INTERVIEW
Raphaël Mezrahi en interview
Découvert par le grand public dans les années 90 grâce à ses fameuses interviews décalées – pour ne pas dire ratées – qui exigeaient autant de préparation que de capacité d’improvisation, Raphaël Mezrahi, à cause de son jeu si bien maîtrisé, a fini par faire oublier à beaucoup qu’il s’agissait là uniquement d’un travail de comédien… En tant que journaliste de formation, sa démarche n’a d’ailleurs certainement pas été plus facile que de faire chanter faux un chanteur d’opéra ! Véritable acteur donc plus que simple trublion, le plus célèbre des intervieweurs a toute sa place sur scène où il interprète en ce moment son tout nouveau seul en scène, Ma grand-mère vous adore…
DVD « Les cultes mais pas que… » paru le 05 décembre 2017
One-man-show « Ma grand-mère vous adore » à Paris du 16 décembre 2017 au 13 janvier 2018
« Il faut être sûr de soi… »
Morgane Las Dit Peisson : Votre nouveau coffret DVD Les cultes mais pas que… devrait donner des idées au Père Noël…
Raphaël Mezrahi : Ce n’est pas moi qui le dis ! (rires) Et l’avantage avec ce DVD d’interviews, c’est qu’on sait exactement ce qu’on achète, il n’y a pas de tromperie sur la marchandise ! La grande différence avec ce que les gens ont vu il y a quelques années, c’est la qualité des images puisqu’on a tout retravaillé et remasterisé en 16/9. C’est un boulot de dingue car il ne s’agit pas d’agrandir le cadre en en coupant un morceau mais de soigner chaque image pour que les regards et tout ce qui est essentiel dans la scène soient au centre. J’ai pris les meilleurs techniciens et le rendu est phénoménal, on a l’impression que ça vient d’être tourné.
Un travail conséquent donc…
Ça a été assez long en effet car au maximum, on pouvait traiter trois interviews par jour et on en a sélectionnées 65… Ça n’a pas l’air comme ça car j’ai un peu une image de branleur aux yeux de beaucoup, mais je suis un ayatollah du boulot ! (rires) J’adore la technique, j’aime toucher à tout et m’occuper, quand je suis sur un projet, d’un peu tous les aspects. Quand je fais La nuit de la déprime par exemple, en n’exagérant presque pas, on est 4 au lieu des 80 qui nécessaires donc ça oblige à être actif, inventif et débrouillard. En réalité, j’ai besoin de faire plein de choses car je m’ennuie toujours…
L’ennui pousse à inventer…
Enfin quelqu’un qui me comprend ! (rires) C’est tout à fait vrai, on le voit aujourd’hui avec les enfants que l’on occupe tout le temps… On les inscrit à des tonnes d’activités, on leur achète plus de choses qu’ils n’en veulent et du coup, ils ont tout sous la main, ils n’ont plus besoin de rêver et surtout, ils n’ont plus de temps pour s’ennuyer, chercher des idées pour combattre cet ennui et créer des jeux, des histoires, des univers…
Quand vous avez eu cette idée d’interviews ratées, il fallait que vous soyiez sûr de vous, surtout face à un Jean-Pierre Castaldi…
Dans la vie, il faut être sûr de soi, toujours, sinon on n’arrive à rien ! Pour preuve, les plus grands escrocs sont sûrs d’eux ! Quand je monte sur scène, je sais que je maîtrise tellement mon job qu’il ne peut rien m’arriver. Si ce n’était pas le cas, je serais un kamikaze ! J’ai besoin que tout ce que je fais soit archi maîtrisé.
On retrouve dans le coffret des artistes qui ont disparu comme Darry Cowl ou Jacques Villeret…
J’ai choisi des rencontres marquantes et des gens que j’admirais en effet comme Darry Cowl et Jacques Villeret qui étaient tous les deux des génies. La grande chance que j’ai eu dans la vie, c’est d’avoir côtoyé ces gens là… Certains sont même devenus des potes comme Jacques Dutronc, Eddy Mitchell ou Renaud…
Mais on a également Nabilla…
(rires) Grâce à elle, j’ai pu me reglisser dans la peau de Hugues Delatte car si je ne la connaissais pas plus que ça, elle, ne savait pas du tout qui j’étais ! Ou si elle a joué la comédie en me voyant, il faut absolument qu’elle aille tout de suite à Hollywood chercher un Oscar ! (rires) Je lui ai montré des vidéos de Julien Clerc et elle ne savait pas non plus qui il était, j’ai trouvé ça génial ! Elle est vraiment marrante, c’est une personnalité qui semble débarquer d’une autre planète !
Vous ne regrettez jamais, qu’en dehors de Nabilla, vous ne puissiez plus piéger personne ?
Sincèrement, c’était amusant de le refaire mais ce n’est pas ce que je recherche au quotidien. C’est vrai que les gens me reconnaissent mais si j’avais été belge, j’aurais pu devenir une star ! (rires) On a le droit d’être décalé quand on est belge, c’est même un critère de qualité et on est directement considéré comme drôle et sympathique alors qu’en France, si on est un chouia différent, on est anormal…
Le 12 février aura lieu le festival La nuit de la déprime…
Logiquement, on devrait avoir Nolwenn Leroy, Grégoire et, entre autres, Jean-François Zygel. Je crois que l’idée plait à ces artistes parce que là encore, elle est décalée. Aujourd’hui ils sont toujours invités dans des émissions très consensuelles et sans aucune originalité alors faire quelque chose qui sort des sentiers battus, ça les interpelle.
Vous êtes également sur scène en ce moment dans Ma grand-mère vous adore…
Un jour, une fille sublime avec des jambes qui n’en finissaient plus, s’est approchée de moi pour me dire que sa grand-mère m’adorait… La garce ! (rires) La situation m’a tellement fait rire que j’en ai fait le titre de mon spectacle. Ça me plaît vraiment de partir sur les routes et de voir les gens. En général, j’essaye d’arriver quelques heures avant de monter sur scène pour pouvoir filmer un petit doc sur la ville où je joue et que je diffuse le soir même sur scène. Le public adore car certains reconnaissent leurs proches… C’est un one man qui présente les coulisses de la vie comme personne n’ose la montrer mais aussi les coulisses de la télé… En gros, je parle de tout ce qui me fait marrer…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Jeff Lanet Comédie+
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