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Michaël Youn en interview pour Flashback, la nouvelle série de TF1

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« Si je le pouvais, je revivrais la naissance de ma fille… » Michaël Youn

 


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Éternel animateur du Morning Live (bien que ça n’ait duré que 2 ans !), Michaël Youn s’est depuis illustré dans une quarantaine de rôles divers et variés ! Comédie, humour potache, drame ou thriller, rien ne semble résister à ce touche-à-tout qui, qu’il soit devant ou derrière la caméra, s’investit toujours avec la même rigueur et la même minutie. Cette fois-ci, il a craqué sur le personnage de Josselin, un flic dans les années 90 aux vannes un tantinet sexistes, racistes et homophobes, qui va devoir faire équipe – contre son gré – avec une étrange petite nouvelle… Pour cause, elle n’est autre que sa fille venue du futur pour lui sauver la vie 30 ans auparavant ! Une plongée dans le passé réalisée avec finesse, à qui l’on souhaite un avenir radieux en attendant de découvrir une 2ème saison déjà en préparation…

 

 


 

 

Michaël Youn en interview pour la série Flashback sur TF1

interview / télé / série policière / comédie

  • série créée par Clélia Constantine
  • saison 01 / 06 épisodes / durée 0h52
  • à partir du jeudi 03 avril 2025 sur TF1 à 21:10 / à voir ici !

 

 


 

 

La 1ère saison de Flashback va débuter le 03 avril sur TF1…

Michaël Youn : Je suis vraiment très content de cette série ! Je ne suis pas Madame Irma – tout dépendra forcément des audiences – mais la 2ème saison est dans les tuyaux. Elle est déjà écrite, en préparation et on l’a même cochée dans nos agendas ! (rires) Maintenant, on attend les réactions du public…

 

Un nouveau rôle qui vient s’ajouter à une liste plutôt bien remplie…

Le temps passe vite, mais je crois qu’on n’est pas loin d’une quarantaine de personnages entre les films, les téléfilms et les séries. Ce n’est pas mal, mais ce n’est pas grand-chose comparé à d’autres comédiens… Michel Galabru, que j’aimais énormément, en avait quand même fait 175 ! Donc j’en suis très loin ! (rires)

Il était d’une époque où acteur était bien sûr un métier un petit peu « noble » et artistique, mais il en avait une conception très ouvrière. Que ce soit lui ou de Funès, ils avaient conscience de la nécessité de bosser, donc ils ne refusaient pas les projets qu’on leur proposait.

Aujourd’hui, il faut bien reconnaître qu’on est devenu beaucoup plus snob ! (rires) On réfléchit aux conséquences pour nos carrières, aux affinités qu’on a avec les équipes, on épluche les scénarios… Je ne saurais pas dire quelle est la meilleure formule entre les deux, mais ce qui est certain, c’est qu’on « sélectionne » un peu plus (quand on a la chance de pouvoir le faire bien sûr) donc Flashback a, pour moi, été un véritable choix.

 

 

La perspective de pouvoir le façonner sur le long terme vous a poussé à avoir envie de camper Josselin ?

J’en discutais avec Audrey Fleurot justement au sujet de son rôle dans HPI. Quand vous faites un film, vous avez une cinquantaine de scènes pour faire avancer le scénario, avec des séquences où vous servez un peu de passe-plat. Alors que dans une série, vous avez, durant chaque jour de tournage, une quinzaine de scènes à jouer. Ça veut dire que vous connaissez votre personnage sur le bout des doigts ! Vous maîtrisez ses sentiments, vous savez comment il va réagir et, si vous vous entendez bien avec la production, vous pouvez soumettre vos idées. Donc on est beaucoup moins sur l’histoire générale, mais beaucoup plus sur l’arc du personnage, son passé et son évolution… Il finit par vous appartenir véritablement et ça provoque quelque chose d’extrêmement jubilatoire…

 

C’est un travail minutieux qui frôle l’orfèvrerie…

Il y a vraiment de ça, y compris dans cette 1ère saison. Plein de fois, il m’est arrivé – avec les deux réalisateurs Stephen Cafiero et Vincent Jamain – de me permettre de leur dire que j’avais la sensation que Josselin ne pourrait pas dire ceci ou faire cela. Dans une série, vous finissez même par mieux connaître le personnage que ses auteurs, parce que vous y mettez forcément beaucoup d’humanité pour le faire exister… Vous en devenez un peu le propriétaire…

 

 

Gwendoline Hamon me disait que les comédiens se sentent garants de leurs personnages au long cours…

Gwendo sait de quoi elle parle, vu les audiences de Cassandre et la fidélité du public qui la suit ! Non seulement vous êtes garant, mais vous êtes également responsable vis-à-vis des téléspectateurs. Un personnage comme le sien, après autant de saisons, ne peut pas faire n’importe quoi au risque de décevoir les gens… Et toute la difficulté est là : en tenir compte tout en réussissant à les surprendre. Dans tous les cas, il ne faut jamais faire de mal au public.

