COUPS DE COEUR

Jean-Pierre Castaldi et Steevy Boulay en interview pour la pièce « Les beaux-pères »

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« Je me sens heureux et accompli ! » 

 

Jouée pour la toute 1ère fois cet été aux Nuits Auréliennes de Fréjus, la pièce Les beaux-pères imaginée par Arnaud Cermolacce réussit le pari un peu fou de marier la caricature à la finesse et le comique de situation à l’émotion, et que le tout donne une véritable comédie intelligente sur l’amour filial et sur l’acceptation de « l’autre » tel qu’il est. Magnifiée par une mise en scène contemporaine qui a su conserver les portes qui claquent qu’on aime tant au théâtre, cette pièce, devrait – on l’espère – faire un bon bout de chemin…

 

 


 

🎟️  Jean-Pierre Castaldi & Steevy Boulay pour « Les beaux-pères » au Palais de l’Europe de Menton le 17 décembre 2021 • à La Croisée des Arts de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume le 20 février 2022 à 16h00 (30.00€)

 


 

 

Morgane Las Dit Peisson : Les beaux-pères est une vraie comédie rythmée de moments plus intenses…

Jean-Pierre Castaldi : Cette pièce traite de l’homosexualité qui, heureusement, est un sujet moins délicat aujourd’hui qu’il y a encore une vingtaine d’années. Malgré tout, « l’annonce » reste encore, dans certaines familles, un « problème » et c’est de ça dont il s’agit. Dans Les beaux-pères, mon fils – incarné par Steevy – n’a jamais osé me dire qu’il préférait les hommes et si l’énergie qu’il déploie pour me faire croire qu’il est hétéro crée des scènes cocasses, dans le fond, c’est dramatique et c’est ce qui apporte autant de densité à cette comédie.

 

 

De retour au théâtre…

Steevy Boulay : Je crois que je ne pourrai jamais m’en passer ! La toute 1ère fois que j’ai foulé des planches, c’était au collège et puis j’ai eu cette chance extraordinaire de jouer aux côtés d’Isabelle Mergault dans la pièce de Laurent Ruquier La presse est unanime au Théâtre des Variétés à l’époque dirigé par Jean-Paul Belmondo… Comme c’était ma toute 1ère grande pièce, il m’avait offert 2 mois de cours particuliers pendant les répétitions… Je m’en souviendrai toute ma vie ! 

 

Un talent déniché par Laurent Ruquier…

Steevy : C’est vraiment une personne extraordinaire, un vrai chef de meute ! (rires) Il sait s’entourer et faire briller les autres, c’est le secret de la réussite de tous ses projets… Je crois que j’ai le meilleur boss du monde depuis 20 ans ! (rires) En tous cas, sans lui, je n’en serais jamais arrivé là… Je me sens heureux et accompli et c’est en grande partie grâce à lui.

 

 

Jouer aux côtés de Jean-Pierre Castaldi…

Steevy : C’est un super prof pour moi ! (rires) J’estime avoir encore tout à apprendre alors quand j’ai la chance de pouvoir avoir avec moi des monuments comme lui, je ne me prive pas de les harceler de demandes ! (rires) Jean-Pierre n’hésite pas à me corriger et à me conseiller et j’apprécie vraiment ça car, notre but à tous, c’est d’élever la pièce, pas de se mesurer les uns aux autres. C’est un bon papa ! (rires)

 

Le rôle du père…

Jean-Pierre : Au début, on m’avait proposé de camper le rôle de son compagnon mais j’ai refusé car je me sentais beaucoup trop vieux pour que ce soit crédible. Par contre, le rôle du père m’a tout de suite attiré. Pas parce que c’est un homme à femmes et un macho mais parce qu’il est plus complexe que ce qu’il n’y paraît ! Il va révéler de nombreuses autres facettes tout au long de la pièce et c’est ça qui le rend extrêmement intéressant à jouer. Il n’attend qu’une chose, trouver le bon moment pour pouvoir réellement discuter avec son fils et lui dire à quel point il l’aime tel qu’il est…  

 

 

L’homosexualité n’est qu’un prétexte, ça aurait pu être n’importe quel sujet…

Jean-Pierre : Exactement ! Et c’est pour ça que cette pièce parle à autant de monde. L’auteur aurait pu choisir de mettre en scène un fils artiste ou soldat dont les parents n’auraient pas accepté le choix de carrière… Je me rappelle, quand j’étais jeune, de copains qui rêvaient de devenir danseurs et dont les parents estimaient que ce n’était pas un métier d’homme ! C’est finalement un thème très universel…

 

 

Un rôle qui t’offre un jeu nuancé et émouvant auquel je ne m’attendais pas…

Steevy : C’est un beau cadeau que de pouvoir jouer des émotions si différentes… On m’a découvert en folle dans La presse est unanime et là, je peux dévoiler une autre facette, plus en retenue et en profondeur… Pour réussir à aller jusqu’aux larmes sur scène, je puise dans mon vécu en repensant à la discussion que j’ai eue avec mon père quand je lui ai annoncé que j’étais homo. J’en ai encore la chair de poule rien que d’en parler… Même si la société est beaucoup plus tolérante qu’avant, révéler ça à ses parents demande énormément de courage. Je me rappelle, enfant, avoir regardé un film avec mon père et l’entendre me dire que si un jour je lui ramenais un garçon à la maison, il me filerait deux claques… J’avais 10 ans et ça m’a tétanisé pendant toute mon adolescence ! Dieu sait que ma mère m’a tendu des perches mais à cause de cette petite phrase, je me suis gâché la vie et j’étais paralysé à l’idée d’en parler… Une quinzaine d’années plus tard seulement, à Noël, j’ai présenté mon chéri à mon père et il l’a super bien pris… Ça a été à la fois un immense soulagement et un terrible regret d’avoir perdu tout ce temps pour une petite phrase à la con qu’il n’avait pas vraiment pensée et qu’il avait aussi vite oubliée…

 © Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel à l’Espace Culturel Victor Hugo de Puget-sur-Argens / Photos par Simon Fowler

 


 

Interview parue dans Le Mensuel n°426 de décembre 2021

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