INTERVIEW
Gérald de Palmas en interview
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Gérald DE PALMAS
Est-il encore à présenter ?
Depuis plus de 15 ans, Gérald De Palmas fait partie de notre quotidien à tous, avec des titres comme Marcher dans le sable, Sur la route, J’en rêve encore ou plus récemment avec Au bord de l’eau. Plus qu’une interview, cette heure passée à discuter avec lui s’est transformée en véritable échange riche de simplicité et de sincérité… Comme dans son dernier album, bien loin d’être une « star » inabordable, il se livre à vous, sans complexe et sans retenue mais avec générosité, tout simplement…
Album « Sortir »
Gérald DE PALMAS interview du 10 août 2010
Morgane-L : Tu peux nous parler de la conception de « Sortir » car après avoir écrit les textes, tu esentréen studio avec tes musiciens et tu as finalement stoppé ce processus ?
G. de Palmas : C’est exactement ça.
Assez rapidement en fait, je me suis rendu compte qu’au bout de 15 jours de préparation à l’enregistrement, on était en train de refaire un peu le même que le précédent et donc j’ai décidé d’arrêter, de m’enfermer dans un studio et de voir un peu comment je pouvais essayer de chercher un peu une nouvelle façon de faire sonner ce disque et d’évoluer un peu. Mais bon, je ne pensais pas que ça allait durer si longtemps quand j’ai attaqué le truc !
Assez rapidement en fait, je me suis rendu compte qu’au bout de 15 jours de préparation à l’enregistrement, on était en train de refaire un peu le même que le précédent et donc j’ai décidé d’arrêter, de m’enfermer dans un studio et de voir un peu comment je pouvais essayer de chercher un peu une nouvelle façon de faire sonner ce disque et d’évoluer un peu. Mais bon, je ne pensais pas que ça allait durer si longtemps quand j’ai attaqué le truc !
Ca a duré parce que quand on essaye de faire différemment sans perdre son style initial, c’est là que ça devient compliqué…
Parce que changer radicalement, ce n’est pas vraiment difficile, il suffit de prendre les codes du nouveau style que tu veux faire et de les appliquer, donc ce n’est pas franchement dur…
Parce que changer radicalement, ce n’est pas vraiment difficile, il suffit de prendre les codes du nouveau style que tu veux faire et de les appliquer, donc ce n’est pas franchement dur…
Par contre évoluer en essayant de garder mon côté acoustique, la trame de base, en essayant d’évoluer, c’est là que c’est devenu assez compliqué pour intégrer des nouveaux sons, le côté musique de films, les petits éléments de musique électro…
Mélanger tout ça pour que ce soit cohérent à la fin et essayer de trouver quelque chose qui tienne un peu la route, ça met du temps !
Mélanger tout ça pour que ce soit cohérent à la fin et essayer de trouver quelque chose qui tienne un peu la route, ça met du temps !
D’où t’es venu ce besoin de mise en danger, de refus de la facilité ?
J’ai toujours fait mes arrangements moi-même et depuis mon 1er album, je n’ai jamais eu de producteur artistique dans le sens où je choisis la couleur de ma musique, donc j’ai toujours cherché, même à l’époque de Sur la Route – bon maintenant ça a pris certainement quelques rides mais à l’époque ça avait un son un peu particulier – j’ai toujours aimé ça…
C’est vrai que les albums se succédant, au bout d’un moment, j’ai épuisé un peu ce que je pouvais faire avec une guitare folk, basse et batterie, alors il a fallu ce coup-ci aller chercher un peu plus loin.
En tous cas j’avais cette volonté, je ne dis pas que c’était une obligation, c’est juste qu’au moment où j’ai fait cet album, j’avais besoin de ça, de nouveauté, pour être excité et avoir envie de faire ce métier mais pas de façon automatique.
C’est vrai que les albums se succédant, au bout d’un moment, j’ai épuisé un peu ce que je pouvais faire avec une guitare folk, basse et batterie, alors il a fallu ce coup-ci aller chercher un peu plus loin.
