INTERVIEW
Patrick Bruel en interview
S’il y a bien une chose que l’on ne peut pas reprocher à Patrick Bruel, c’est de ne pas se donner à fond ! Capable d’assurer des shows de presque trois heures chaque soir et de tourner – en compagnie de Fabrice Luchini – le film « Le meilleur reste à venir » au moment de la sortie de son album « Ce soir on sort… », le tout après avoir emmené vers la Médaille d’or l’huile d’olive de son Domaine de Léos et avoir créé à partir de celle-ci un chocolat en collaboration avec l’un des plus grands chefs français ; l’auteur-compositeur-interprète toujours aussi infatigable et passionné après une trentaine d’années de carrière réussit même à séduire une jeune génération qui se presse désormais dans ses salles aux côtés des fidèles de toujours…
« Je suis resté un grand enfant ! »
MORGANE LAS DIT PEISSON : Sur scène, on est loin d’un concert « solo »…
PATRICK BRUEL : C’est vraiment comme ça que je le vois. Pour moi, sur scène, je ne me sens pas comme un chanteur accompagné de musiciens mais réellement comme un membre d’un groupe. On travaille ensemble depuis des années, on se connaît à la perfection, on se soutient, on se regarde, on joue vraiment – au sens premier du terme – comme des enfants ! (rires) On fait de la musique, on se complète et surtout on s’éclate ! Je pense que si les concerts fonctionnent aussi bien, c’est que le public ressent que notre démarche est sincère…
Tu as en permanence un vrai sourire de gosse…
Oui, je suis resté un grand enfant ! (rires) Je crois que j’ai réussi à conserver une capacité d’émerveillement assez intacte et c’est pour ça que j’ai tout le temps l’air « tout content » comme un gamin ! (rires) Sur scène, on ne peut pas mentir, ou en tous cas pas longtemps, alors je peux te garantir que le sourire que j’affiche en permanence n’est pas forcé ! Quand je vois le public dans la salle, après 30 ans de carrière, je n’en reviens pas qu’il soit toujours là, aussi fidèle, bienveillant et nombreux mais en même temps, je réalise la chance que j’ai et je la savoure pleinement chaque soir… C’est extrêmement difficile de trouver les mots justes pour décrire le bonheur qu’une telle expérience peut procurer mais je peux t’assurer que je suis un artiste aussi comblé qu’il en a l’air…
Un répertoire dense…
Quand on arrive à bientôt dix albums, ça devient compliqué de faire des choix alors on opte pour les derniers morceaux bien sûr, les incontournables que l’on sait attendus par le public et puis, on se fait plaisir avec quelques titres parfois moins connus mais qu’on aime énormément… Je pense par exemple à Est-ce que tu danseras avec moi ? C’est une très jolie chanson avec un solo de guitare absolument magnifique que je suis ravi d’avoir pu intégrer dans la setlist car ça permet de la faire découvrir à beaucoup de gens. Le troisième album dont elle est extraite est, selon moi, fantastique ! Très rock avec de somptueuses ballades et des paroles puissantes… Ça représente une autre facette de mon travail mais aussi de ma personnalité…
FInalement « peu » d’albums en 30 ans de carrière…
C’est vrai que je n’ai sorti finalement que neuf albums d’inédits et deux de reprises en 30 ans alors que j’ai beaucoup de titres qui dorment ! (rires) Dès que j’ai miraculeusement un peu de temps libre et que je tombe sur un piano ou une guitare, je ne peux pas m’empêcher de composer ! Je dois en avoir 300 par téléphone… Pour les sortir il faudrait que j’abandonne le cinéma mais c’est un choix à faire qui serait au-dessus de mes forces !
Ton secret pour tout réussir ?
Mais j’aimerais bien tout réussir ! (rires) C’est surtout que j’entreprends plein de choses et que dans le lot, certaines reçoivent pas mal de suffrages médiatiques alors ça donne l’impression que je suis doué en tout ! (rires) Mais s’il y a un secret, je crois que c’est tout simplement de s’intéresser, d’être curieux et de s’amuser… Quand je prends une participation dans un restaurant, c’est parce que j’y crois et que j’ai envie de le voir se développer, quand je fais de l’huile d’olive c’est pour qu’elle devienne la meilleure, quand je travaille sur un chocolat avec Alain Ducasse c’est pour atteindre la perfection, quand je joue au poker, j’essaye d’être champion du monde et même quand je joue à la pétanque, c’est pour remporter un tournoi ! J’ai le goût du challenge mais par-dessus tout celui du travail bien fait alors j’essaye toujours de donner – comme c’est le cas sur scène – le meilleur de moi-même…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Festival du Château de Solliès-Pont • Photos Pixeline Photographie & Sandrine Gomez
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