INTERVIEW

Interview vidéo de Patrick Bruel pour Le Mensuel en 2013

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Patrick Bruel

en interview 

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PATRICK BRUEL

  
 

  
« Cette tournée, c’est le miroir de cette relation indescriptible que j’ai la chance d’avoir avec le public… »

 

Peu l’aurait parié il y a bientôt trente ans et pourtant, Patrick Bruel, malgré les hurlements incessants de ses fans, n’est jamais tombé dans le piège du chanteur à midinettes que lui tendaient les médias de l’époque. Véritable artiste dans le sens le plus noble du terme, il excelle dans tout ce qu’il entreprend avec la même fougue et le même regard pétillant que l’on ne décèle en général que chez les plus jeunes débutants. Sur scène, il surprend, s’amuse, revisite ses plus beaux classiques, s’entoure de danseurs hip hop, sur scène, tout simplement il est chez lui, il est lui. Mais ce n’est pas pour autant qu’il tourne le dos à sa seconde grande passion, la comédie. Et même si tout lui sourit, même s’il est actuellement en plein tournage d’un film aux côtés de Sophie Marceau et en tournée dans la France entière où son public ne manque jamais un rendez-vous, Patrick Bruel n’en reste pas moins qu’un homme comme les autres, un père qui, lorsqu’il voit la maladie toucher injustement un enfant, en oublie tout ce qui l’entoure… En digne parrain du Téléthon 2013, il vous donne rendez-vous les 6 et 7 décembre prochains pour faire exploser les compteurs !

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patrick-bruel-interview02Morgane L. : Comment se sent-on quand on sort de scène ?
Patrick Bruel : Ce que l’on vit tous les soirs sur une scène est au-delà du réel. C’est complètement indescriptible ! Je suis très heureux quand je sors de scène. Je suis très heureux aussi quand je suis sur scène. Je me sens à la fois un peu vidé et à la fois très plein, très rempli de quelque chose de fort.

Vous aviez envie de retrouver ces sensations là ? Ça manque lorsque l’on s’éloigne un peu de la scène ?
Oui même si je ne l’ai jamais vraiment quittée. Mais c’est vrai que ce sont des sensations irremplaçables…
Même lorsque j’ai fait une tournée acoustique, seul avec une guitare, la soirée se terminait comme ça, comme ce soir, avec toute cette même énergie. C’est pour ça que je désirais vraiment retrouver la scène, retrouver un groupe et partir avec lui. On a répété en groupe, on a trouvé des arrangements ensemble, on cherche constamment des idées, on modifie des petits détails chaque jour, on peaufine… Ensemble… On est dans une vie de tournée comme on en rêve tous et la dynamique de groupe est quelque chose de réellement incroyable, surtout cette fois-ci ! La barre est vraiment haute !

C’est l’une de vos meilleures tournées ?
Oui peut-être parce qu’elle fait un peu la synthèse de toutes les tournées passées. Il y a la ferveur, l’enthousiasme, la folie des années 90 avec le charme des années 30. Il y a le côté très rock de la tournée 95.

C’est surtout le miroir de cette relation indescriptible que j’ai la chance d’avoir avec le public. Notre relation dure depuis le début, elle est sans faille, elle n’a jamais faibli, au contraire, elle s’est sans cesse renouvelée. Aujourd’hui, j’ai même l’impression que l’on est à un point culminant. J’ai remarqué ce soir, pour la première fois, que des personnes entre quinze et vingt ans chantaient des chansons que j’ai écrites en 88 ou 90, pour l’album Alors, regarde alors qu’à l’époque, c’était probablement leurs mamans qui chantaient ces chansons là ! Ça ne nous rajeunit pas mais c’est formidable ! C’est très touchant….