En tous cas j’avais cette volonté, je ne dis pas que c’était une obligation, c’est juste qu’au moment où j’ai fait cet album, j’avais besoin de ça, de nouveauté, pour être excité et avoir envie de faire ce métier mais pas de façon automatique.
C’est assez rare…
Je pense qu’il y en a mais peut-être pas toujours dans la variété, c’est vrai que moi on m’a classé là-dedans, je m’en fous un peu, quand on a du succès on tombe automatiquement dans ce truc là et puis je suis tombé dans le système des télés, des machins comme ça donc c’est normal que j’ai cette étiquette.
Mais musicalement je bosse et je continuerai à bosser de la façon qui me plaît, de faire de la musique en étant excité par ce que je fais, en travaillant énormément les arrangements alors que c’est vrai que dans les grosses machines à tubes, les arrangements ne sont pas toujours la chose primordiale…
Bien que les choses aient évoluées depuis les 15 ou 20 dernières années, le son est quand même devenu plus important qu’avant (je parle dans la variété française).
Travailler seul pour faire le vide ?
Ça peut être désagréable au bout d’un certain temps ! Le seul avantage c’est de pouvoir prendre son temps. Bloquer des musiciens pendant 2 ans en studio et un ingénieur, c’est impossible financièrement, impossible dans le temps…
C’est très compliqué donc le seul moyen pour réussir à faire de la recherche, c’est de s’enfermer dans un studio comme dans un laboratoire… mais il faut être seul, comme ça on peut prendre son temps, on peut se tromper, on peut recommencer…
C’est ce que j’ai fait.
C’est ce que j’ai fait.
Comment fais-tu pour avoir un recul en travaillant seul ?
Pour être honnête, il y a beaucoup d’excitation au début, au milieu on commence à voir la matière apparaître donc on est content, je l’étais de voir que j’arrivais à faire sonner le truc comme je voulais, et le dernier tiers, pour être complètement honnête, on le fait un petit peu à la force du poignet, parce qu’il faut arriver au bout, il faut le finir…
C’est vrai que le dernier tiers ce n’est pas le plus facile parce que l’excitation de la découverte est passée, on est satisfait de ce qu’on a produit mais après il faut faire les finitions et c’est vrai que quand on est seul, c’est un peu plus dur. En plus, comme tu le disais, il y a ces périodes de doutes qui arrivent à ces moments-là généralement ! Avec l’expérience, je me rends compte que sortir chaque album, c’est gravir une montagne…
On part super excité, on est content et on commence à s’épuiser en arrivant vers le sommet et il n’est pas question de s’arrêter avant la fin !
Pas quand on s’est tapé toute l’ascension de la montagne, on ne va pas rater le sommet ! Du coup on finit au courage… bon, ce n’est pas la mine non plus ! Mais 2 ans dans un studio, seul… On a envie d’en sortir. Revenir sur scène, ça a été une libération pour moi.
Et c’est vrai que c’est génial de pouvoir enchaîner directement et jouer avec des gens, avec des potes en l’occurrence, et d’être dehors, de sortir, de jouer devant des gens. C’est tout l’inverse du studio que j’ai adoré aussi, et c’est ça qui est génial dans ce métier, c’est que quand on a épuisé une des voie, on peut passer sur une autre. Par exemple, je vais partir en tournée peut-être très longtemps – j’espère le plus longtemps possible – et quand je serai épuisé de la tournée, je serai content de poser mes valises et de bosser en studio.
Et c’est vrai que c’est génial de pouvoir enchaîner directement et jouer avec des gens, avec des potes en l’occurrence, et d’être dehors, de sortir, de jouer devant des gens. C’est tout l’inverse du studio que j’ai adoré aussi, et c’est ça qui est génial dans ce métier, c’est que quand on a épuisé une des voie, on peut passer sur une autre. Par exemple, je vais partir en tournée peut-être très longtemps – j’espère le plus longtemps possible – et quand je serai épuisé de la tournée, je serai content de poser mes valises et de bosser en studio.
Choix du titre de l’album « Sortir », un clin d’œil ?
