CONCERT

MC Solaar en interview pour sa tournée et son triptyque « Lueurs célestes »

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« Ma technique : en faire le moins pour faire le mieux ! » MC Solaar

 


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D’un calme olympien avant de fouler la scène du Mas, MC Solaar s’est livré avec autant de sérénité que de générosité. Lui qui fait partie des légendes vivantes du rap français prend en effet encore et toujours « la peine » d’être à l’écoute de chaque personne qu’il croise, puisant en elle une part, même infime, de l’inspiration qui lui permettra de retranscrire la société et l’humanité d’aujourd’hui. Fin, drôle et observateur, il livre avec douceur, poésie et sagacité ses dernières rimes et figures de style dans un triptyque (deux chapitres disponibles : Lueurs célestes et Éclats cosmiques) où s’invitent autant une histoire d’amour naissante (Okay) qu’un questionnement sur les aberrations du monde actuel (Big Data)

 

 

 

 

 


 

 

MC Solaar en interview et en concert

interview / concert / album / musique / tournée / rap

 

 


 

 

 

Morgane Las Dit Peisson : En tournée pour quelques mois… 

MC Solaar : J’éprouve un vrai plaisir à prendre la route parce que je vais dans des lieux très différents les uns des autres et j’ai pris, avec l’équipe, l’habitude de casser la routine qui peut s’installer quand on va de salle en salle. Même si on a rarement beaucoup de temps sur place, on essaye d’aller faire un tour sur les marchés, goûter les spécialités locales, visiter les hauts lieux touristiques… En gros, on fait comme Pierre Bonte quand il suivait le Tour de France ! (rires) Ce que j’aime dans la tournée, ce n’est pas simplement le concert en lui-même mais c’est de revoir des gens, en rencontrer, aller à la découverte de nos régions et m’enrichir de tout ça ! La musique m’a offert le privilège de réaliser à quel point on vit dans un superbe pays…

 

Les voyages et les rencontres inspirent…

Oh que oui ! (rires) Tout ce que je vois et tout ce que je vis me sert dans les histoires que je raconte mais aussi pour créer les atmosphères et les rythmes des morceaux… Je marche beaucoup aux ambiances et aux souvenirs, je peux commencer à écrire une phrase et me retrouver instantanément plongé, par l’esprit, dans une rue que j’ai traversée. Maintenant la « jeunesse » est un peu passée mais c’est vrai que les voyages forment ! (rires) Quand j’ai débuté, je croyais que le travail d’artiste c’était à parts égales : le studio, la promotion et les concerts. Alors qu’en réalité, la base de toute inspiration c’est de bouger, d’aller voir des choses, d’entendre des accents, de rester ouvert, curieux, attentif et de se nourrir de tout ça. On ne peut pas enchaîner album sur album car entre les deux, il faut vivre si on veut avoir des choses pertinentes à dire… Avec le recul que j’ai aujourd’hui, je peux affirmer que je ne regrette pas d’avoir choisi, pour tout ça, ce métier-là…

 

 

Déjà deux volets du projet « triptyque »…

J’ai pris un peu de retard entre les 2 premiers volets mais je voulais avoir des crochets, des atomes crochus, capter l’air du temps, rencontrer des gens et ne pas tourner en rond. Entre Lueurs célestes – la première partie du triptyque – et Éclats cosmiques, c’est toujours la même personne mais qui se balade dans d’autres univers. Le titre Okay est par exemple le fruit d’une rencontre avec une artiste – Marie-Flore – et ça a été un très joli hasard. Elle est plus rock que rap mais notre duo est la preuve que si l’on reste ouvert à la curiosité et qu’on conserve un esprit de concorde en refusant de s’engouffrer dans la compétition, on peut « juste » faire de la musique et des œuvres.

 

Tu collabores avec de nombreux compositeurs et artistes…

J’ai besoin de travailler dans l’émulation et je pense que, comme je le disais dans le morceau L’histoire de l’art, l’imitation c’est de la « limitation ». Alors quand je croise un artiste dont j’admire le talent, j’ai simplement envie de le mettre en avant et pourquoi pas de travailler avec lui ! Ce qui compte c’est le partage, il ne doit pas y avoir de concurrence. Il y a assez de gens sur terre pour qu’on puisse trouver les âmes à qui nous adresser. C’est comme si Picasso ou Braque n’avaient pas pu exister parce qu’il y avait eu Poussin avant eux ! (rires) Je suis content que certains découvrent Marie-Flore, par exemple, grâce à Okay même si je sais qu’elle n’a pas besoin de moi pour rencontrer son public…

 

 

Quand on pense à toi, outre ton flow, on pense à tes mots…

Contrairement à ce qu’on croit, j’écris très peu et je sors des albums de façon bissextile ! (rires) Je pense que c’est justement parce que je ne m’oblige pas à pratiquer cet « exercice » régulièrement que les choses m’arrivent facilement quand je vais en studio. J’ai la sensation que tout ce que j’ai pu observer se condense tout à coup. En espaçant les albums, je prends le temps de vivre et ça permet de créer un système de jachère… Donc j’ai la chance que ce ne soit pas laborieux. Je vais à l’écriture avec parcimonie car j’ai peur qu’en y allant tous les jours, ça se dilue, ça s’étiole… Alors j’attends et quand c’est l’heure, je le ressens et à ce moment-là, je ne m’arrête plus car il faut que ça sorte et que ça s’exprime. C’est comme quand on fait son premier album, il arrive assez facilement car on a tout un vécu. J’essaye de faire des premiers albums à chaque fois… C’est ma technique : en faire le moins pour faire le mieux ! (rires) C’est comme à Grasse, c’est (j’espère) de l’élixir, du concentré… (rires)

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Mas pour Le Mensuel / Photo R. Garcin

 

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