INTERVIEW

Marc Fayet en interview

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Auteur de Jacques a dit, À chacun sa madeleine ou encore la « moliérisée » Des gens intelligents, Marc Fayet propose un théâtre à la fois comique, émouvant, contemporain et, comme Visconti dans ses films, anthromorphique… Passionné par l’humain, c’est à travers des échantillons de cette espèce commune et pourtant si complexe que l’auteur, comédien et metteur en scène s’amuse à en décortiquer et analyser le comportement ! Regroupant cette fois-ci trois couples d’amis dans une maison de vacances, Marc Fayet décide de chambouler leurs relations et d’observer leurs réactions suite à la disparition d’une somme d’argent… De seulement Deux euros vingt !

 

 

Marc Fayet

04 / Marc Fayet, Deux euros vingt : L’Aggloscènes / Saint-Raphaël / 14 janvier


« J’aime raconter le comportement des gens face à un évènement complètement bénin… »


Votre pièce Deux euros vingt s’est créée cet été à Avignon…

Marc Fayet : Avignon c’est une véritable opportunité de rencontrer un premier public, de découvrir l’impact que la pièce peut avoir sur lui mais aussi, évidemment, de peaufiner le travail… Dans une comédie, on recherche toujours une efficacité alors on a besoin de plusieurs représentations pour analyser à quel moment le public rentre dans l’histoire et observer comment il réagit. C’est réellement un travail de détails, de coupes et de retouches qui permet de gagner en intensité… Cette étape là est tout à fait passionnante !

José Paul à la mise en scène…

Quand on écrit seul sa pièce, on a une idée, on suit son instinct et son envie de mettre sur pied une histoire mais on peut parfois, sans s’en rendre compte, devenir « bavard » et redondant ! (rires) C’est quelque chose dont on ne prend réellement conscience qu’au moment où on la joue à moins qu’on ait la chance d’avoir un bon metteur en scène ! (rires) José Paul endosse très souvent pour mes pièces ce rôle de premier « filtre »… Avec les années, il a appris à connaître mon écriture et il sait exactement où il doit couper. Il est l’oeil extérieur essentiel qui me fait gagner un temps fou ! J’ai une confiance absolue en lui alors je l’écoute et j’essaye toujours ce qu’il me conseille… 

Des comédiens habitués à ce duo…

Ils ont tous déjà travaillé avec José Paul et moi alors en effet, ils connaissent bien notre façon d’avancer. Ils savent que ce que l’on attend d’eux, c’est-à-dire qu’ils nous apportent ce qu’ils sont. C’est pour leur caractère et leur inventivité qu’on les choisit car ils apportent aux personnages une matière formidable qui nourrit mon écriture mais aussi la mise en scène.

Des décors un peu différents de d’habitude…

Oui ils sont beaucoup plus épurés que d’habitude car ils ont été imaginés pour cette création avignonnaise sur une scène moins large que celles que l’on va rencontrer pendant la tournée et qui accueille divers spectacles sur une même journée. En règle générale, on évolue dans des décors assez importants alors ça a obligé José Paul à trouver une idée astucieuse et habile qui nous permette à nous, comédiens, de vivre dans la maison de vacances où se déroule l’action…

Une comédie humaine…

Ce sont véritablement les rapports humains qui m’intéressent toujours le plus car ce sont des thématiques assez universelles et intemporelles. Cette fois-ci, j’ai eu envie de me pencher sur la confrontation de trois couples qui partent en vacances ensemble et qui vont se focaliser, à un moment donné, sur la disparition de Deux euros vingt ! (rires)

Partir en vacances à plusieurs, c’est quitte ou double…

Exactement, c’est source inépuisable de comédie ! (rires) On peut adorer passer des soirées avec des amis et finir par ne plus les supporter après une semaine de vie commune… Surtout que dans la pièce il y a la question de l’argent qui va aider à « pourrir » leurs rapports… Des tensions vont apparaître alors que 220, dans les faits, c’est dérisoire ! Qui les a pris ? Pourquoi et pourquoi il n’ose pas l’avouer ? Ça amène le soupçon, la méfiance et ça déclenche la crise ! (rires) Et le plus drôle dans tout ça, c’est que le public aussi est en haleine pour découvrir le « voleur » de cette modique somme ! (rires)

Une somme dérisoire mais un comportement significatif…

C’est ça, bien souvent, qui m’intéresse… J’aime raconter le comportement des gens face à un évènement complètement bénin qui va pourtant avoir le pouvoir de bouleverser les convictions, les certitudes, le jugement et donc les rapports entre les gens. Dans Deux euros vingt, les personnages vont se situer et juger s’ils trouvent cette disparition importante ou non, significative ou non. L’argent est un bon révélateur qui va soulever plusieurs types de questions : l’un d’entre est-il malhonnête, dans le besoin ou s’acharne-t-il à semer la discorde ?

Un personnage qui ne s’attendait pas à ça…

(rires) En effet, mon personnage – qui est aussi le narrateur de l’histoire – n’avait qu’un simple jeu en tête : laisser traîner 2€20 sur une table pour voir s’ils allaient disparaître… Complice du public avec qui il se livre à sa petite expérience, il va rapidement déchanter en voyant les proportions que sa blague finit par prendre ! (rires)

Une pièce chorale…

Ça fait vraiment partie de mon écriture justement parce que j’aime installer les gens confortablement avant de les confronter. C’est intéressant d’assister à des débats, des conflits ou des marques excessives d’amitié car ça crée une circulation entre les différents rôles, ils évoluent, ils changent d’opinion et de comportement tout au long de la pièce. Un moment de crise peut révéler les caractères et transformer en bien comme en mal les relations entre les êtres… C’est un résultat que je ne pourrais pas obtenir sans pièce chorale…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Théâtre Actuel d’Avignon en juillet 2019 • Photos droits réservés


Interview parue dans les éditions n°410 #1, #2, #3 et #4 du mois de janvier 2020

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