INTERVIEW
Laurent Barat en interview
Bien loin du jeune humoriste niçois qui nous avait accordé sa toute première interview en 2010, Laurent Barat a fait du chemin ! De plateaux télé en studios de radio en passant bien évidemment par une scène qu’il a foulée pendant de nombreux mois sans s’accorder la moindre pause, l’artiste a su séduire, au fil des années tant le public que des professionnels comme Pascal Légitimus – devenu son metteur en scène – et Gad Elmaleh qui, face à tant de naturel sur les planches, n’a pas résisté à l’envie de lui demander d’assurer les 1ères parties de sa dernière tournée…
ENREGISTREMENT DU DVD DE LAURENT BARAT À L’OPÉRA DE NICE
⇒ À l’Opéra de Nice le 22 mars 2017
« Se relancer dans l’inconnu avec de nouveaux sketchs, ça m’effraie autant que ça m’excite ! »
Morgane Las Dit Peisson : Paris nous a encore volé l’un de nos talents…
Laurent Barat : C’est vrai que Paris est un lieu incontournable si l’on veut travailler le plus régulièrement possible et avoir la chance de pouvoir faire des rencontres. Sans cette étape parisienne, je n’en serais sûrement pas là aujourd’hui mais à chaque fois que je repasse par le sud en général et Nice en particulier, je réalise combien on a de la chance de vivre ici ! Déjà rien que la météo est merveilleuse ! Je te jure que c’est quelque chose qu’on finit par oublier quand on s’expatrie dans le froid ! (rires) C’est peut-être l’âge, mais très honnêtement je me rends vraiment compte aujourd’hui que la météo et le soleil jouent réellement sur le moral des gens et du coup, je comprends mieux pourquoi les parisiens font tout le temps la gueule… (rires)
Tu joues plusieurs soirs chaque semaine, c’est très formateur…
J’ai joué au théâtre des Feux de la Rampe et au Palais des Glaces et c’est vrai que travailler aussi régulièrement, ça change la donne. Depuis que je suis monté à Paris, j’ai un peu abandonné le rythme sudiste (rires) et j’alterne chaque jour l’écriture, la scène, ma chronique sur France Bleu, sur Eurosport, les interviews, les plateaux d’humoristes… C’est intense, il y a peu de repos possible mais même si une petite fatigue physique peut parfois se faire sentir, c’est exactement cette frénésie et cette ébullition que l’on recherche et dont on a besoin pour progresser.
Ça peut en faire rêver certains mais la vie parisienne n’est pas faite que de strass et de paillettes…
C’est une ville magique surtout quand on rêve de faire du spectacle son métier mais il est nécessaire de ne rien idéaliser… La concurrence est rude, on est très nombreux et puis, c’est grand… Les gens sont très occupés, très pressés et bien que ça me choquait un peu quand j’ai débarqué à Paris, j’ai fini sans même m’en rendre compte, par devenir pareil ! C’est difficile d’avoir de véritables rapports humains et de prendre le temps d’échanger avec les gens qui forment cette foule si dense…
C’est le prix à payer pour vivre de sa passion…
On aurait presque tendance à l’oublier mais c’est vrai qu’humoriste, c’est un réel boulot dont je crois que le pire ennemi est le doute… Parfois, j’écris des sketchs à 3h du matin, j’en suis fan et le lendemain matin au réveil, quand je retombe dessus, je me demande comment j’ai pu pondre un truc pareil ! (rires) C’est ça le plus difficile et le plus frustrant, c’est de ne pas avoir suffisamment de recul et de ne jamais être sûr de soi… Et quelque part, si on l’était, on ne ferait certainement pas ce métier là… Cette instabilité et cette recherche constante sont aussi angoissantes que vivifiantes, c’est très étrange !
Voir régulièrement d’autres humoristes, ça conforte dans nos choix ou ça peut semer le doute ?
J’ai l’impression d’avoir réussi à en tirer le meilleur parti… Bizarrement, le fait d’aller voir le plus souvent possible des collègues humoristes et d’avoir fait autant de premières parties de Gad Elmaleh ne m’a pas influencé, au contraire ça m’a véritablement poussé dans mes retranchements et rassuré sur ce que j’avais vraiment envie de proposer sur scène.
Ton 1er one-man va être capté pour en faire un DVD et tu travailles déjà sur le prochain…
C’est sûr que j’ai un petit pincement au coeur quand je pense qu’assez prochainement je mettrai au placard ce 1er spectacle qui m’aura accompagné pendant tant d’années et même si s’atteler au second est extrêmement jouissif, je dois reconnaître que cette étape ne se fait pas sans un gros flip ! Car là, l’air de rien, je suis quand même dans un certain cocon, j’ai quelques petits automatismes, des habitudes, je sais ce qui fonctionne, ce qui fait marrer les gens alors se relancer dans l’inconnu avec de nouveaux sketchs et de nouveaux personnages, ça m’effraie autant que ça m’excite !
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Stéphane Kerrad
Interview parue dans Le Mensuel de janvier 2017 n°377 éditions #1 et #2
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