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CINÉMA

Kev Adams en interview pour son nouveau film « Maison de retraite » !

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« Si on vieillit, c’est qu’on a la chance d’être encore en vie ! » 

 

S’il y a une douzaine d’années on le considérait comme un petit prodige de la scène, on était étonnamment loin de la vérité. Réelle exception dans son domaine, Kev Adams a en effet su dompter les planches mais également se frayer un chemin dans l’univers parfois impitoyable du cinéma, jusqu’à gagner la confiance des plus grands. Alors qu’il est à l’affiche du 50ème film de Claude Lelouch, le comédien, scénariste et producteur s’offre lui aussi un casting de haut vol (avec Gérard Depardieu pour ne citer que lui) dans une comédie – réalisée par Thomas Gilou – à la fois drôle, tendre et poignante où son personnage gérontophobe se retrouve à purger une peine dans une Maison de retraite

 

 


 

🎟️  Kev Adams pour le film « Maison de retraite » au cinéma le 16 février 2022  /  Avant-premières en présence de Kev Adams le 09 février 2022 à 14h15 au CGR Draguignan Chabran   /   le 09 février 2022 à 15h45 au Cineum Cannes (rencontre à la fin du film)   /   le 09 février 2022 à 15h45 au Lido de Saint-Raphaël (rencontre avant le film)   /   le 09 février 2022 à 20h00 au Pathé Lingostière de Nice (rencontre avant le film)   /   le 09 février 2022 à 20h00 au Pathé Gare du Sud de Nice (rencontre à la fin du film)

https://www.le-mensuel.com/events/gagnez-vos-invitations-pour-lavant-premiere-du-film-maison-de-retraite-en-presence-de-kev-adams-au-cgr-chabran-draguignan/

 


 

Morgane Las Dit Peisson : Sur la route avec un film…

Kev Adams : C’est un film dont je suis vraiment hyper fier donc c’est un pur bonheur d’aller le présenter un peu partout ! Ce qui est génial avec les avant-premières, c’est que ce sont des moments où mes passions pour la scène et pour le cinéma se rejoignent grâce à la présence d’un public dont j’ai du mal à me passer ! (rires)

Tu as eu l’idée, avec un ami, de Maison de retraite

Faire un film sur les personnes âgées me trottait dans la tête depuis très longtemps, sûrement parce que j’ai en partie été élevé par mes grands-parents. Sur le tournage de Gangsterdam, j’en ai parlé à Romain Levy et petit à petit, on a construit toute une histoire. Catherine Diament nous a rejoints pour l’écriture du scénario avant que je me lance dans la recherche d’un réalisateur. Je voulais que ce soit un spécialiste des rencontres inattendues entre des gens qui n’étaient, à la base, pas destinés à se croiser. Je trouve toujours magique la rencontre de deux êtres que tout oppose et je ne pouvais pas rêver mieux que Thomas Gilou pour faire ça !

 

 

Un sujet d’actualité…

L’isolement des personnes âgées était déjà un vrai problème il y a deux ans quand on s’est lancé dans ce projet mais aujourd’hui, ça l’est malheureusement encore plus avec le Covid. On vit une période terrible pour le troisième âge… 

Une comédie humaine et donc multiple…

C’est cet équilibre entre humour, drame et émotion que j’aime et qui me touche profondément car ça ressemble à la vie de tous les jours. Pour évoquer un sujet aussi important à mes yeux, je ne pouvais que tendre vers ça afin que Maison de retraite rappelle à un maximum de gens ce qu’ils ont pu vivre avec leurs propres grands-parents. Ce sont des liens qui peuvent être extrêmement forts…

 

 

Tu incarnes Milann, un personnage qui va évoluer…

C’est passionnant, pour un comédien, de camper des personnages qui ne sont pas linéaires. Ça permet de développer toute une large palette de jeu. Milann est très borné et plein d’a priori au début du film mais, si montrer son évolution était primordial, il fallait que le spectateur s’attache à lui et le comprenne. Il est orphelin, a grandi en foyer et n’a donc aucun encadrement ni exemple familial à suivre. Il traîne sur le canapé de son pote, manque d’ambition, ne sait pas ce qu’il a envie de faire de sa vie mais ce qui est sûr, c’est que, gérontophobe comme il est, rien ne le prédestine à faire carrière dans un EHPAD ! Envoyé – à son grand regret – en maison de retraite pour échapper à la prison, c’est finalement là qu’il va trouver tout ce qui lui manquait : un cadre, une éducation et une famille. Il va s’ouvrir aux autres, s’épanouir et le défi, en tant que comédien, c’est que ça se matérialise avec la plus grande justesse, sur 1h30 seulement…

 

 

Ça parle du 3ème âge et ça nous renvoie à notre peur de la mort…

On parle souvent de la peur de vieillir mais si on essaye de repousser les effets du temps en cachant nos rides ou en teignant nos cheveux, c’est plus pour oublier ce qui nous attend que pour se trouver beau dans le miroir… Le personnage de Manda Touré dit d’ailleurs au mien que vieillir est la seule solution qu’on ait trouvée pour ne pas mourir jeune. Je trouve cette idée extrêmement vraie, jolie et réconfortante. Pour mieux affronter la vie, il est important de ne pas se voiler la face et de se souvenir que si on vieillit, c’est qu’on a la chance d’être encore en vie… J’espère que ce film rappellera que la vieillesse n’est pas une tare.