Oui c’est un clin d’œil…
La chanson Sortir parle de cette période charnière qu’on vit tous à peu près aux alentours des 40 ans, cette crise de la « mi-temps » – peut-être pas pour tous, peut-être que certains sont complètement en accord avec ce qu’ils sont depuis le début – mais généralement c’est à cet âge-là que l’on prend conscience de l’écart entre la personne que l’on est et la personnalité qui est au fond de nous. Donc l’écart est plus ou moins important et Sortir, c’est sortir de ce personnage qu’on a pu peut-être fabriquer ou que la société, l’éducation a modelé pour nous et je voulais sortir de ce personnage pour essayer d’être un peu plus l’être que je suis au fond de moi-même.
La chanson parle de ça. J’ai choisi ce titre-là comme titre de l’album parce que j’aime bien cette chanson ! Et puis peut-être aussi en clin d’œil à la création, parce que j’étais au taquet au studio, et il fallait que je sorte !
La chanson Sortir parle de cette période charnière qu’on vit tous à peu près aux alentours des 40 ans, cette crise de la « mi-temps » – peut-être pas pour tous, peut-être que certains sont complètement en accord avec ce qu’ils sont depuis le début – mais généralement c’est à cet âge-là que l’on prend conscience de l’écart entre la personne que l’on est et la personnalité qui est au fond de nous. Donc l’écart est plus ou moins important et Sortir, c’est sortir de ce personnage qu’on a pu peut-être fabriquer ou que la société, l’éducation a modelé pour nous et je voulais sortir de ce personnage pour essayer d’être un peu plus l’être que je suis au fond de moi-même.
La chanson parle de ça. J’ai choisi ce titre-là comme titre de l’album parce que j’aime bien cette chanson ! Et puis peut-être aussi en clin d’œil à la création, parce que j’étais au taquet au studio, et il fallait que je sorte !
Cet album c’est celui de ta maturité ?
Je ne sais pas du tout…
Je pense que sur le côté technique, on arrive à une certaine maturité à un moment ou à un autre, quel que soit l’art qu’on fait, il y a un moment où on maîtrise son truc, donc on peut dire ça. Par contre, de façon artistique, je n’ai pas bien étudié le truc, je te réponds un peu comme ça à la volée…
Je pense que sur le côté technique, on arrive à une certaine maturité à un moment ou à un autre, quel que soit l’art qu’on fait, il y a un moment où on maîtrise son truc, donc on peut dire ça. Par contre, de façon artistique, je n’ai pas bien étudié le truc, je te réponds un peu comme ça à la volée…
Je ne sais pas s’il y a une vraie maturité. Pour moi, vois-tu, je dissocierais le côté artistique de la technique donc pour moi il n’est pas question de maturité… Par exemple, je suis très content d’avoir fait une chanson comme Sur la Route, qui était une de mes premières, et qui est une chanson plutôt simple, qui tient le choc, qui tient les années et qui est encore là après 15 ou 17 ans…
Ce n’est pas parce que je suis plus mature maintenant que je vais réussir à faire à nouveau une chanson aussi équilibrée… Je crois surtout que chaque album est le reflet du caractère du personnage que l’on est au moment où l’on fait cet album…
Ce n’est pas parce que je suis plus mature maintenant que je vais réussir à faire à nouveau une chanson aussi équilibrée… Je crois surtout que chaque album est le reflet du caractère du personnage que l’on est au moment où l’on fait cet album…
On évolue dans sa vie et chaque album est le reflet de cette évolution. Mais pour moi, il n’y a pas un album mieux qu’un autre, forcément plus mature qu’un autre, artistiquement j’entends. Pour moi il n’y a pas de règle là-dedans, c’est de l’instantané ! Ma maturité est peut-être un peu technique…
L’histoire de « Au Bord de l’Eau » ? On peut comparer cet homme en marge de la société à ta période de création ?
Oui il y a certainement beaucoup de moi dans chacun de mes textes évidemment et dans celui-là, sûrement… Ca vient aussi beaucoup de souvenirs de l’île de la Réunion que j’utilise dans de nombreuses chansons, c’est parfois un mot, parfois une phrase, parfois une strophe entière… Ca dépend… Mais c’est vrai qu’il y a souvent ce type qui réapparaît et qui n’est peut-être pas complètement adapté à la société dans laquelle il vit.
