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INTERVIEW

Nawell Madani en interview

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« Bosseuse » acharnée, Nawell Madani n’a jamais vraiment pris le temps de souffler depuis qu’on la connait… Débarquée dans le monde de l’humour après avoir sévi comme danseuse, la jeune femme a presque fait l’effet d’une tornade avec son premier one woman show débuté il y a bientôt quatre ans et qui, dès ses balbutiements, avait fait un réel carton auprès du public. Curieuse, passionnée et un peu hyperactive, ses tournées successives ne l’ont pas empêchée de créer la série Couscous c’est nous ni de réaliser son premier film tout en commençant à travailler sur un second long-métrage et un nouveau spectacle. Un parcours impressionant qui méritait de se retrouver au coeur de son premier film – C’est tout pour moi – dans lequel François Berléand a d’ailleurs immédiatement accepté de tourner en compagnie – entre autres – de quelques 300 danseurs qui s’affrontent dans une scène de battles ! Très consciente de la chance qu’elle a mais aussi consciente de l’avoir provoquée, la charmante artiste prouve que rien n’est jamais impossible…


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« C’est tout pour moi » film en salles le 29 novembre 2017

« C’est moi la plus belge » spectacle en DVD paru le 10 octobre 2017

« C’est moi la plus belge » sur scène à l’Olympia de Paris les 13 et 14 décembre 2017

 


« Je me devais de réussir, j’ai toujours eu cette rage en moi… »


Morgane Las Dit Peisson : On t’a revue en avril dernier à Cannes, 3 ans après ton 1er passage et la salle était encore pleine…

Nawell Madani : En général, la vie d’un spectacle dure environ trois ou quatre ans pour pouvoir laisser le temps au public de le découvrir un peu partout, pour qu’il gagne en maturité mais aussi pour que le producteur puisse le rentabiliser… Monter une tournée coûte cher, c’est toujours un risque et ça l’a encore plus été avec C’est moi la plus belge car, contrairement à la plupart des humoristes qui partent seuls sur la route, j’ai beaucoup d’éclairages et je suis accompagnée de nombreux techniciens et danseurs. Ce n’était pas gagné d’avance mais on a tous travaillé dur pour faire vivre ce spectacle et la récompense c’est de voir que les gens ont rempli les salles à chacun de nos passages ! 

Tu t’attendais à tant d’engouement pour un premier spectacle ?

Sincèrement non… Si je regarde un peu en arrière, je m’aperçois en effet que tout ce qui s’est passé est extraordinaire ! Déjà, la toute première fois où des spectateurs ont payé pour me voir jouer, c’était incroyable alors je n’aurais jamais pu imaginer pouvoir remplir des grandes salles ou me produire à l’Olympia ! (rires) Par contre, au quotidien, tu ne t’aperçois pas de ça, tu ne réalises pas que des centaines de gens font la queue pour écouter ce que tu as écrit car tu remets ta ceinture en jeu chaque soir. Ce n’est pas parce que ça a marché la veille que ça fonctionnera le lendemain et c’est ça la vraie magie du spectacle vivant… C’est un peu comme avoir un nouveau mec chaque soir ! (rires) Alors forcément, j’ai des papillons dans le ventre, je suis stressée, j’appréhende, j’essaye d’être au top et je m’apprête car je sais que le public en fait autant.

Internet pourrait faire de l’ombre aux salles de spectacle mais toi qui est très proche de ton public sur les réseaux sociaux, tu arrives à l’attirer au théâtre…

Ça m’est souvent arrivé en effet de recevoir des témoignages de gens qui me disaient être venus la première fois au théâtre pour voir C’est moi la plus belge grâce, justement, au contact que l’on a sur les réseaux. Les filles en particulier voient que je suis complètement comme elles ! Je fais des selfies et des snaps avec des filtres, je mets des talons de 12 centimètres mais j’ai des ballerines qui puent dans mon sac et je mets du gloss à longueur de journée… Je suis une vraie nénette d’aujourd’hui ! (rires) Je crois que beaucoup se sont reconnues en moi et ont trouvé une « représentante » qu’il n’y avait pas spécialement dans le paysage humoristique avant. C’est pour ça qu’au début, il n’y avait presque que des nanas dans les salles ! Et maintenant, grâce à elles qui sont revenues avec leurs mecs, leurs parents ou leurs potes, le public s’est énormément élargi. C’est touchant et gratifiant d’observer qu’il y a un renouvellement mais aussi un socle solide.

La fin de ce 1er spectacle approche…

Il va s’achever en décembre à l’Olympia et même si c’est une partie de moi, je suis très contente de savoir que je vais passer à autre chose car C’est moi la plus belge a fait son temps… J’ai été au bout, j’y ai mis tout mon coeur et toute mon énergie, il fait d’ailleurs quasiment 2h30… C’est un show où je danse, je joue, je me donne à fond et où je ne m’accorde pas de break ! Je voulais que les gens ne regardent jamais leurs montres et qu’ils en aient pour leur argent… Je suis dans le partage et le respect alors ma plus grande crainte était qu’ils soient déçus et maintenant ce serait qu’ils se lassent ! (rires) Alors il est temps que je passe à autre chose, que je propose quelque chose de différent, que je reprenne le temps d’écrire et que je me surprenne de nouveau.

