COUPS DE COEUR

Maxime Gasteuil en interview pour son spectacle « Maxime Gasteuil arrive en ville » et ses projets ciné

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Je suis juste un mec « normal »…

 

En vidéo, sur scène ou prochainement au cinéma dans l’adaptation de son spectacle pour le 7ème art, Maxime Gasteuil a su rester – malgré les dizaines de milliers de personnes qui le suivent sur les réseaux et l’applaudissent dans les salles – le même que celui qui débarquait à Paris une valise à la main et la tête pleine d’envies ! Humble et bosseur, c’est avec une désarmante simplicité et une incontestable sincérité qu’il retrace ce 1er chapitre de sa vie d’artiste « provincial ».

 


🎟️  Maxime Gasteuil pour « Maxime Gasteuil arrive en ville »

  • au Dôme de Marseille le 23 mars 2022
  • à l’Acropolis de Nice le 26 mars 2022

 

 

Morgane Las Dit Peisson : En tournée dans des salles qui ne cessent de s’agrandir…

Maxime Gasteuil : C’est toujours dingue de se dire qu’une personne achète un billet et réserve sa soirée pour venir voir mon spectacle alors c’est un peu difficile de réaliser qu’il y en a plusieurs centaines, voire milliers, qui font ce même choix ! C’est déroutant et si gratifiant à la fois… Avec mon équipe, on travaille énormément donc on ne démérite pas mais quand je monte sur scène face à une salle pleine, ça semble presque irréel…

Sur scène, une sincérité à toute épreuve…

Je me présente aux gens comme je suis car pour moi, le plus important, c’est de proposer du vécu et des choses qui me touchent profondément. Ma recette à moi c’est le quotidien, l’anecdote, des détails qui me font marrer… Je ne peux pas m’inventer un passé que je n’ai pas, j’ai eu la chance de naître dans une famille aimante, j’ai grandi à la campagne, on m’a transmis de vraies valeurs, je n’ai pas connu de grands drames, je suis juste un mec « normal » et mon humour est le reflet de tout ça.

Maxime Gasteuil arrive en ville

Ce one-man est vraiment le fruit de mon expérience de provincial qui débarque « à la Capitale » ! (rires) Je m’amuse à faire plein de comparaisons entre Paris et ma Bourgogne natale non pas pour « défoncer » la ville et les citadins mais juste pour rappeler que Paris n’est pas représentative de la France, elle n’en est qu’une petite partie. On en parle beaucoup car elle centralise les gros médias et les institutions mais heureusement qu’on a Lille, Bordeaux, Marseille ou Lyon pour faire tourner le pays ! (rires) Comme beaucoup de comédiens, j’y suis monté pour faire mes armes en espérant y travailler plus qu’en région.

 

 

Des débuts pas si idylliques…

Ah non en effet ! (rires) Je rêvais du beau Paris que je voyais dans les films mais en arrivant, j’ai vite compris que ce ne serait pas une comédie romantique ! (rires) C’est speed et impersonnel quand on n’a pas les codes et qu’on ne connaît personne. C’est de cette frustration que sont nées pas mal d’idées du spectacle car une fois que j’ai pris du recul sur la vision idéalisée et stéréotypée que j’avais de mon arrivée à Paris, j’ai réalisé à quel point ce que je vivais pouvait être drôle et pouvait parler à tout le monde !

Ça signifie que tout est vécu dans ce spectacle ?

On extrapole un peu, on grossit le trait mais tout est vrai sur les transports, le logement, les rencontres…

Les femmes sont d’ailleurs bien présentes…

Les femmes prennent une place importante dans Maxime Gasteuil arrive en ville car j’adore les femmes et naturellement, j’ai eu envie de les mettre en valeur. C’est sûrement grâce à mon éducation et à l’existence de ma petite soeur mais j’aime profondément écouter les femmes pour essayer de mieux les comprendre. Et rien que ça, je sais que ça ruine complètement le cliché du mec un peu rustre qui vient de la campagne ! (rires) J’ai eu pour exemple un père qui a toujours voué sa vie à sa femme et ses enfants donc j’aurais du mail à jouer au gros macho dans un spectacle qui parle de la personne que je suis vraiment…

 

 

La scène a fini par devenir un besoin viscéral ?

