INTERVIEW
Olivier De Benoist en interview
Depuis bientôt 10 ans qu’Olivier De Benoist s’acharne sur sa femme, sa belle-mère et les femmes en général, force est de constater qu’avec son dernier seul en scène 0/40 ans, l’humoriste à la fraîche quarantaine a fait preuve de bonne volonté en cherchant à rompre ce cercle quelque peu vicieux… Désireux de bousculer un peu ses habitudes et proposer de nouvelles saveurs à un public qui lui est désormais fidèle, c’est à Paul-Marie Debrie – son nouveau co-auteur – qu’il a choisi de faire confiance pour l’accompagner dans cette tentative de rédemption.
spectacle « O/40 ans »
⇒ À Fayence le 19 mai 2017 (rés. 04 94 85 00 35)
⇒ À Draguignan le 20 mai 2017 (rés. 04 83 08 30 30)
« J’ai appris à dire non, à prendre mon temps, à prendre du bon temps aussi… »
Morgane Las Dit Peisson : Tu auras passé six mois à Paris pour jouer ton nouveau spectacle 0/40 ans presque tous les soirs…
Olivier De Benoist : J’aime bien Paris mais je suis réellement ravi de partir en tournée… Il y a une frénésie en province que l’on n’a pas tout le temps sur Paris. En région, on a vraiment plus la sensation de faire plaisir aux gens qui viennent nous voir. La Capitale présente par contre l’avantage de nous offrir l’ocassion de jouer chaque jour et ça, ça fait énormément de bien ! Je suis à l’aise pour partir en tournée car 0/40 ans a été beaucoup joué et je le sens solide et efficace. J’ai besoin de jouer énormément parce que c’est sur scène que les trucs mûrissent. Comme les pilotes de ligne, il faut avoir des heures de vol ! (rires)
Tu avais déjà fait une pré-tournée début 2016, c’est important de (re)prendre du temps ?
C’est justement ce que j’avais demandé à la production… Je pense que le spectacle précédent était réussi mais je ne m’étais pas accordé ce temps là et c’est quelque chose qui m’a manqué. Ça devient réellement un luxe de pouvoir faire les choses à son rythme, d’essayer, se tromper et recommencer. J’ai attaqué en février par de tout petits cafés-théâtres, puis je me suis installé au Point-Virgule, au Café de la Gare, je vais partir en tournée dans des salles à taille humaine et j’ai vraiment envie de monter progressivement, naturellement. Je ne suis pas pour les spectacles « jetables » et d’ailleurs, pour le moment, 0/40 ans devrait se jouer au moins jusqu’en mars 2018.
Plus serein et plus efficace sur scène du coup ?
Oui, je crois et plus en forme qu’avant de surcroît ! (rires) J’ai fait un travail sur moi avec un coach et je ne cours plus à droite et à gauche, je me concentre sur ce qui me fait plaisir, c’est à dire jouer et ça se ressent je pense… Quand je suis sur scène, je prends un vrai plaisir.
Il a fallu apprendre à dire non ?
Exactement ! (rires) Tu commences à bien me connaître ! J’ai mis beaucoup de temps à savoir dire non. J’ai toujours peur qu’on m’en veuille et qu’on ne m’aime plus alors je disais oui à toutes les promos et à tous les plans les plus incroyables et finalement, c’est chronophage. Tu as raison, j’ai appris à dire non, à prendre mon temps, à prendre du bon temps aussi et surtout à prendre du plaisir à être sur les planches. J’ai le sentiment que c’est un merveilleux privilège qui peut s’arrêter du jour au lendemain alors j’en profite au maximum. Je ne veux plus me laisser bouffer par un rythme qui te fait arriver crevé sur scène au point de n’espérer que d’être capable d’arriver au bout de ton spectacle.
Prendre son temps tout en ne s’arrêtant jamais…
Quand je vais chez Michel Drucker, je dois préparer mon passage, trouver de nouveaux trucs, avoir des choses à raconter… Quand tu fais de l’humour,du one man show surtout, tu ne t’arrêtes jamais vraiment. Ça occupe quasiment toute la place dans ton esprit, tu cogites et tu te projettes en permanence. On est comme les funambules, si on s’arrête, on tombe…
0/40 ans, c’est la crise de la quarantaine ?
Je pense que 40 ans est un âge critique car c’est l’âge où l’on devient ce que l’on est et où l’on se trouve… Ou pas ! (rires) C’est dans ce second cas, si l’on ne se supporte plus vraiment soi-même, que l’on risque la crise de la quarantaine ! Quand j’ai franchi le cap, je ne me suis pas senti aussi perdu que mon personnage peut l’être mais il faut avouer que quarante balais, c’est un peu le moment où le verre est trop plein, où l’on commence à être malade, où l’on ressent plus la fatigue, où l’on commence à faire gaffe à son corps… C’est un cap !
Tu tapais jusque là allègrement sur les femmes et ta belle-mère…
Dans ce spectacle, je vais aux Misogynes Anonymes pour me soigner mais évidemment, comme pour les alcooliques, il y a des risques de rechute ! Je me suis un peu extrait du con habituel que j’étais avec ma femme et ma belle-mère mais le public l’aime alors il refait surface de temps en temps…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Pascal Ito
Interview parue dans Le Mensuel de janvier 2017 n°377 éditions #1 et #2
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