que l’on avait beaucoup vécu ensemble et que l’on avait appris à vraiment bien se connaître. Par contre, Paris et la tournée sont deux expériences complètement différentes. Quand on est sur Paris pendant plusieurs mois, on finit par avoir nos petites habitudes, nos loges et surtout, beaucoup d’entre nous peuvent rentrer chez eux tous les soirs. La tournée, finalement, est « anti-routinière » et ça fait du bien, ça nous remet un peu en « danger ».

Tu es québécoise alors comment t’es venue l’idée de venir en France il y a plus de deux ans ?

Je suis venue en France un peu par hasard, ce n’était vraiment pas planifié. J’ai rencontré un des « rechercheurs », Emmanuel Giraud, qui travaillait sur le projet The Voice et qui m’a dit qu’un gros truc se préparait en France. Il m’a demandé de lui envoyer quelques vidéos avec des chansons sans me donner beaucoup de détails et quelques mois plus tard, il m’a rappelée en me disant de partir pour Paris car j’avais été sélectionnée pour l’émission. Je connaissais à peine la version américaine, j’en avais tout juste entendu parler. Je suis donc venue en France mais j’ai été éliminée le même jour que Sacha Tran qui interprète le rôle d’Adrien, mon fils, dans le spectacle. Malgré ça, le directeur du casting de The Voice mais aussi de Robin des Bois, Bruno Berberes, m’a demandé de rester un peu plus longtemps sur Paris afin de passer une audition pour le rôle de Marianne. Mais ce n’est pas pour autant que ça a été plus facile pour moi que pour quelqu’un d’autre. Nous avons tous été logés à la même enseigne et j’ai donc passé un deuxième puis un troisième, puis un quatrième casting qui se sont étalés sur six mois. J’ai eu la chance d’obtenir le rôle et d’apprendre la bonne nouvelle la veille de mes 30 ans… Ça a été un superbe cadeau d’anniversaire ! Mon arrivée en France n’avait pas été prévue mais elle a changé ma vie en me faisant rencontrer les bonnes personnes au bon moment.

Même si tout se passe à merveille pour toi ici en France, le Québec ne te manque pas un peu ?

Je n’y suis retournée qu’une fois, après les dates parisiennes et je n’ai pu y rester que deux semaines… J’étais bloquée à Paris depuis juillet… Oui, ça me manque énormément. Ceux qui ont 20 ans s’adaptent en général plus facilement mais moi, à 31 ans, j’avais automatiquement des ancrages plus importants, mes petits repères… Ça m’a pris du temps de m’adapter à Paris, de me faire de nouveaux amis et maintenant que c’est fait, j’ai déjà de la peine à l’idée que fin juin, la tournée s’arrêtera.

Ce qui est surprenant, c‘est que tu as pris le risque de venir sur Paris sans avoir de certitudes alors qu’au Québec, tu travaillais déjà comme artiste… Tu as eu un pressentiment ou tu es aventurière ?

C’est drôle car à mon dernier casting, en faisant des essais avec toute l’équipe, il y avait Frédéric Chateau et Antoine Angelelli et je me rappelle avoir eu un sentiment un peu étrange. J’ai senti que tout le monde avait la même vision, qu’on était tous là, au bon endroit, au bon moment. Quand ils m’ont dit que si je le désirais, j’avais le rôle, j’ai pris un taxi pour revenir à l’hôtel et j’ai téléphoné à ma mère. Je pleurais… Je savais pertinemment que je ne pouvais pas dire non, mais en même temps, je me rendais compte que je laissais beaucoup de choses derrière moi. Je crois que jusqu’à aujourd’hui, c’est le plus important choix, le plus gros sacrifice que j’ai eu à faire dans ma carrière même si j’étais profondément heureuse d’avoir eu le rôle.