Le personnage de Daniel Prévost rappelle aussi qu’il est important de continuer à se sentir utile…

Il campe Alfred, malade d’Alzheimer, qui – sur l’idée de Catherine Diament -, va faire une révélation bouleversante pour exprimer ce besoin qu’on a tous de se sentir utile dans la société ou auprès de nos proches… Il n’y a rien de pire que de se sentir mis à l’écart car si on ne sert à rien, rien ne sert de vivre…

 

 

Des portraits de personnes vivantes, qui ont, par exemple, une sexualité…

À tort, on « parque » les « vieux » par facilité et du coup, on ne les voit plus, on ne les entend plus ! Pourtant, ils ont des besoins, des désirs, des envies, des idées, des revendications et des choses à transmettre. Malheureusement, on a tendance à les considérer comme « non-essentiels » car plus productifs mais aussi comme des êtres « trop fragiles ». On l’a vu pendant les confinements, combien de personnes âgées sont parties seules sous prétexte qu’il fallait les protéger et qu’on pouvait remettre nos visites à plus tard ? 

La thématique de l’enfermement est très présente…

Si cette absence de liberté est malheureusement bien réelle, on peut aussi trouver de très jolies inspirations dans les faits divers… La scène où mon personnage vient jouer une tirade du Malade imaginaire à Edmond – qui n’a pas le droit de sortir – m’a été inspirée par l’histoire d’une personne qui rêvait d’aller au théâtre mais qui ne pouvait pas se déplacer à cause de son handicap. Les jeunes de son quartier ont eu cette sublime idée d’apprendre une pièce pour lui jouer à domicile ! C’est bouleversant de beauté et de générosité et c’est, je crois, tout ce dont on a besoin dans notre société : de l’entraide et de la bienveillance. 

 

 

Des messages éducatifs…

Cette scène théâtrale permet à mon personnage de grandir et de faire un pas vers quelqu’un, gratuitement, sans rien en attendre en retour. En allant vers la lecture et l’étude d’un texte classique uniquement dans l’espoir de faire plaisir à ce résident, il va se dépasser, sortir de sa zone de confort, se donner une bonne raison d’être fier de lui et, évidemment, évoluer.

J’adore aussi la phrase de Liliane Rovère quand elle dit que demander à un client « Comment va ton fils ? » n’a pas la même portée que « Comment va le petit Paul ? ». C’est tellement vrai, plus tu t’intéresses aux gens, plus tu donnes, plus ça t’est rendu au centuple ! Ce sont des messages qui me touchent et qui je suis heureux de mettre dans mes films afin qu’ils soient entendus par les plus jeunes.

 

 

Sans tout révéler, on assiste à un mariage idyllique des générations…

Figure-toi que quand on a écrit le scénario, ce qu’on propose à la fin du film pour « boucler la boucle » n’existait pas du tout en France et qu’aujourd’hui, ça se fait ! Pour l’instant, ce concept s’est développé en Angleterre il y a un peu plus d’un an et, peu à peu, ça va commencer à arriver chez nous… Je trouve ça merveilleux de permettre à de jeunes comme de vieux orphelins de s’apporter tout l’amour qu’ils ont en stock !

 

 

Maison de retraite est le fruit d’une volonté tenace…

C’est vrai que même si ça a été génial de faire ce film, on a traversé quelques moments difficiles… On a connu des arrêts de tournage à cause du Covid, une des comédiennes est passée par la réanimation, on a eu des problèmes d’assurance à cause de la moyenne d’âge trop « élevée », la date de sortie s’est retrouvée décalée… Il a été compliqué à faire et compliqué à sortir mais ça le rend encore plus magique à mes yeux ! Peu importe, finalement, quel jour il arrive en salles car il n’y a pas de mauvais moment pour parler de ce sujet qu’on met trop souvent de côté…

 

 

Un sujet qui te tient à cœur au point de l’avoir produit…

Derrière ce film il y a en effet MyFamily et The Man car même si la période reste incertaine pour le milieu culturel, Maison de retraite était trop important pour risquer de passer à côté ! Le doute est constant dans ce métier, on n’a jamais aucune certitude… J’ai travaillé comme un dingue sur des projets qui n’ont pas pris et parfois peu sur des films qui ont été des succès monumentaux… Il n’y a pas de règle, aucune garantie de réussite mais c’est ça qui rend la chose aussi magique et qui nous pousse à ne jamais rien lâcher !

 

 

Un film qui valait tellement la peine qu’un casting 4 étoiles t’a accordé sa confiance…

Jamais je n’aurais pu imaginer vivre de tels moments ! Je n’aurais jamais osé espérer partager l’affiche d’un film avec Gérard Depardieu ni même d’un spectacle avec Gad Elmaleh et encore moins tourner avec des Christian Clavier et Didier Bourdon ou me retrouver dans un film de Claude Lelouch, le monstre du cinéma français ! Tous ces gens m’ont donné envie de faire ce métier alors je dois avouer que même si je savoure pleinement ma chance, j’ai parfois du mal à réaliser que c’est vraiment vrai… (rires)

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photo Angela Rossi

 


 

Interview parue dans Le Mensuel n°428 de février 2022

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