Ce que j’aime beaucoup dans celle-ci comme dans d’autres d’ailleurs, c’est qu’il n’y a pas de réponses claires…
C’est parce que je n’en ai pas ! C’est pour ça ! (rires)?
Ca nous laisse imaginer et adapter le contenu à nos expériences… Dans ce titre-là, je ne suis pas sûre que la femme à laquelle le narrateur fait allusion existe réellement mais pour moi, elle est une échappatoire, un refuge…
C’est bien… Si tout le monde prenait le temps de comprendre les paroles comme tu le fais, je serais moins taxé de chanteur uniquement concentré sur les relations hommes / femmes puisque c’est ce qu’on me sort à peu près 9 fois sur 10 ! Alors que comme tu le dis parfaitement, cette chanson ne parle pas du tout de ça et que comme tu le dis très justement, cette fille, pour moi, n’existe pas (même si chacun doit garder son interprétation)…
Ca nous laisse imaginer et adapter le contenu à nos expériences… Dans ce titre-là, je ne suis pas sûre que la femme à laquelle le narrateur fait allusion existe réellement mais pour moi, elle est une échappatoire, un refuge…
C’est bien… Si tout le monde prenait le temps de comprendre les paroles comme tu le fais, je serais moins taxé de chanteur uniquement concentré sur les relations hommes / femmes puisque c’est ce qu’on me sort à peu près 9 fois sur 10 ! Alors que comme tu le dis parfaitement, cette chanson ne parle pas du tout de ça et que comme tu le dis très justement, cette fille, pour moi, n’existe pas (même si chacun doit garder son interprétation)…
Ce type qui est rejeté de la société est, au bout d’un moment, en manque cruel de relations sociales et donc il invente – c’est une fille au bord de l’eau mais ça aurait pu être un copain dans la jungle ! – il a besoin d’inventer quelqu’un qui l’aime et quelqu’un qui l’écoute… C’est ça que ça veut dire, et comme tu le dis, j’aime bien laisser les doutes, de savoir si elle est fictive ou réelle, mais elle tendrait plutôt à être fictive. Et en effet, cette chanson parle de tout sauf d’une relation hommes / femmes.
J’ai arrêté de me battre, je t’en parle là parce que je vois tu as fait la distinction mais la plupart du temps, dans les interviews, je n’essaye pas d’expliquer… des fois je me dis même « est-ce que c’est moi qui me suis mal exprimé ? » mais je pense que la plupart du temps –même si je peux me rater évidemment sur un texte – les gens entendent « au bord de l’eau, une fille… » et c’est parti, ils me voient avec une guitare, en train de draguer une fille au bord de l’eau… C’est comme ça, on ne peut pas changer la mentalité des gens… les gens sont pressés, ils n’ont pas toujours le temps de rentrer dans les textes, de comprendre ce que j’ai voulu dire…
C’est un peu dommage dans une interview de ne pas en profiter, c’est justement l’occasion…
Oui… c’est compliqué… Un moment j’ai essayé d’expliquer, de parler…
Mais je ne pense que ça se passe comme ça, ça ne peut pas se passer comme ça… Sinon les gens vont se demander « mais pour qui il se prend ? On n’est pas capable de comprendre des textes de chansons de variété ? »…
Mais je ne pense que ça se passe comme ça, ça ne peut pas se passer comme ça… Sinon les gens vont se demander « mais pour qui il se prend ? On n’est pas capable de comprendre des textes de chansons de variété ? »…
Ca peut vite partir en sucette ! Donc j’ai laissé tomber, je fais mon truc depuis toujours en essayant de parler avec des mots simples mais en essayant de mettre des sentiments qui soient forts, qu’on vit tous… De temps en temps ça passe jusqu’au cœur des gens, et c’est tant mieux ! Mais parfois ça passe à côté !
Les gens manquent peut-être d’habitude et écoutent trop en surface…
Je pense que c’est notre société qui y est pour beaucoup… C’est-à-dire que personne n’est responsable mais tout le monde l’est en même temps…
C’est un mode de fonctionnement qui fait qu’aujourd’hui on a 10000 chansons sur son ipod… Ca me fait rire les gens qui disent ça et qui sont tout contents… Ca veut dire que si tu essayes de les écouter les unes derrière les autres, à raison de 3 minutes, il faudrait faire le calcul mais il faut une vie entière !