J’arrive à faire la part des choses entre ce qui compte le plus pour moi – ma vie privée – et mon métier qui, pourtant, occupe toutes mes pensées ! Quand on a goûté à la scène, c’est compliqué de s’en passer car c’est réellement addictif. Ça a été flagrant pendant les mois de pause forcée et vu que je n’avais pas l’intention de me laisser mourir dans un coin, j’ai mis toute mon énergie, mes idées et mon manque de contacts physiques dans des vidéos ! (rires) Ça ne procure évidemment pas la même sensation qu’une salle qui rit à l’unisson mais c’est un exercice réellement intéressant. Par contre, je réalise en les regardant que je m’énerve de plus en plus tout seul… (rires)

La vidéo est une autre méthode de travail…

J’y ai pris goût. Je trouve ça très plaisant d’écrire, de faire des séquences, de dérusher, de couper, de sélectionner, de faire un petit montage pour que ce soit dynamique… C’est une autre facette du métier qui m’inspire énormément…

 

 

Un livre également…

Je n’en aurais pas eu l’idée tout seul ! (rires) Lafon est venu me voir sur scène et m’a demandé si je n’avais pas envie d’écrire un ouvrage… Sur le moment, très honnêtement, j’étais à fond dans le spectacle et je n’avais pas envie de m’éparpiller. J’ai alors repensé à une chronique qu’on faisait chez Rire et Chansons pour donner des conseils aux provinciaux qui venaient à Paris afin de leur éviter de se faire avoir ! Ça a donné Le guide du Provincial à Paris sur lequel on a bossé avec un grand sérieux ! C’est un vrai guide avec de vraies adresses de restaurants ou d’hôtels et même des coins de pêche ! (rires) C’est criblé d’anecdotes et d’illustrations, alors on ne prétend pas être de grands auteurs mais on a fait quelque chose à notre portée et avec sincérité. On est fier de ce bel objet !

Pour un mec qui fait du seul en scène, tu utilises peu le « je »…

Il y a toute une équipe à mes côtés. Il y a Édouard Pluvieux à la mise en scène et à la co-écriture bien sûr mais il y a aussi Magali et son cousin Benjamin à la production. Quand on s’est rencontré, on s’est aperçu qu’on avait la même vie, les mêmes valeurs, la même éducation, les mêmes centres d’intérêt et naturellement, c’est devenu un moteur dans le travail. Il y a une transparence, une cohésion, une confiance et une implication telle que je ne pourrais jamais parler en mon nom uniquement. Ce spectacle, ce n’est pas le mien, c’est réellement le nôtre ! On vit presque en autarcie et on développe nos projets ensemble que ce soit pour la scène ou, désormais, pour le cinéma

 

 

Un véritable cocon…

Une structure comme ça, dans le métier, ça n’existe pas – ou plus – malheureusement donc je mesure la chance que j’ai qu’on soit tombé les uns sur les autres ! Je connais plein d’humoristes qui sont surcotés ou sous-estimés, qui sont pressés comme des citrons ou à l’inverse complètement délaissés, donc je ne me passerais de cette famille là pour rien au monde !

C’est normal qu’une production soit là pour gagner de l’argent mais aujourd’hui, les artistes sont considérés, la plupart du temps, comme des produits à vendre à tout prix ! On compte les followers, les vues sur YouTube et on en oublie l’essentiel… Heureusement – la preuve – que tout le monde n’est pas comme ça !

Un projet de film…

Oui et là aussi, on enchaîne les rendez-vous ensemble et on est très surpris de rencontrer, dans le monde du cinéma, des gens qui nous ressemblent et qui partagent notre vision du travail. C’est rassurant de voir qu’on peut se lancer dans de grands projets avec des équipes à taille humaine ! On verra comment les choses évoluent mais on est en train de mettre au point l’adaptation du spectacle au cinéma. Ça fait 5 ans qu’on est dessus, qu’on retouche, qu’on réécrit et qu’on peaufine pour mettre sur pied une jolie comédie avec une vraie histoire et du fond. Maintenant, notre souhait, c’est de le tourner le plus rapidement possible !

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos Laura Gilli 

 


Interview parue dans Le Mensuel n°429 de mars 2022

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