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INTERVIEW

Jenifer en interview

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Bien que la pétillante méditerranéenne fasse son grand retour le 9 février prochain dans le jury de The Voice, elle n’en a pas pour autant délaissé ses envies de scène… À la tête de deux tournées différentes qui s’alterneront au fil des dates, Jenifer, tantôt « proche et intime », tantôt « électrique et flamboyante » a eu l’audace de décider de ne pas faire de choix entre les différentes facettes qui la composent…

 


« Si un artiste perd la confiance qu’il porte à l’humain, il n’est plus rien… »


MORGANE LAS DIT PEISSON Une double tournée qui va bientôt débuter…

Jenifer : Et comme les enfants qui guettent Noël, je trépigne en attendant que ça commence ! (rires) Quand on crée des chansons et qu’on y partage des sentiments parfois très profonds, on meurt d’envie de les échanger sur scène avec le public car on sait que d’autres personnes ont certainement vécu plus ou moins les mêmes histoires que nous…

Un album et une tournée placés sous le signe de la liberté…

Je me suis toujours autorisée à ne rien m’interdire et sur cet album, c’est vrai que c’est encore plus flagrant… J’ai eu la sensation, dès la première écoute, que j’avais réussi à aborder certains thèmes que je gardais un peu plus secrets avant. Je pense qu’avec l’âge, on accepte d’avantage de choses et que les étapes de la vie nous font nous rendre compte de la chance que l’on a… J’ai réalisé celle que j’avais non seulement d’être en vie mais aussi de pouvoir vivre de ma passion et j’ai ressenti le besoin de m’exprimer avec encore plus de sincérité et de vérité que d’habitude.

Je ne sais pas fonctionner mécaniquement, c’est pour ça que j’ai pris des chemins divers et variés – quitte à déstabiliser parfois un peu les gens – mais je ne sais pas me contenter d’un moule ou d’une zone de confort. J’aime provoquer les rencontres artistiques et me laisser embarquer dans des univers qui me semblaient, à l’origine, loin des miens.

Un album qui, de par son éclectisme, se fait le miroir et la photographie de nos vies et de nos humeurs…

C’est exactement ce que je ressens… Personne ne commence et ne termine sa semaine en ayant vécu qu’une seule et unique humeur car ni la vie ni l’humain ne sont lisses et sans surprise alors, quand au fil des compositions, je me suis aperçue que j’oscillais entre pop et ballades, j’ai pris la décision de ne pas renier une partie de moi en supprimant certains de ces titres. Quand on est pudique sur son intimité, c’est difficile de se mettre autant à nu que cet album m’a inconsciemment poussée à le faire.

Un désir de renouveau mais un respect du passé… 

J’ai une manière assez philosophique et optimiste de voir la vie et c’est grâce à ça, je pense, que dans les moments difficiles j’arrive à tenir. Après les épreuves qui m’ont frappée en 2017, j’ai eu besoin de me remettre les idées en place en ouvrant un nouveau chapitre même si le livre est, quant à lui, resté le même. Je n’ai rien renié avec Nouvelle page, j’ai juste eu envie d’écrire une suite qui ressemble à celle que la vie avait fait de moi.

Des chansons qui ressemblent à des nouvelles… 

C’est amusant car j’ai en effet énormément d’images en tête quand je chante, je me fais des films, je me raconte des histoires ! (rires) Si je n’arrive pas à visualiser, je suis incapable d’y mettre du sentiment.

Interpréter c’est incarner… 

Je ne fais pas de différences entre les deux, pour moi interpréter un texte, c’est comme enfiler un costume… Je dois le façonner et le rendre crédible. La comédie est un exercice passionnant et hyper enrichissant qui me permet d’apprendre constamment ! C’est ce que j’adore dans ces défis là… J’aime avoir la sensation de vivre plus fort en plongeant sans cesse dans l’inconnu.