C’est dur d’être loin des gens qu’on aime…

Oui… Que ce soit à une heure ou à six mille kilomètres, lorsque l’on n’a pas la proximité des gens qu’on aime, lorsqu’on ne peut pas les voir quand on en a envie, lorsqu’on ne peut pas les serrer dans ses bras, c’est difficile. Heureusement qu’aujourd’hui, le téléphone ne coûte plus grand chose, que l’on a internet… Il y a quinze ans, ça aurait été totalement différent ! On a une chance extraordinaire à notre époque. Mes amis me suivent sur Facebook et ils ont l’impression de vivre l’aventure avec moi.

Tu n’as eu aucune hésitation en te lançant dans l’aventure « Robin des Bois » ? Tu t’es tout de suite sentie capable d’endosser ce rôle qui nous conduit dans une suite de l’histoire de « Robin des Bois » que l’on connaît ? Marianne est maintenant maman d’un jeune homme de quinze ans, donc ça implique un certain jeu d’acteur…

Oui et pourtant je pourrais être la mère d’un jeune homme de quinze ans, les femmes à l’époque avaient des enfants très tôt, ça peut désormais nous paraître illogiquestephanie-bedard-interview-le-mensuel-2014-robin-des-bois-m-pokora-D mais à l’époque c’était très courant. Du coup, Marianne est un personnage magnifique, un personnage riche à jouer ! C’est une femme forte malgré ses soucis, elle protège les exclus, elle materne un peu tout le monde et en même temps, elle possède cette force qui fait d’elle une fédératrice. C’est un rôle très fort. Robin des Bois est plus un spectacle musical qu’une comédie musicale, je n’ai pas eu dix pages de texte à apprendre alors c’est dans l’interprétation des chansons que j’ai dû faire évoluer le personnage. C’est là qu’était le vrai défi. Par chanson, tu as un ou deux états d’âme à faire passer, ça ne change pas au gré du texte. Il faut arriver à faire passer un message global dans chaque chanson. C’est une manière différente de jouer.

La Marianne du « Robin des Bois » de Walt Disney, la petite renarde, était une petite délicate, ingénue qui évoluait au contact de Robin…

Oui, dans cette version là, elle ne partait pas de la forêt, elle avait son gentil caractère. Dans notre version c’est différent, elle a vécu quinze ans dans la forêt et elle s’est un peu endurcie… Je n’arrive pas à camper Marianne en clignant autant des yeux que la petite renarde ! (rires)

Je suppose que tu dois avoir des moments de faiblesse et de douceur, même si tu es une Marianne un peu plus guerrière que dans le dessin animé ? Tu es un peu le double de « Robin des Bois » au féminin, une « Robine » ?

(rires) Oui on peut dire ça comme ça ! C’est presque dommage de ne pas avoir pu changer de nom ! (rires) Marianne est un personnage très riche mais comme il y a de nombreux tableaux dans le spectacle, elle n’a finalement pas suffisamment de présence pour pouvoir exposer toutes ses facettes. Dans le premier tableau qui ouvre le show, je fais vraiment ressortir son aspect guerrier mais lorsqu’elle se retrouve avec Robin, je peux alors exploiter toute sa douceur. Je peux vraiment jouer sur l’ambivalence de Marianne mais, par manque de temps sur scène, je ne peux pas me permettre d’être entre les deux, c’est soit l’une soit l’autre. Par contre, c’est vrai que j’aime bien ouvrir le show en guerrière car ça surprend le public ! (rires)

On a une Marianne maman célibataire, c’était une volonté de la part des créateurs de la moderniser de cette manière là et d’ouvrir un dialogue sur la femme ?

J’avoue que je ne sais pas trop… Je crois que l’intention première était plus de marquer le fait que Robin et Marianne ont été séparés pendant des années pour ajouter une notion dramatique à l’histoire. Si Robin avait su qu’il avait un enfant, il serait resté avec Marianne et il n’aurait pas pu faire son travail, combattre les injustices et aider et les pauvres. Marianne ne voulait pas empêcher les gens dans le besoin de bénéficier des actions entreprises par Robin. Je crois qu’elle a voulu l’éloigner d’elle pour cette raison, ce qui fait qu’elle s’est sacrifiée pour le bien des autres.

C’est une femme au grand coeur qui est capable d’oublier son propre bonheur, celui de son fils et de l’homme qu’elle aime pour le bien du plus grand nombre ?