 

Contrairement à un film qui reste une proposition unique et définie, la série crée un rendez-vous, un attachement et donc une attente…

Exactement, il n’y a pas un genre meilleur que l’autre, mais un film est une proposition artistique à laquelle on adhère ou pas. Une fois que le public l’a vu, il le garde en mémoire ou il passe à autre chose. La série crée une relation particulière avec les gens et je pense que c’est grâce à ça qu’aujourd’hui, elles sont devenues des objets à part entière auxquels je suis fier de participer. Si les DVDthèques existaient encore, la mienne serait pleine de séries en tout genre ! (rires), Mais maintenant, tout est numérisé sur mon Apple TV tandis que mes enfants préfèrent aller sur YouTube…

 

 

Flashback souligne ça aussi… Les années 90 ne nous semblent pas si loin et pourtant, beaucoup de choses du quotidien ont changé… La preuve dans le métier de flic exercé à 30 ans d’écart entre le père et la fille…

C’était jouissif de repartir dans le passé comme ça car, contrairement à Constance Gay qui joue ma fille, c’est une période que j’ai connue. J’étais jeune, étudiant, je découvrais tout à cette époque alors c’était amusant et troublant. Par les différentes enquêtes de notre binôme, on retrouve le Minitel, les boys band ou les extraterrestres de Roswell et c’était extrêmement jubilatoire de se replonger là-dedans !

Pas mal de fois d’ailleurs on a challengé les scènes comme avec l’exemple du Minitel où l’on s’est dit que ça pouvait être intéressant de rappeler que ça avait été créé en France ! Mon personnage étant bien chauvin, on pouvait lui faire dire facilement qu’Internet ne fonctionnerait jamais puisque chez nous, on avait le Minitel ! (rires)

L’air de rien, on a eu le web avant le web en France ! On est quand même dans un pays de génie ! Alors après, c’est vrai qu’à part en rugby, on ne sait pas transformer les essais… (rires) Mais c’était révolutionnaire et accessible à tous.

Je me souviens de mes premiers émois sur 3615 Ulla où une femme dénudée en très gros pixels mettait à peu près 45 minutes à apparaître ! (rires) Pour ne pas se faire griller, entre le temps que ça prenait et la réception de la note de téléphone, il fallait ruser…

 

 

Revivre certains moments, comme c’est le cas du personnage de Constance Gay, est un fantasme pour beaucoup…

Je ne pensais pas que je dirais ça un jour, mais si je le pouvais, je revivrais la naissance de ma fille, en 2011. Je ne me suis pas trouvé super à l’accouchement ! (rires) Je m’attendais tellement à une émotion forte que je l’avais trop anticipée et vécue en avance…

Je me souviens d’ailleurs avoir demandé à l’obstétricien si on pouvait la « refaire » ! Évidemment, ça a fait rigoler tout le monde, mais réellement, si je pouvais avoir la chance de revivre quelque chose, ce serait l’arrivée de mes enfants…

Pourtant, je fais plutôt partie des gens qui ne veulent pas remonter le temps, une fois les choses vécues, je préfère aller de l’avant.

Si je devais revenir en arrière, ce serait pour connaître des choses différentes et de nouvelles expériences… Être quelqu’un d’autre… J’aimerais bien être une femme par exemple. Après 50 ans passés à être un homme, je ne serais pas contre l’idée de me glisser dans la peau d’une femme pour essayer d’en avoir une meilleure compréhension.

 

 

Ce qui vous plaît autant dans le fait de jouer, c’est justement de changer de peau et d’avoir la sensation de vivre plusieurs vies à la fois ?

