INTERVIEW
Lulu Gainsbourg en interview
Alors que personne n’est jamais surpris d’apprendre qu’un fils reprend la boulangerie de son père, la descendance des artistes fait quant à elle bien plus souvent débat… Cherchant inlassablement les ressemblances, les différences et la légitimité qui se cachent derrière « les enfants de », les gens en oublient souvent d’écouter réellement les propositions artistiques de ces héritiers médiatisés pour les mauvaises raisons. Ayant réglé la question de la filiation dès un tout premier album – From Gainsbourg to Lulu – consacré au répertoire de son père, Lulu Gainsbourg n’a, depuis 2011, cessé d’affûter son propre style… Succédant à Lady Luck, Tequila – le premier titre de son prochain opus – devrait mettre l’eau à la bouche à quelques-uns…
À Solliès-Pont au Festival du Château le 25 juillet
« Je ne peux qu’être fier d’être le fils de Serge Gainsbourg ! »
Le premier titre – Tequila – de votre prochain album, vient de sortir…
Lulu Gainsbourg : Ce n’est pas la première fois que je vais sortir un album alors on pourrait penser que c’est plus facile ou que c’est exempt de tout stress mais ce serait trop facile ! (rires) Par contre, c’est la première fois que je chante intégralement en français, c’est nouveau pour moi donc c’est très excitant. Et puis, j’ai collaboré avec ma copine sur la conception de l’album et très franchement, ça a été un véritable plaisir de travailler à quatre mains ! Ça s’est fait rapidement, simplement et j’espère que les gens aimeront aussi le reste… (rires) D’ailleurs, heureusement que je ne suis pas particulièrement superstitieux puisque cet album devrait sortir le vendredi 13 octobre prochain !
Cet album sera en français bien que vous nous ayez « quittés » pour l’Angleterre…
Je me rends compte en effet que ça fait déjà onze ans que je suis parti de la France, ça défile incroyablement vite ! (rires) J’ai passé six ans aux États-Unis et fait ensuite des études en Angleterre au Berklee College of Music… J’aime beaucoup le changement et les voyages mais me rapprocher notamment de ma mère qui vit à Paris, ça me fait du bien aussi.
Vos trois albums ont été conçus à New-York…
New-York est vraiment une ville qui ne dort jamais, c’est dingue ! Mais, même si c’est une lieu exceptionnel, j’y ai travaillé mes albums avant tout parce que je suis très attaché à mon équipe et que l’un de mes meilleurs amis – qui est le réalisateur de cet album – vit là- bas… On a la même vision artistique des choses alors la distance importe peu.
Gainsbourg est un nom riche en références, presque mythique…
C’est une véritable fierté pour moi que de porter le nom de Gainsbourg ! Aujourd’hui, j’ai pris conscience de ce que ça pouvait représenter mais honnêtement, ça m’a pris du temps… Ça a marqué tellement de gens et ça touche tel- lement de générations différentes que je ne peux qu’être fier d’être le fils de Serge Gainsbourg, à la fois pour ses travaux d’artiste et pour le père qu’il a été…
Une fierté mais aussi une difficulté supplémentaire pour se faire un prénom en tant d’artiste…
Ce n’est pas facile, c’est vrai, de faire de la musique quand on a eu un père comme le mien, avec un tel statut… Et surtout, être son fils ne m’a pas dispensé – bien au contraire -, de travailler dur ! J’ai commencé la musique tôt, j’ai fait le Conservatoire et j’ai beau- coup étudié avant de mettre tout ça en pratique dans mes albums. D’ailleurs, si je me suis lancé, c’est uniquement parce que j’aime profondément ça et que j’ai des choses à dire…
Tomber dans la musique était quasiment inévitable ?
À 3 ou 4 ans à peine, mon père m’avait offert un piano car il vou- lait absolument que j’en joue. Par contre, il ne voulait pas me l’enseigner lui-même et, quand il est parti, j’ai passé des journées entières à reproduire des mélodies qu’il m’avait jouées et que j’avais finit par apprendre à l’oreille…
Vous jouez mais composez aussi…
Honnêtement, la composition reste autant un mystère pour moi que pour vous ! (rires) Le monde musical est très vaste bien qu’on ne parte que d’une base de sept notes et il est très dur de trouver une mélodie qui soit originale… Je teste, j’avance, je fais des choses, je m’accorde du temps et, si ça me reste dans l’oreille pendant quelques semaines, je pousse la chose un peu plus loin pour trou- ver un son vraiment original.
Tequila, votre dernier morceau, raconte une addiction à la boisson…
Cette chanson semble raconter une histoire d’amour jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que l’être aimé n’est autre que la tequila… Ça me plait d’ajouter des pointes d’humour et d’ironie. Dans le reste de l’album, on retrouvera cette vibe positive et pleine de bonne humeur grâce à la thématique de l’amour qui m’inspire tout parti- culièrement depuis que je suis heureux, que je vis et que travaille avec la femme que j’aime….
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Droits réservés
Interview parue dans Le Mensuel de juin 2017 n°383 éditions #1 et #2
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