Oui, je ne sais pas si moi j’en serais capable, mais elle oui ! (rires) En même temps, elle n’est pas complètement seule puisqu’elle a toute sa bande d’exclus à ses côtés. Elle est très maternelle avec eux quitte à s’oublier elle-même.

Et je suppose qu’on va la voir évoluer pendant tout le spectacle. Au départ elle est séparée de Robin mais le sort fera qu’elle sera dans l’obligation de lui avouer qu’ils ont eu un fils…

Oui, elle a beau être forte, en voyant que son fils, Adrien, est prisonnier, elle va devoir appeler Robin et tous ses compagnons pour le faire libérer. En réalité, Adrien a été
emprisonné car il est tombé amoureux de la fille du Shérif de Nottingham. Ça fait un peu « Roméo et Juliette » mais ça rappelle aussi l’histoire même de Marianne et Robin. Elle a toujours bien élevé son fils mais elle lui a surtout enseigné de suivre la voie de son coeur… et c’est ce qu’il fait !

Pour nous qui n’avons pas encore vu le spectacle mais qui attendons de pied ferme votre arrivée en avril, que peux-tu nous révéler sur la mise en scène, elle doit être grandiose ?

Oui, je dois avouer que dans ce domaine là, comme dans bien d’autres d’ailleurs, on a eu la chance d’avoir beaucoup de moyens ! (rires) Les tableaux sont sincèrement exceptionnels ! J’ai eu le privilège de pouvoir voir le show une fois lorsque ma doublure a dû le faire pour s’entraîner et je peux affirmer en toute objectivité que c’est magnifique grâce aux éclairages, aux décors, aux costumes, aux coiffures, aux maquillages et à la cinquantaine d’artistes sur scène ! Il y a des acrobates, des boys, ça saute de partout, les danseurs sont exceptionnels ! Il y a même un tableau qui m’a donné des frissons tellement c’était grandiose ! (rires) Ce n’est pas une comédie musicale dans laquelle les chanteurs sont stars, ils font partie d’un tout et on se retrouve inévitablement tous sur la même ligne. Ça fait un ensemble très riche.

Je présume qu’on est dans le décor de la forêt de Sherwood…

Oui même si certains décors sont assez « abstraits », on retrouve bien l’atmosphère de cette époque là grâce à des procédés très modernes.

C’est une grande première pour toi de faire partie d’un si grand spectacle ?

Oui ! (rires) J’ai déjà fait des comédies musicales au Québec mais pas avec autant de moyens et de succès, donc oui, c’est réellement la première fois.

Ce doit être à la fois merveilleux et angoissant car c’est à la fois un confort extrême et un enjeu colossal pour les producteurs ?

Oui, en fait je suis déjà très douée pour me mettre énormément de pression toute seule sur les épaules, alors l’ampleur du projet n’a fait que me donner de la matière supplémentaire ! (rires) C’est surtout la dernière semaine avant la première que tout le monde était très stressé parce que tout n’était pas encore prêt. L’acte deux n’était toujours pas terminé à trois jours de la première, il y avait toujours des petits incidents, des trucs qui foiraient, du manque de temps qui faisait qu’on ne pouvait jamais enchaîner l’acte un et l’acte deux dans la foulée et si je me souviens bien, on n’avait jamais fait les deux actes à la suite. On était stressé à l’idée de ne pas y arriver le soir de la Première… Mais ça a été tellement rapide qu’on n’a pas eu le temps de bien réaliser. On avait le trac mais on était tellement occupés à gérer notre temps, les répèts, aller manger, préparer les maquillages et les costumes… Habituellement, pendant la période de répétitions, on avait tout le temps nécessaire pour se changer, mais là il fallait tout faire très vite et on avait donc moins le temps pour se concentrer sur notre stress. C’est souvent comme ça finalement et je crois que ce n’est pas plus mal ! (rires)

Le fait d’interpréter un rôle chaque soir, de jouer la même chose, d’être en costumes, ce doit être quelque chose de très spécial pour un chanteur, ça t’attirait particulièrement ou ça a été une vraie découverte ?