Il y a de tout ça, mais en toute franchise, ça me permet avant tout de prendre des vacances de moi-même parce que, de temps en temps, j’en ai besoin ! (rires) Plus sérieusement, vous vous rendez compte ce luxe qu’on a de pouvoir devenir n’importe qui pendant quelques heures, y compris le pire criminel ? Ça ne veut pas dire qu’on y éprouve un plaisir pervers, mais ça nous permet de vivre des expériences toujours différentes. À force de nous glisser dans tellement de rôles et de destins, ça nous force à faire preuve de beaucoup d’empathie… Quand vous interprétez un personnage, vous êtes obligé de le comprendre donc ça vous fait évoluer personnellement aussi. Je mesure la chance que j’ai de pouvoir faire ce métier qui m’offre effectivement la possibilité – en tout cas, je crois – d’être plus tolérant et un peu moins agressé par la société et moins en colère… J’ai surtout l’impression d’être moins en colère que la société ne l’est…

 

 

Incarner, c’est devenir le personnage tout en lui donnant un peu de soi…

C’est impossible autrement ! Je ne dis pas que je suis aussi bas de plafond que Josselin, mais j’ai un peu de son côté beauf en moi. De toute façon, je ne crois pas les comédiens qui disent que leurs personnages ne leur ressemblent pas du tout car même si c’est inconscient, on leur injecte toujours une part de notre humanité pour les rendre crédibles.

Dans Flashback, j’ai pris un malin plaisir à sortir des horreurs à travers lui ! Heureusement pour la suite de ma carrière, tout n’a pas été gardé ! (rires) Mais c’était drôle de voir les réactions des équipes en plateau car dans notre métier, la parité est très bien respectée, ce qui n’était pas le cas dans la police pendant les années 90… Du coup mon personnage, qui est quand même très misogyne, s’en donne souvent à cœur joie… La façon dont réagissaient les techniciennes pendant qu’on jouait nous a prouvé à quel point les mentalités avaient changé en 30 ans ! Si on voyait qu’elles ne se marraient pas du tout ou que ça grinçait un peu trop, on apportait des modifications puisqu’elles étaient notre premier public. Le but est de témoigner d’une époque, mais surtout pas de blesser. L’esprit doit rester bienveillant et moral.

 

 

Il a des vannes un peu sexistes, racistes et homophobes, mais on sent que ce n’est pas un méchant… Il donne plus la sensation de suivre une « mode » comme un ado qui se met à fumer pour faire partie de la bande…

Exactement et c’est ce qu’on appelle le racisme ou la misogynie systémique… On n’a pas l’impression d’être fondamentalement raciste ou misogyne, ni de faire du mal, mais on fait partie d’un système qui fait du mal…

 

Il est intéressant et attachant parce qu’évidemment, en grattant, on découvre d’autres facettes de lui…

Oui, il aime profondément sa femme et sa fille et c’est ce à quoi je me suis attaché pour le rendre vrai et attendrissant. J’essaye toujours de faire en sorte que mes personnages ne soient pas des connards « totaux » comme j’aime le dire. Ce sont de bonnes personnes au fond, même quand la carapace est un peu dure ou qu’ils ont des réflexes épidermiques et désagréables. Ce sont des gentils et j’apprécie beaucoup ce mot, qui à mon goût, a trop perdu de son sens et de sa valeur.

En réalité, Josselin en est un et il est prêt à mourir pour sa famille… Je ne suis d’ailleurs pas sûr que tout le monde soit capable de ça.

 

 

Vous dites que jouer, c’est vous reposer de vous-même, mais jouer pour quelqu’un d’autre que vous, ça l’est aussi ?

Complètement ! (rires) À chaque fois que je me lance dans une nouvelle réalisation, je sais que je perds du capital vie. Je pense qu’un film que je dirige et dans lequel je joue me « coûtera » deux ans à la fin de mon existence tellement c’est éprouvant physiquement et nerveusement ! (rires)

Heureusement, il y a des gens qui le vivent mieux, mais c’est beaucoup d’investissement. C’est pour ça que quand je peux me plonger dans le projet d’un autre réalisateur – bien que j’aie du mal à ne pas m’emmêler avec ma tendance un peu control freak -, j’y vais sans hésitation ! Je sais que je peux être chiant à donner mon avis sur un travelling ou un plan, mais j’essaye de me soigner ! (rires)

Travailler pour quelqu’un d’autre me fait vraiment du bien parce que lorsque je réalise, je ne vois pas le jour, je ne dors pas, je veux tout faire, toucher à tout… Je suis tellement couteau suisse que je suis un peu mon meilleur ennemi.

 

Vous êtes plus un créateur qu’un comédien…

J’ai une idée précise en tête de ce que je veux à chaque fois, alors je fais la musique, la production et si on ne m’en empêche pas, je fais les ourlets des pantalons ! (rires) Le pire, c’est que j’en suis conscient, mais je ne m’en sors pas… Il faudrait que j’apprenne à déléguer…

 

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos Nicolas Robin – TF1

 

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