C’est un mode de fonctionnement qui fait qu’aujourd’hui on a 10000 chansons sur son ipod… Ca me fait rire les gens qui disent ça et qui sont tout contents… Ca veut dire que si tu essayes de les écouter les unes derrière les autres, à raison de 3 minutes, il faudrait faire le calcul mais il faut une vie entière !
Quand on me dit ça, ça résume tout… C’est formidable d’avoir 10000 chansons mais combien de chansons j’ai vraiment aimées, qui m’ont bercées et que j’ai vraiment écoutées ? Peut-être 100, 150… Et pourtant à une époque, j’écoutais peut-être 6 à 7 heures de musique par jour, je les écoutais jusqu’au fond, j’essayais de m’en imprégner…
C’est dommage pour les gens surtout… Quand tu écoutes de la musique comme ça, tu chopes juste le dessus, tu rates tout le cœur, tu manges tout le sucre-glace mais pas le gâteau qui est dessous…
C’est dommage pour les gens surtout… Quand tu écoutes de la musique comme ça, tu chopes juste le dessus, tu rates tout le cœur, tu manges tout le sucre-glace mais pas le gâteau qui est dessous…
C’est dommage mais c’est l’époque d’aujourd’hui, c’est général ! Je te dis, l’exemple parfait, c’est le nombre de jeunes mecs, pas forcément jeunes d’ailleurs, qui ont la trentaine, et qui sont contents de leurs 10000 chansons… C’est super ! (rires) Dans 150 ans tu m’appelles quand tu as fini ! C’est ridicule ! Mais en tous cas je suis content de tomber sur quelqu’un qui a écouté jusqu’au bout le travail que j’ai fait…
Pour en revenir à l’album, en travaillant seul sur des machines le son devait être plus électro que sur la version définitive non ?
Pas forcément en fait… Les gens ont une vision de l’électro, mais là on ne peut pas leur en vouloir parce que c’est vraiment un truc technique…
Pour faire simple, tu as deux choses : le son qui est généré par les ordinateurs ou les synthétiseurs d’un côté et l’ordinateur qui enregistre des sons sur disque dur… Ca ne change rien à l’écoute mais le fait est que tu vas travailler sur un ordinateur… Ce qui permet (ce n’était pas le cas avant avec la bande) de faire les montages que tu veux et ça donne des possibilités créatrices qui n’existaient pas avant. C’était très fastidieux de couper une bande et de la remonter…
Pour faire simple, tu as deux choses : le son qui est généré par les ordinateurs ou les synthétiseurs d’un côté et l’ordinateur qui enregistre des sons sur disque dur… Ca ne change rien à l’écoute mais le fait est que tu vas travailler sur un ordinateur… Ce qui permet (ce n’était pas le cas avant avec la bande) de faire les montages que tu veux et ça donne des possibilités créatrices qui n’existaient pas avant. C’était très fastidieux de couper une bande et de la remonter…
Quand moi je dis que je passe beaucoup de temps avec des ordinateurs, c’est une partie assez faible finalement de sons véritablement électroniques identifiables et une grosse partie où je prends des sons audio que j’ai enregistrés, joués (guitare, batterie) et que je trifouille, que je magouille sur un ordinateur, mais du coup, à l’écoute tout ça sonne très acoustique.
Tu comprends, c’est juste le support qui est un ordinateur mais l’enregistrement en lui-même, c’est du son acoustique. Et à ça, j’ai ajouté bien sûr des petits sons « électro » qu’on n’arrive pas forcément à identifier mais c’est très léger.
Tu comprends, c’est juste le support qui est un ordinateur mais l’enregistrement en lui-même, c’est du son acoustique. Et à ça, j’ai ajouté bien sûr des petits sons « électro » qu’on n’arrive pas forcément à identifier mais c’est très léger.
Aspect musique de films ?