Comédienne…

Je n’aurais jamais osé y songer sérieusement mais j’y prends goût… (rires) C’est une expérience extraordinaire qui me remplit beaucoup, autant professionnellement que personnellement. Quand j’ai tourné Traqués, j’ai puisé dans celle que j’étais, j’ai extrait des petits bouts de moi et de mon passé, c’est très thérapeutique. Quand on doit apporter une vérité à un personnage, on peut être obligé de composer avec ce que l’on a voulu enfouir et étrangement, c’est une catharsis qui fait du bien. Traqués a été un tournage très intense pour moi et, bien que les sentiments à jouer n’étaient pas toujours joyeux, ça a été une expérience qui m’a réellement aidé à aller mieux. Je viens de finir le tournage d’un autre téléfilm, Le temps est assassin, et j’ai la sensation que ça m’a libérée d’un poids, presque comme si ça m’avait nettoyée progressivement… (rires) C’est compliqué de mettre des mots là-dessus mais c’est exactement ce qui se produit quand je vais sur scène… Quand on s’oublie soi-même, on se sent finalement encore plus vivant !

Retourner sur scène c’est aussi retrouver le public…

Si je me sens si « vivante » c’est d’ailleurs avant tout grâce à lui ! Je ne pourrai jamais oublier que c’est lui qui m’a faite, que c’est lui qui me construit, qui me donne de l’amour et qui me pousse à me remettre en question. Je ne peux pas ne pas lui être reconnaissante et je crois que je ne pourrai jamais me passer de lui. J’ai passé la moitié de ma vie avec lui, il est mon équilibre absolu…

Dans le titre Hey Jen vous parlez de cette relation et des sacrifices qu’elle entraîne…

On a besoin des médias pour atteindre notre public évidemment mais le prix à payer est parfois très élevé… C’est terriblement nocif car ça peut vous isoler, vous couper le souffle et vous abîmer… La première chose à laquelle je pense quand je vois ma vie étalée – voire inventée – dans une certaine presse, c’est ma famille. Il y a eu tellement d’étalage, de tout et de n’importe quoi, qu’à un moment, on en a même oublié que j’étais une chanteuse… Ça a été incroyablement blessant… Ce n’est pas parce qu’on devient un personnage « public » que l’on ne doit plus s’appartenir, c’est essentiel à notre équilibre de conserver un jardin secret. Je sais bien qu’il y a pire dans l’existence mais j’ai dû mal à accepter ça !

Ça blesse, ça abîme, ça fait perdre une certaine innocence mais aussi une part de confiance…

C’est peut-être ça le plus triste… Un artiste est par définition un amoureux de l’humain, il passe son temps à vouloir le divertir, le séduire et surtout le comprendre et ça, c’est précieux. Si un artiste perd la confiance qu’il porte à l’humain, il n’est plus rien. Les magazines people favorisent des dérives qui risquent de nous rendre méchants, parano ou distants. Après m’être isolée suite aux évènements de 2017, j’ai décidé de relever la tête et de ne pas laisser une poignée de gens avoir l’ascendant sur mon état psychologique. Mais sans mon entourage et la notion d’équipe retrouvée pour l’enregistrement de Nouvelle page, je n’aurais sûrement pas retrouvé cette force !

Un thème pas spécialement évident à aborder…

En effet ! D’ailleurs, je n’en aurais jamais eu le courage si les auteurs et compositeurs ne l’avaient pas eu à ma place ! (rires) En chantant Hey Jen au tout début j’avais la gorge serrée et les larmes qui coulaient mais je ne regrette pas car, au delà de la beauté de ce morceau, il a indéniablement eu des effets thérapeutiques sur moi.

Un artiste doit pouvoir choisir quand et comment il souhaite se livrer comme sur Derrière les soleils

Mon fils aîné avait participé à l’album Lunatique et sur Derrière les soleils, c’est la voix de mon dernier que l’on entend… C’est un véritable hymne à la joie pour moi car j’y clame l’amour que je porte à mes enfants. Je ne voulais pas faire l’autruche sur bien des sujets et tout particulièrement sur celui-ci… Ils font partie intégrante de ma vie et de mon équilibre donc je ne pouvais pas faire preuve de sincérité dans cet album sans parler d’eux. Mon équipe m’a fait la surprise d’enregistrer la voix de mon fils et a eu le bon goût de la glisser de manière pudique dans cette chanson où ça a donné tout son sens au texte…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos ADG


Interview parue dans les éditions n°400 #1, #2 et #3 du mois de février 2019

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