INTERVIEW

Michel Leeb en interview pour Le Mensuel en 2013 Pièce de théâtre Un drôle de père

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Michel Leeb


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en interview 

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MICHEL LEEB
 
 
  

Pièce de théâtre Un drôle de père

 

« Ce n’est pas dans les bouquins que vous trouverez les solutions

mais dans la vie, dans les rapports avec les gens… »

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La génétique renferme encore bien des mystères… Difficile de dire avec exactitude pourquoi un enfant héritera des yeux bleus de sa mère, de la chevelure brune de son grand-père, du sourire de son père et du teint de sa tante, pourquoi il ressemblera comme deux gouttes d’eau à son grand-frère ou pourquoi il sera le seul blondinet au beau milieu d’une famille de bruns ténébreux… De la même manière, son caractère restera lui aussi une énigme ! Certes, l’éducation qu’il recevra jouera un rôle prépondérant mais alors comment expliquer que ce petit être puisse un jour devenir un jeune adulte si différent du père qui l’a vu grandir ?

Dans Un drôle de père, Michel Leeb risque fort de se poser la question car sa progéniture ne semble pas avoir, de prime abord, de nombreux points communs avec son personnage. Dans sa peau, comme dans la majeure partie des pièces qu’il a interprétées, l’acteur prend les traits d’un homme fantasque, farfelu, souriant, blagueur et complètement insouciant alors que son fils, incarné par Arthur Fenwick, s’avère être bien plus calme, plus posé, raisonnable et réfléchi que celui qui lui a donné la vie… Pas étonnant que les deux ne semblent pas se comprendre ! Et la proximité qu’imposeront les vacances après deux longues années de séparation risque fort de ne rien arranger. Pourtant, ça crève les yeux, malgré toutes leurs différences de point de vue, ils s’aiment bien plus qu’ils n’acceptent de se l’avouer. Nul doute que cette pièce de Bernard Slade saura trouver une résonnance auprès d’un public qui, dans sa position de parent ou d’enfant, ne pourra en aucun cas rester insensible à cette histoire d’amour filial traitée avec humour.

 

   

michel-leeb-interview-un-drole-de-pere-2013-2014-3Morgane L : Que représente pour vous le fait de venir jouer au Festival de Ramatuelle ?

Michel Leeb : Sincèrement, quand on vient à Ramatuelle, on sait qu’on va vivre un moment formidable, nous, en tant qu’acteurs. Et quand le public arrive, à son tour, il sait également qu’il va vivre un moment fantastique. Il y a une espèce d’alchimie qui se passe au moment où on va entrer en scène que ce soit pour chanter, pour jouer la comédie ou pour faire des one man show, on sait avant même de fouler les planches que la soirée sera fabuleuse et exceptionnelle ! Il n’y a qu’ici que cette magie opère ! Je crois que Ramatuelle est définitivement l’endroit en plein air que je préfère pour jouer en France.

Mais ce n’est pas une première pour vous ?

Ah non ! Je suis un vieux de la vieille maintenant ! (rires) C’est au moins ma huitième participation au Festival de Ramatuelle entre les one man, les pièces de théâtre et les concerts de jazz. J’ai tout fait ici… Ou presque ! (rires)

Aujourd’hui vous êtes venu « en troupe » pour interpréter la pièce Un drôle de père…

C’est l’histoire d’un homme, d’un père complètement loufoque et fantasque, qui ne pense qu’à rigoler, qui ne répond jamais sérieusement aux questions, qui voit la vie comme un jeu permanent et qui se retrouve un jour en face de son fils qui est tout son contraire. Un grand fils très sérieux, extrêmement responsable, qui fait des études très poussées de philosophie… Un fils à qui il aimerait arriver à expliquer qu’il est essentiel d’apprendre à profiter de la vie et qu’une existence aussi stricte et solitaire n’est pas équilibrée. En réalité, tout sépare ces deux êtres qui auraient dû être si proches mais pour connaître les raisons de cette mésentente, il va falloir venir voir la pièce ! (rires) Mais bien que cette pièce aborde des sujets profonds, elle reste avant tout une véritable comédie sur les rapports qui unissent et désunissent un père et son fils.

Est-ce que les caractères de ces deux personnages reflètent deux pans de votre personnalité comme on aurait tendance à l’imaginer, vous qui avez enseigné la philosophie ?

Non, parce que dans la vie, je fais mon maximum pour essayer de ne pas tout prendre au sérieux. Il faut prendre son métier au sérieux, ce que je fais toujours, car un métier c’est sérieux. Il faut faire les choses convenablement, le public attend de vous, malgré tout, quelque chose de sérieux. Mais je tente de ne rien prendre au sérieux de ce qui devrait l’être… La vie n’est finalement rien d’autre qu’un grand jeu dans lequel nous sommes tous plongés. Il faut se débrouiller pour que cette période que l’on passe sur terre soit la plus agréable possible avec les moyens qu’on a. Quelques fois, on n’a pas beaucoup de moyens mais on peut faire des choses formidables, et quelquefois on a d’énormes moyens et on n’y arrive pas. Tout, dans la vie, se déroule vraiment au feeling. Je prends au sérieux tout ce qui est profondément humain ainsi que mon métier. Sinon, avec le reste, je m’amuse beaucoup.

Il faut prendre du recul ?

Oh oui ! Il ne faut surtout pas tout prendre à la lettre ! C’est ça la clef pour supporter notre vie en ce bas monde !

C’est plus « facile » pour vous qui avez étudié et enseigné la philosophie ?

Non je ne crois pas… La vraie philosophie finalement c’est le quotidien, c’est la vie de tous les jours. Ce n’est pas dans les bouquins que vous trouverez les solutions mais dans la vie, dans les rapports avec les gens.

La philosophie ne vous a pas aidé quelque part ?

Non ! Je crois surtout que ça m’a plus compliqué la vie qu’autre chose ! Je pense que je m’y suis intéressé parce que j’avais des questions énormes et que je cherchais des réponses. Maintenant je n’ai toujours pas de réponse mais je ne m’emmerde plus avec les questions ! (rires)

La dernière fois que l’on vous a vu dans la région, c’était avec Hilarmonic Show. C’était une expérience assez incroyable. Je vois qu’on a encore un piano ici sur scène, donc la musique est toujours présente ?

La musique est continuellement présente car j’en ai besoin pour vivre. Si je n’ai pas de musique, il me manque quelque chose. Du matin au soir j’en écoute, c’est indispensable, tout le temps ! Lorsque je me lève le matin, je mets de la musique… Ça peut être du jazz comme du classique, du Rock, les Beatles ou du Johnny, pour moi, l’essentiel, c’est d’être entouré d’une musique émouvante qui me touche. Le hasard a voulu que dans cette pièce, Un drôle de père, il y ait un piano et je vous avoue que c’est formidable de pouvoir s’en servir à chaque représentation. Ça me permet d’allier les deux domaines que j’aime le plus. En plus ce soir, il parait que Michel Legrand sera dans le public, alors j’ai plutôt intérêt à jouer correctement ! (rires)



Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Montage vidéo réalisé par Aurélien Didelot
Interview parue dans l’édition n°344 de Janvier 2014
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Dates de tournée ici
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