J’ai toujours eu envie d’écouter de la musique classique mais j’ai souvent été rebuté probablement par manque de culture… Mais je pense que ce n’est pas que ça… Je pense que la musique classique est parfois un peu alambiquée parce que les gens qui en faisaient se sentaient presque obligés, pour ne pas passer pour des artistes mineurs, je suis persuadé que certains ont compliqué leurs compositions, tu vois ce que je veux dire, pour être à la hauteur. Alors que de temps en temps, je trouve qu’au final ça complique les choses et ça rend la musique classique rébarbative alors qu’à la base, ce n’est pas forcément le cas.
Ce que j’aime dans la musique de films, c’est qu’ils se servent souvent d’orchestres symphoniques donc c’est exactement le même orchestre qu’en musique classique, mais ils ne vont pas s’embarrasser, ou en tous cas moins, avec une écriture techniquement compliquée pour avoir le respect des gens.
Au contraire, eux ils ont besoin d’avoir des thèmes simples donc j’adore ce mélange-là… Parce qu’il y a un côté simplifié de la musique classique et une vraie efficacité en gardant les sons extraordinaires qu’ils ont à leur service. Alors que nous, on est plus limités, ils ont 60 ou 80 musiciens, c’est vrai que dans la pop musique, on en a un peu moins !
Au contraire, eux ils ont besoin d’avoir des thèmes simples donc j’adore ce mélange-là… Parce qu’il y a un côté simplifié de la musique classique et une vraie efficacité en gardant les sons extraordinaires qu’ils ont à leur service. Alors que nous, on est plus limités, ils ont 60 ou 80 musiciens, c’est vrai que dans la pop musique, on en a un peu moins !
Et j’avais envie de piquer ces quelques ambiances de cors et de violons et d’essayer d’intégrer ça dans le format chanson pop. Mais ce n’est pas une mince affaire ! Il ne faut pas tomber en Rondo Veneziano non plus et la frontière est ténue. Donc voilà ! Il faut slalomer pour que ça sonne plus comme une musique de James Bond que Rondo Veneziano ! Je n’ai rien contre Rondo Veneziano… je pense qu’ils ne m’en voudront pas car je pense qu’ils n’existent plus !
Influencé par John Barry (compositeur britannique de musiques de films) ?
Enormément oui ! J’adore Bernard Herrmann aussi, Danny Elfman qui fait les musiques de Tim Burton… qui d’autre ? Morricone évidemment, toute la bande des années ’70 en gros… Henry Mancini etc.
Dans cet album, quel titre est la meilleure représentation de cet intérêt pour les musiques de films ?
Au Bord de l’Eau, Qui s’occupe d’Elle sont deux morceaux où l’ambiance est quand même assez proche de musiques de films dans l’arrangement des cordes. Si tu enlèves la voix, ça y ressemble. Dans Au Bord de l’Eau, les cors au début ressemblent pas mal à des scènes de musiques de films.
Tu as travaillé tes clips dans cette optique ?
Ce coup-ci je suis parti sur autre chose, je n’ai jamais été très à l’aise dans les clips, ce n’est pas un truc que j’aime faire… Je voulais qu’on soit en extérieur, pas derrière des micros à faire semblant ! Plus j’avance dans ma carrière et plus j’ai du mal avec ça…
Présence importante du paysage…
Oui j’aime bien l’impression de déambuler que ce soit dans un paysage urbain ou à la campagne. Je trouve que ça va bien avec ma musique de marcher et surtout, je te dis, je voulais éviter au possible le clip studio… Ou alors sur un truc live… Mais là c’est ridicule, autant prendre le live directement.
Mais faire semblant devant un micro avec des guitares pas branchées c’est quelque chose qui me pèse terriblement ! Même à la télé, j’ai de plus en plus de mal à faire ça.
Mais faire semblant devant un micro avec des guitares pas branchées c’est quelque chose qui me pèse terriblement ! Même à la télé, j’ai de plus en plus de mal à faire ça.
On retrouve un traitement Viscontien du paysage dans ces clips
Ah ? Peut-être… Une espèce de Mort à Venise… Je n’avais pas prévu ça dans ma tête non, mais je vois bien le personnage qui redevient tout petit face à l’immensité du paysage qui s’impose en protagoniste… Et bien le prochain j’irai le tourner à Venise !
