INTERVIEW

No One Is Innocent en interview

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Après vingt ans d’existence, le groupe No One Is Innocent n’a rien perdu de la niaque qui l’animait à ses débuts ! De retour dans les bacs et sur scène avec Frankenstein – leur nouvel album sorti le 30 mars dernier -, les membres du groupe, qui n’ont également jamais perdu espoir que l’être humain finisse par s’arranger un peu, tentent encore et toujours d’éveiller les consciences… Certes leurs textes tendent vers certaines idées politiques ou en tous cas vers certains idéaux mais à aucun moment ils n’ont pour but d’influencer qui que ce soit. Engagés, instinctifs et libres-penseurs, leur unique désir est d’arriver à ce que le peuple réalise qu’il vaut beaucoup mieux que ce qu’une poignée de gens qu’il a lui-même mis au pouvoir, veut bien lui laisser croire…


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No One Is Innocent « Frankenstein tour » à Nice le 12 avril, à Vitrolles le 13 avril

Nouvel album « Frankenstein » disponible depuis le 30 mars

 


« En concert, on est dans le moment présent, on s’oublie… »


Morgane Las Dit Peisson : Le nouvel album Frankenstein sort tout juste…

Kemar : J’étais impatient qu’il sorte mais je le suis encore plus à l’idée de partir en tournée, de retrouver le public et de revivre tous ces moments entre potes. On espère sincèrement que Frankenstein sera bien reçu car on y croit beaucoup. Il compte pour nous, on a été sincères en le travaillant et on n’a pas de regret particulier, c’est génial ! Figer des morceaux sur un disque comporte de nombreuses problématiques techniques et pas mal d’interrogations pourtant, malgré tout ça, c’est une des rares fois où je me sens pleinement satisfait du résultat.

Surtout que tu as plutôt l’air d’être fait pour la scène…

(rires) C’est vrai que notre élément à tous c’est vraiment la scène mais plus ça va et plus je me sens à l’aise en studio. Ce qui diffère réellement entre les deux univers ce n’est pas tant l’énergie de la scène mais plus la somme de détails à maîtriser… En concert, on est dans le moment présent, on s’oublie, on ne réfléchit plus tandis qu’en enregistrement, il faut garder à l’esprit le rendu final et faire constamment des choix sur les sons, les effets, les options…

Le titre Frankenstein symbolise bien l’ambivalence de l’humain…

Ce titre s’est imposé au fur et à mesure de la composition et de l’écriture car on s’est aperçu qu’on avait au moins cinq titres qui faisaient référence à la création du monstre, que l’on se place de son point de vue à lui ou de celui de son créateur. Et en effet, l’humain est capable d’avoir ces deux facettes en lui… C’est pour ça qu’on aborde les sujets de Trump, de la finance, de l’ingérence allée au Moyen-Orient, des populistes…

On peut d’ailleurs tous être « monstrueux » sans parfois même s’en rendre compte…

On s’en aperçoit chaque jour, l’être humain, même armé de toutes les meilleures volontés du monde, peut s’avérer dangereux pour lui autant que pour ceux qui l’entourent… On l’a vu avec l’affaire Weinstein… Car si l’homme a été ignoble, certaines femmes qui lui ont cédé uniquement pour se garantir des rôles n’en étaient pas moins monstrueuses. En agissant ainsi, elles l’ont conforté dans l’idée qu’il avait le droit de se comporter de cette manière ! Malheureusement, plus on avance dans la vie et plus on réalise qu’elle n’est pas manichéenne…

On crée souvent nos monstres…

Quelqu’un comme Trump en est un des meilleurs exemples ! On lui tape dessus tous les jours mais il n’est pas arrivé seul au pouvoir et ce qui m’intéresse justement, c’est de comprendre le processus qui a permis a des millions d’êtres humains d’avoir confiance en cette personne là plutôt qu’en une autre. En France, c’est pareil, on s’est retrouvés avec une Marine Le Pen issue d’un parti créé quasiment de toute pièce par François Mitterrand et nous, citoyens en bout de chaîne, on doit se dépatouiller avec ça tout en essayant de comprendre qu’elles ont été nos propres erreurs pour qu’on en soit arrivés là…

Sur scène c’est à la fois engagé et très énergique…

(rires) Oui… J’ai justement fait du sport ce matin car il faut vraiment que l’on se prépare physiquement. C’est plus fort que nous, même si ça fait 20 ans, on vit chaque concert comme si c’était à la fois le premier mais aussi le dernier ! (rires) C’est viscéral, on a besoin de se donner à fond au public et d’emmagasiner des souvenirs…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Nicolas Keshvary


Interview parue dans les éditions n°391 #1, #2 et #3 du mois d’avril 2018

 

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