INTERVIEW
Isabelle Georges en interview
Passionnée et généreuse, Isabelle Georges n’a décidément pas la médiatisation qu’elle mérite ! Si l’on a désormais tendance à se pavaner devant le dernier artiste tout droit sorti d’un télé-crochet, il est, en parallèle, des virtuoses que la radio ou la télé ne prennent pas la peine de présenter au grand public bien que leur art soit des plus populaires ! Élevée au sein d’une famille d’artistes qui lui ont inculqué le goût de la musique et du travail, la flamboyante rousse sait, comme les idoles américaines de son enfance, tout faire ou presque ! Des claquettes à la comédie en passant par la danse, le jazz, la musique yiddish, la chanson française ou encore les comédies musicales si chères à son coeur, la pétillante Isabelle Georges a, artistiquement parlant, un incommensurable appétit qu’elle a le don de savoir partager…
« Chanter est une autre belle façon de guérir les âmes… »
ISABELLE GEORGES : Ce n’est pas faux ! (rires) Mais j’ai la chance de ne faire que ce que j’aime donc c’est très très motivant ! J’adore créer des comédies musicales car c’est ma madeleine à moi. J’ai été une enfant malade et les spectacles avec Judy Garland ou Fred Astaire étaient ma bulle d’oxygène. Quand j’ai réalisé que c’était un métier, je me suis dit – après avoir voulu être infirmière – que c’était fait pour moi ! Chanter est une autre belle façon de guérir les âmes ou en tous cas, d’apporter de la joie et on sait à quel point celle-ci est nécessaire pour supporter les maux du quotidien…
La comédie musicale est un registre assez vaste…
Oui la comédie musicale peut prendre plein de formes différentes. Nous, on a tendance à se concentrer sur une époque que j’aime particulièrement parce que c’était de la joie pure. Les histoires n’étaient souvent qu’un prétexte pour chanter et danser mais musicalement, c’était des productions de qualité avec de grands compositeurs comme Irving Berlin, Cole Porter, Leonard Bernstein ou George Gershwin mais aussi avec des lyricistes merveilleux ! On ne pouvait pas passer à côté mais on poursuit aussi notre exploration avec des oeuvres plus récentes comme Cats…
Une culture américaine…
C’est vrai qu’en France, on n’a pas nécessairement accès, jeune, à cette culture là si personne ne prend la peine de nous la faire découvrir… Mon papa a vécu aux États-Unis avant ma naissance et il est rentré à la maison avec beaucoup de comédies musicales, de jazz et de country dans ses bagages ! Quant à ma maman, elle faisait du chant sacré et était fan de comédies musicales et ma grand-mère, elle, composait des musiques pour le théâtre… Chez nous, il y avait une espèce de joyeux melting-pot, ça a été une chance immense pour moi !
La comédie musicale, un mélange de chant et de jeu…
L’interprétation est quelque chose qui me fascine énormément ! J’ai beaucoup travaillé et vu de concerts en Angleterre et aux États-Unis où l’incarnation fait partie intégrante de l’apprentissage du chanteur et je trouve qu’on a beaucoup de leçons à en tirer. Les Liza Minnelli et Frank Sinatra ne chantaient pas, ils vivaient, incarnaient, interprétaient… À travers leurs prestations, les textes prenaient une incroyable ampleur alors, dans nos spectacles comme Lumières sur Broadway, on a à coeur de comprendre le sens de chaque mot et de le jouer plutôt que de simplement bien le chanter.
Une démarche pédagogique…
Ça aussi, c’est quelque chose qui me passionne ! C’est intéressant de faire découvrir ou redécouvrir des morceaux au public en agrémentant le tout de quelques annecdotes qui lui permettent d’apprendre des choses. Il n’y a rien de plus beau que de voir des gens tomber sous le charme d’une chanson ou de l’histoire de celle-ci ! C’est une récompense aussi magique que quand on vient nous dire que l’on devrait être remboursés par la Sécu ! (rires)
La culture ne remplit pas le frigo mais est essentielle…
On a tendance, dans notre pays, à couper les budgets culturels en premier quand on est un peu juste financièrement alors qu’en Angleterre, c’est l’inverse. S’ils ont moins de sous, ils mangeront moins bien mais continueront à aller voir des spectacles. C’est quelque chose qui fait partie de leur éducation depuis la petite enfance, ils sont bercés au pantomime, un spectacle mettant en scène un conte comme Cendrillon ou La Belle au bois dormant mais qui a la particularité de proposer plusieurs lignes de lecture… Il y a le premier degré du conte chanté et le second, souvent interprété par un homme habillé en femme qui distille dans le conte des faits d’actualité. Ça permet aux anglais de venir en famille sans s’ennuyer et dès le plus jeune âge, ça infuse le goût et la culture du spectacle vivant.
Oh là là !…
C’est mon tour de chant le plus personnel, un mélange de tout ce que j’aime le plus : comédies musicales, chansons françaises et musique yiddish. Il est construit à l’américaine, façon personality show et j’ai la chance de pouvoir le sortir désormais sous la forme d’un album ! Sa sortie s’est d’ailleurs faite à New York dans l’antre de Broadway, un véritable rêve de gosse ! (rires) Dans ce disque, il y a évidemment des « classiques » du répertoire mais aussi trois compositions à moi et une de Maury Yeston qui n’est autre que le compositeur des comédies musicales Grand Hotel, Titanic ou encore Nine… C’est un sublime cadeau ! Je suis hyper fière de Oh là là ! alors j’espère qu’il plaira aux gens et qu’ils prendront autant de plaisir à l’écouter que j’en ai eu à le confectionner…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Pôle de Draguignan • Photos droits réservés
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