Vous imaginiez ce genre de choses il y a plus de vingt ans ?
Je ne me suis jamais projeté dans l’avenir, je n’ai jamais eu cette faculté là. J’en ai même fait une chanson « Rendez-vous dans dix ans » ! (rires) Sincèrement, encore aujourd’hui, je n’ai pas la moindre idée d’où je serai dans dix ans, ni même dans deux heures d’ailleurs ! (rires) Dans le plus doux de mes rêves j’imaginais pouvoir vivre de mes passions, être acteur, être chanteur ou être musicien… Mais je n’aurais jamais pu imaginer que tout s’embrase ainsi et surtout, que ça dure. Le plus difficile était que ça tienne, que ça continue. Alors même si je n’osais pas rêver de ça à l’époque où tout a commencé, la plus belle satisfaction, c’est de voir tous ces gens qui sortent de la salle le soir le sourire aux lèvres, qui ne se sentent pas trahis après toutes ces années et qui vont le dire aux autres. C’est mon public mon meilleur ambassadeur et je sens que sur cette tournée il y a encore quelque chose de plus. Mais je ne saurais pas vous dire ce que c’est… Peut-être les arrangements, la reprise des anciennes chansons, les audaces que l’ont s’est permis… Beaucoup d’audaces d’ailleurs ! (rires) Je fais par exemple souvent une chanson sur un poème de Musset (que je n’ai pas faite ce soir) et on passe du coup de Musset au hip-hop… C’est le grand écart et pourtant le résultat est étonnamment cohérent.

Dans votre album Lequel de nous et sur scène, on retrouve du hip-hop… C’était un besoin de nouveauté ?
Non, c’est vraiment une évidence même si ça peut surprendre par rapport à mon répertoire habituel. J’écoute du hip-hop depuis toujours. J’ai même produit le premier rap français quand j’avais vingt ans qui s’appelait Chagrin d’amour avec Chacun fait ce qui lui plait. Le rap n’est pas du tout étranger à ma culture, ni étranger à ce que j’écoute. J’écoute beaucoup de choses. D’ailleurs si vous écoutez ce qui passe dans la salle avant que j’arrive, c’est une musique que j’aime, je me sens bien dedans, c’est un mode d’expression qui m’a toujours plu.

Il y a la scène mais aussi le cinéma…
Oui, je tourne en ce moment avec Sophie Marceau dans une comédie de Tonie Marshall, qui devrait s’appeler Addict ou Les missionnaires dont le sujet est l’addiction au sexe. Nous interprétons deux « sex addicts » qui se rencontrent. Mon personnage suit une cure de désintoxication et a décidé ne plus jamais toucher une femme tant que ce ne sera pas le grand amour et Sophie Marceau, elle, est complètement nympho et l’assume complètement ! Alors elle a quelques difficultés à comprendre pourquoi je ne m’intéresse en apparence pas à elle. Je me force à ne pas la voir… Mais c’est dur puisqu’on travaille ensemble dans le même bureau !
(rires) Ça crée une situation formidablement comique !

Cette année, vous serez le parrain du Téléthon…
Eh oui… On m’a mis un revolver sur la tempe alors je n’ai pas pu dire non ! Impossible de refuser ! (rires) Il y a des années qu’on me demande de le faire et depuis des années j’étais obligé de décliner à cause de mon emploi du temps qui ne me le permettait pas. Par contre j’ai toujours participé à l’émission d’une manière ou d’une autre. Mais cette fois-ci, alors que je ne pouvais toujours pas à cause de concerts sur cette période, on a décidé de ne pas mettre de concerts le 6 et le 7 décembre. On en a avant, on en a après mais on a tenu à garder ces deux dates parce que je trouve que cette initiative est extraordinaire. Ce qui l’est encore plus, c’est que tout le monde la suit avec beaucoup de générosité tous les ans. En être un des vecteurs et essayer de battre le record, c’est encore un vrai challenge qui, pour le coup est très justifié.
Cette année aussi, j’étais parrain du Télévie en Belgique et on a battu le record donc il faut qu’on arrive à le faire en France !



Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson
aux Nuits de Fréjus 2013
Montage vidéo réalisé par Aurélien Didelot
Interview parue dans l’édition n°340 de Septembre 2013

Dates de tournée ici

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