INTERVIEW
Kyo en interview
Bien que la voix de Benoît Poher, le chanteur du groupe puisse nous laisser croire qu’il n’en est rien, presque quinze ans ont séparé Le chemin – premier grand succès de Kyo – et le dernier album du groupe paru en décembre dernier… Animés par la même envie et la même passion qu’à l’époque où, à peine âgés de la vingtaine, ils connaissaient un succès fulgurant sans trop avoir eu l’occasion de s’y préparer, les quatre membres du groupe, ont évidemment évolué sans pour autant s’évertuer à changer radicalement. Après des récompenses, des tournées colossales, une pause jugée trop longue par leurs fans et un retour plébiscité il y a quatre ans, Dans la peau s’est, dès sa sortie, imposé comme une suite logique grâce à des sonorités percutantes qui, si elles ne jouent pas les redites, rappellent pourquoi ce groupe là a tant marqué une génération…
« J’AI LA SENSATION QU’ON PROFITE PLUS DE CHAQUE INSTANT… »
MORGANE LAS DIT PEISSON : CET ÉTÉ VOUS AVEZ JOUÉ EN PLEIN AIR ET RETROUVEREZ LES SALLES FERMÉES À LA RENTRÉE…
BENOÎT POHER : Alterner les fes- tivals et les salles plus classiques oblige à retravailler le show différemment à chaque fois et c’est passionnant ! On doit s’adapter aux jauges, aux contraintes techniques mais aussi aux ambiances et ça permet de ne jamais entrer dans une routine… On varie les plaisirs tout le temps ! (rires) Et puis, on a un énorme avantage avec notre dispositif, c’est que l’on a plein de petits écrans modulables qui ajoutent et retirent des effets à volonté.
FLORIAN DUBOS : Par contre, que ce soit en intérieur ou en extérieur, dans des salles de 1000 ou de 8000 personnes, le dénominateur commun reste l’énergie que l’on donne ! On espère d’ailleurs à chaque fois que les gens se lèvent car c’est important sur un concert de Kyo ! (rires)
FUIR LA ROUTINE OBLIGE À SE RENOUVELER SANS CESSE…
BENOÎT : Je crois que ne pas s’endormir sur ses habitudes et ses acquis est vraiment la clef pour rester créatif. Sur le dernier album Dans la peau, par exemple, on n’a pas spécialement procédé de la même manière que sur le précédent, parfois j’ai essayé de faire rentrer mes textes au chausse-pied dans les mélodies de mes camarades, parfois ce sont eux qui ont composé en premier… On essaye de ne pas avoir trop de règles et surtout de ne pas hésiter à sortir de notre petite zone de confort…
À L’APPROCHE DE LA QUARANTAINE ET AVEC L’EXPÉRIENCE, ON VIT CE MÉTIER DIFFÉREM- MENT ?
BENOÎT : J’ai l’impression qu’en effet on prend plus de plaisir aujourd’hui… Quand on a commencé, on était beaucoup plus jeunes, plus fougueux et la fougue est un élément essentiel quand tu commences un groupe. Ça te permet d’y croire à fond et c’est important car les autres n’y croient pas spécialement pour toi en général ! (rires) Le charme des premières années, c’est cette forme d’insouciance et de naïveté que l’expérience finit automatiquement par atténuer un peu… J’ai la sensation qu’on profite plus de chaque instant car au fil des années, on a pris conscience qu’être encore là était une véritable chance ! Durer dans ce métier est très difficile et aléatoire alors on apprécie désormais réellement tout ce que l’on vit à sa juste valeur.
NICOLAS CHASSAGNE : Et c’est vrai que l’approche de la quarantaine fait voir les choses sous un autre angle… On n’a plus la même pression face au regard des gens et on admet mieux que certains ne nous aiment pas alors qu’à 20 ans, on prend tout trop à coeur.
DANS LES SALLES, LES GÉNÉRATIONS SE CÔTOIENT…
BENOÎT : On ne sait jamais trop qui achète nos albums mais c’est vrai qu’en tournée, on a le privilège de mettre des visages sur notre public et il s’avère qu’en effet, ils sont le témoin d’un grand éclectisme ! On a été très agréablement surpris par ce mélange des générations… Pas mal d’enfants ont d’ailleurs écouté nos titres dans le ventre de leurs mamans, je trouve ça très touchant !
LE PUBLIC NE VOUS AVAIT PAS OUBLIÉS MALGRÉ QUELQUES ANNÉES DE PAUSE…
FLORIAN : Ça a été une incroyable surprise ! Dix ans ont séparé la sortie des albums 300 lésions et L’équilibre alors évidemment, on était loin d’imaginer que Le Graal allait nous permettre de retrouver aussi vite le public ! L’accueil a dépassé toutes nos attentes et la machine s’est relancée comme si rien ne s’était jamais arrêté… Ça nous a prouvé qu’il existait un réel lien entre nous et le public mais aussi que ce dernier était prêt à nous soutenir dans des registres musicaux un peu différents. Encore une fois, on doit reconnaître que l’on a eu une chance extraordinaire car en plus de ne pas nous avoir oubliés, les gens nous ont fait savoir qu’ils nous attendaient…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson aux Nuits du Sud de Vence • Photos Franck Bohbot
Interview parue dans les éditions n°395 #1, #2 et #3 du mois de septembre 2018
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