Ah ? Peut-être… Une espèce de Mort à Venise… Je n’avais pas prévu ça dans ma tête non, mais je vois bien le personnage qui redevient tout petit face à l’immensité du paysage qui s’impose en protagoniste… Et bien le prochain j’irai le tourner à Venise !
Une création solitaire, un titre sur ta fille Rose… c’est un album plus intime ?
Je ne suis pas sûr de ça… Dans l’album précédent, il y avait un titre intitulé Dans la Cour qui parlait de mon fils… Non en fait, j’ai toujours parlé beaucoup de moi et des gens proches… Ca se sent peut-être plus dans celui-là mais c’est le même schéma que d’habitude pour l’écriture. Seule collaboration cette fois-ci, avec Eagle Eye Cherry.
Oui, il a fait le texte aussi. Je voulais faire une chanson en anglais mais je voulais qu’il y ait un sens. La meilleure solution pour moi était de faire un duo avec un anglophone et je m’entends très bien avec Eagle Eye Cherry parce que j’avais fait des concerts avec lui, il y a 6 ans de ça…
Oui, il a fait le texte aussi. Je voulais faire une chanson en anglais mais je voulais qu’il y ait un sens. La meilleure solution pour moi était de faire un duo avec un anglophone et je m’entends très bien avec Eagle Eye Cherry parce que j’avais fait des concerts avec lui, il y a 6 ans de ça…
Donc tout naturellement je l’ai appelé, il était libre… Ca s’est vraiment fait sans pression, c’était cool ! Ça parle de la boîte de Pandore, qu’il a mis à sa sauce, en ajoutant une relation homme / femme, il est parti dans ses délires ! C’était sympa ! Il avait écrit la plus grosse partie avant de venir et moi une partie du refrain qu’il a gardé. On a passé une journée en studio à mettre ça au point… C’est un garçon très très détendu, vraiment un mec super cool.
Tu vois la crise de l’industrie du disque comme une libération, grâce à elle tu es moins focalisé sur une réussite commerciale… tu as besoin d’une mise en danger pour te réaliser ?
Oui, c’est sûr… Tout ce qui est gagné d’avance, ça a tendance à casser un peu mon énergie… Ca peut paraître paradoxal mais quand j’arrive sur scène et que je sens le public super chaud et accueillant, ça risque de me minimiser plus qu’autre chose ! (rires)…
J’ai mis longtemps à m’en rendre compte… En réalité ça me met une obligation de réussir et de lui donner quelque chose d’énorme… Ca casse presque un peu mon envie ! Alors que quand les gens sont « moyens », ou un peu froids, j’ai l’envie de séduire qui prend le dessus et j’ai beaucoup plus d’énergie à ce moment-là. C’est vrai que c’est bizarre mais c’est comme ça…
Certainement trop tôt mais tu penses déjà à un prochain album ?
En fait, je n’ai jamais fait de best of, je n’ai fait qu’un live… Je pense que j’aimerais faire ça, en faisant un ou deux nouveaux titres, des nouvelles versions… Faire un best of digne de ce nom ! Pour quand ? Je ne sais pas… Il faut que je travaille de nouvelles chansons pour apporter quelque chose.??Il y aura du choix car beaucoup de tes titres ont marqué les esprits…
Oui mais du coup mes deux 1ers albums, surtout le 2ème, dont passés plus inaperçu… Il y a une chanson Les Lois de la Nature que j’aime beaucoup et que j’aimerais refaire découvrir.
Oui mais du coup mes deux 1ers albums, surtout le 2ème, dont passés plus inaperçu… Il y a une chanson Les Lois de la Nature que j’aime beaucoup et que j’aimerais refaire découvrir.
Tu veux souligner autre chose ?
On a beaucoup parlé de l’album mais je tiens à préciser que j’ai hâte d’être sur scène, jouer avec mes potes et prendre du plaisir, essayer de transmettre ça aux gens !
Rencontre à Sainte Maxime //// Août 2010 ////
Photos réalisées et propos recueillis par Morgane L. pour Le Mensuel
Photos réalisées et propos recueillis par Morgane L. pour Le Mensuel
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