Pour être franche, à l’origine, j’aimais bien les comédies musicales sans en être fan non plus. Je ne cherche pas absolument à aller les voir quand elles sortent, mais quand l’occasion s’y prête, j’aime bien. J’en ai déjà fait auparavant et cette expérience, n’a fait que me prouver que c’est énormément de travail. Au Québec, je n’ai pas encore sorti d’album donc c’est sûr que si on me propose un nouveau rôle, je ne dirai pas non alors que pour moi, accepter de me lancer dans Robin des Bois en voyant toutes les dates prévues, c’était un réel défi. Il y en avait déjà beaucoup de prévues avant même de commencer, un minimum de 90 shows je crois, et je n’avais pas l’habitude d’en faire autant.

stephanie-bedard-interview-le-mensuel-2014-robin-des-bois-m-pokora-EChez nous, quand on fait un « hit », un super succès, si on en fait 40, c’est déjà énorme. Ici il faut réussir à rendre le personnage intéressant tous les soirs. On a nos états d’âme tous les jours, notre fatigue, on ne le fait jamais de la même façon. Il y a des jours où, comme dans n’importe quel métier, ça ne nous dit rien du tout mais il faut réussir à ne pas le faire ressentir sur scène… C’est ça le défi ! Les spectateurs paient le même prix tous les soirs et eux, contrairement à nous, le voient pour la première fois alors il ne faut pas les décevoir et il faut trouver le moyen de le faire différemment à chaque représentation tout en ayant une Marianne presque identique tous les soirs.

C’est aussi très fatiguant en particulier pour les cordes vocales qui sont mises à rude épreuve chaque jour…

C’est une question d’entraînement mais c’est vrai que nos voix ne sont pas épargnées. Par contre, moi, j’ai de la chance d’avoir de très belles chansons qui ne nécessitent pas contrairement aux mecs, de montées de cordes à la chaine…

Il faut bien que de temps en temps on ait des avantages…

C’est sûr ! (rires) C’est de l’entraînement, à force de le faire tous les soirs, on connaît notre corps, on sait comment il réagit, mais ça reste avant tout une hygiène de vie. Quand tu sens que tu es moins en forme, tu évites de faire la fête jusqu’à quatre heures du matin. Tu dors au maximum, tu bois beaucoup d’eau… Vocalement, dans mes chansons, je n’ai pas de grosses performances vocales à assurer donc même si je tombe malade, j’arrive à faire des choses mais ce n’est malheureusement pas le cas pour tout le monde car certains ont des chansons bien plus difficiles. Et quand il y a des gens malades dans la troupe, il y a une règle d’or : on ne fait de bisous à personne pour éviter l’hécatombe sur scène !

Avant de te quitter, tu m’as parlé d’album solo… Tu y penses ou c’est un peu de côté pour le moment ?

Non j’ai déjà un peu commencé à travailler dessus parce qu’il faut bien prévoir « l’après » Robin des Bois. On est vraiment au tout début du processus, j’ai quelques chansons de faites. Ça fait quand même 14 ans que je fais ce métier en touchant un peu à tout. Je suis bien dans différents domaines mais il faut que je trouve dans quoi je veux évoluer, dans quoi je serai certaine d’être bien et à l’aise dans les prochaines années. On est à la recherche du son que j’aime… En ce qui concerne l’album, on va le faire à Québec en octobre. Je voudrais aussi en faire un ici dès que possible parce que j’ai vraiment des trucs à dire et j’ai vraiment hâte de pouvoir les dire en proposant ma propre musique.

Justement, ta musique à toi, c’est quoi ? Parce que nous, on ne te connaît que par une musique qui n’est pas la tienne…

Ce n’est pas exactement la mienne effectivement mais je suis heureuse d’y goûter ! Ma musique à moi est beaucoup plus rock. D’ailleurs, avant Marianne, j’avais les cheveux rouges, très courts, et j’ai toujours aimé faire des trucs un peu plus en dehors de la marge, un peu « rock sale ».

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Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Interview parue dans l’édition n°346 de mars 2014
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