Pour finir en beauté, il y a le DVD du spectacle…

Oui ça va rester, j’espère, un magnifique souvenir pour tous ceux qui auront participé, ces quatre dernières années, à cette aventure. Mais le souci de capter un spectacle, c’est qu’on a envie qu’il soit à la hauteur de ce que l’on a vécu ! C’est compliqué, quand on fait une captation sur deux soirées, d’être certaine que ces deux représentations seront le juste reflet de tous ces mois de folie mais on a eu de la chance car c’était magique, c’était comme je l’avais rêvé… On avait 12 caméras, un « steadicamer », de la danse et le montage est ouf ! Je suis contente car je crois que le public va kiffer le DVD ! (rires)

En plus de ton spectacle et de ton DVD, va sortir ton tout premier long-métrage – C’est tout pour moi – que tu as écrit, réalisé et dans le quel tu joues…

J’espère que le public sera au rendez-vous dans les salles de cinéma le 29 novembre prochain car, comme pour le spectacle, j’ai tout donné… J’ai en effet été à l’écriture, à la réalisation, aux castings, aux repérages, à la préparation des costumes mais aussi au montage pendant 7 mois, en studio avec les musiciens pour la bande-son… On n’avait pas un budget illimité donc j’ai dû – et voulu – donner beaucoup de ma personne. Pendant un an, j’ai mis ma vie entre parenthèses pour que ce film soit à la hauteur de ce que j’avais en tête ! 

Réaliser un film est chronophage…

Je savais que ça représentait beaucoup de travail mais je me suis vraiment rendue compte sur ce film de la précision qu’exige le cinéma. Le temps est compté, rien n’est laissé au hasard, il n’y a jamais assez d’argent alors tu dois négocier et surtout trouver des astuces pour que ce que tu imagines devienne réalisable. Mais le plus dur a été de dérusher et de faire des coupes… J’ai regretté de ne pas pouvoir faire un film de quatre heures ! (rires)

Ce premier film n’est pas une autobiographie mais on y retrouve beaucoup de toi quand même…

C’est un hommage à mes parents et à tous ceux qui se sont sacrifiés pour leurs enfants mais c’est avant tout l’histoire d’une jeune fille qui part à la conquête de ses rêves sans l’approbation de sa famille. C’est ce qui m’est arrivé donc même si C’est tout pour moi n’est pas un film autobiographique, il s’est beaucoup inspiré des étapes de ma vie et des milieux que j’ai dû affronter… Et le terme n’est pas trop fort car quand je me suis lancée dans le hip hop et dans le stand-up, c’était réellement des battles ! Il y avait en grande majorité des hommes qui, quand ils me voyaient débarquer, me disaient que ma place était plutôt dans des émissions de télé-réalité… Mais comme moins tu veux de moi, plus je m’accroche à toi, j’ai pris ça comme un défi et j’ai encore eu plus envie de me faire ma place ! Dans ce récit, il ne s’agit pas d’une revanche mais de ce que représente au quotidien la lutte qu’on doit mener quand on a un rêve qui nous tient à coeur…

C’était important aussi de montrer l’envers du décor ?

En tous cas, je trouvais ça intéressant d’expliquer un parcours comme celui que j’ai connu car les gens pensent souvent que c’est facile… Pourtant, c’est très rare qu’on te pousse à aller au bout de tes envies… On m’a toujours parlé de sécurité et de sûreté et si j’avais écouté ma mère, par exemple – qui me conseillait de devenir infirmière parce que c’est un métier dont on aura toujours besoin partout dans le monde -, je serais aujourd’hui malheureuse comme les pierres. C’est difficile d’aller à l’encontre de ce que l’on veut pour toi, surtout quand ça part de si bons sentiments et que ça reflète l’inquiétude d’une mère… Mais je n’aurais jamais pu ne pas tout tenter pour vivre ma passion bien qu’il y ait peu d’élus et peu de femmes dans ce que je fais.

Quand on voit où tu en es arrivée, ça valait tes sacrifices…

J’en suis persuadée et c’est pour ça que c’était important pour moi de partager mon expérience avec des spectateurs qui se posent peut-être les mêmes questions que celles qui m’ont obsédée ! Je suis la preuve vivante que tu peux venir du fin fond d’Anderlecht, avec une mère infirmière et un père taxi, sans aucun contact sur Paris, dormir un temps dans ta voiture et vivre quand même ton rêve chaque jour. Il y a eu des périodes très difficiles, j’ai galéré pendant dix ans mais je n’ai pas voulu rentrer à la maison et envoyer un message d’échec à ma famille. Je me devais de réussir, j’ai toujours eu cette rage en moi et, même si c’est un exemple personnel, je crois qu’il parlera à beaucoup de gens… 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Fifou & Nabil Cheik Ali

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