INTERVIEW
Patrice en interview
Militant, engagé et désireux de contribuer à améliorer le Monde, l’artiste Patrice n’en est pas pour autant devenu un extrêmiste du genre, intolérant ou insupportable comme certains bien-pensants tendent souvent à le devenir. Conscient que beaucoup de choses doivent changer mais que seuls le temps et la bonne volonté de chacun pourront y contribuer, c’est à travers des titres pleins de bon sens comme We are the future in the present que le chanteur à la musique aussi libre que métissée compte bien apporter sa pierre à l’édifice…
« THE BIG REGGAE FESTIVAL »
À Juan les Pins le 11 juillet 2017
On n’est plus, contrairement à ce qu’une poignée de gens a encore l’air de penser, dans un monde cloisonné…
On te reverra cet été au Big Reggae Festival…
Patrice : Oui et je pense que ce sera très sympa car ce sera une date en plein air que l’on partagera avec plusieurs autres artistes comme Danakil, Israel Vibration ou encore Jahneration. Ça se prépare différem- ment d’un concert solo habituel en salle fermée car c’est moins intimiste mais encore plus festif !
Avec ton dernier album Life’s Blood, on retrouve le style « sweggae » que tu as toi-même défini…
Le sweggae m’a permis de mettre un mot sur un style musical que je pratique de façon instinctive… Je n’ai jamais calculé ce que j’allais jouer, je fais de la musique comme je le sens au moment de la composition et je ne m’interdis aucun mélange de genres. Ça donne les morceaux que je propose depuis plusieurs années mais les gens, et en particulier les médias, ont besoin de mettre des mots sur tout ça ! D’où la création du sweggae ! (rires) Au début, c’était une blague que j’ai sortie à force de ne pas savoir quoi répondre mais c’est finalement resté, les gens m’ont pris au sérieux ! Je comprends qu’il existe des cases mais personnellement, je n’aime pas être enfermé… L’unique chose qui compte pour moi, c’est l’authenticité. Ma musique est ce que je suis, c’est un métissage de cultures car je ne considère pas les gens qui se trouvent au- delà de « mes » frontières comme des étrangers. Mes compositions sont le reflet de ma nature.
Après bientôt 20 ans de carrière, comment arrive- t-on à toujours se renouveler à chaque fois ?
C’est à la fois un besoin naturel et un véritable travail de recherche… J’essaye constamment de faire les choses différemment en me remettant moi-même beaucoup en question. Je me demande pourquoi je suis en train de faire telle ou telle chose ou pourquoi je la fais de telle ou telle manière mais je crois que ce qui m’anime le plus et me pousse toujours plus en avant, c’est ma passion pour la culture mais aussi pour les nouvelles générations qui nous incitent, tout natuellement, à évoluer et à apprendre. Il ne faut jamais se sentir trop sûr de soi car c’est là qu’on stagne ! D’ailleurs, la musique n’est qu’une somme de toutes les expérimentations faites en amont. Et puis, n’étant pas un grand fan de la routine, ne pas refaire en boucle le même style de morceaux ou d’albums me fait le plus grand bien ! (rires)
Du coup, ça crée un répertoire très vaste…
C’est vrai qu’à force de ne jamais reproduire la même chose, d’albums en albums et de titres en titres, on se retrouve avec un répertoire assez large. Sur l’album Life’s Blood par exemple, cohabitent du reggae et de l’electro mais aussi un titre au piano. Ça donne, je crois, un ensemble assez mélodieux et peut-être un peu plus riche qu’un reggae habituel…
Les styles se marient très naturellement…
J’ai l’impression que ça correspond pas mal à ce que je suis en tant qu’être humain. Je suis Allemand de naissance, je vis entre New-York, Paris et Cologne, je parle les trois langues – ou en tous cas j’essaie (rires) – et, avec le recul, je me rends compte que mon style musical correspond bien à cette mixité qui existe dans mon quotidien. On n’est plus, contrairement à ce qu’une poignée de gens a encore l’air de penser, dans un monde cloisonné…
Cette thématique est très présente dans le titre We Are the Future in the Present…
Oui car je pense qu’on peut changer les choses n’importe quand et surtout à n’importe quel âge. We Are the Future in the Present parle de cet ave- nir finalement déjà bien présent qui a besoin que désormais on se concentre un peu plus sur les qualités des gens que sur leurs origines sociales ou leur couleur de leur peau… Il y a une personnalité, un caractère et une identité derrière chaque personne et ce serait bien que certains politiques en particulier prennent la peine de s’en rappeler…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Droits réservés
Interview parue dans Le Mensuel de juin 2017 n°382 éditions #1 et #2
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