INTERVIEW
Interview filmée de Franck Dubosc pour Le Mensuel en 2013 Spectacle Franck Dubosc à l’état sauvage
FRANCK DUBOSC
Spectacle Franck Dubosc à l’état sauvage
« En démarrant les premières dates de À l’état sauvage,
je me suis demandé comment j’avais pu faire pour stopper ça,
comment j’avais pu faire pour vivre sans la scène… »
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En ces temps plutôt moroses, qui d’entre nous oserait affirmer qu’il n’a jamais, ne serait-ce qu’un millième de seconde, eu l’idée de tout quitter ? Tout abandonner pour tenter de retrouver un équilibre intérieur, loin de l’agitation et des pressions de ce monde qui nous apparaît trop souvent insupportable… Franck Dubosc, qui, trois ans après le succès de son précédent spectacle Il était une fois… Franck Dubosc, nous a fait le plaisir de revenir sur les planches, semble avoir osé franchir le cap… En tous cas, dans sa dernière création…
Franck Dubosc : Oui, enfin ça commençait à pas mal me manquer ! Quand j’ai fini de jouer Il était une fois Franck Dubosc, je vous avoue que ça m’a fait du bien de m’arrêter un peu. C’est très fatiguant une tournée… Pas de jouer évidemment, mais d’aller de ville en ville, de ne pas être chez soi, de changer d’hôtel tous les soirs, de changer de lit sans changer de femme.. (rires) J’avais hâte d’arrêter un petit peu tout ça quelques temps tout en sachant que ça me manquerait assez rapidement mais je ne pensais pas que ça me manquerait autant ! En démarrant les premières dates de À l’état sauvage, je me suis demandé comment j’avais pu faire pour stopper ça, comment j’avais pu faire pour vivre sans la scène… C’est bon de s’arrêter aussi, ça permet de revoir les choses avec plus de fraîcheur.
Comment avez-vous appréhendé ce retour ?
Ce n’est pas tellement l’accueil du public qui m’a effrayé mais plutôt la phase d’écriture. Le sachant, j’ai essayé de ne pas trop y penser, j’ai laissé faire le temps. Pendant ces trois années de « pause », j’ai continué à prendre des notes que j’avais entamées à la fin du précédent. Ce spectacle est très nouveau, il est différent de ce que j’avais fait jusqu’à présent mais c’est toujours moi. C’est peut-être ça qui m’a tranquillisé. À tord ou à raison, je me suis senti rassuré de me lancer avec ce one man là. Ce qu’on appréhende, bien sûr, c’est de savoir si le public aura à nouveau envie de venir. Le spectacle, c’était ma part du travail mais savoir si les gens avaient envie de le découvrir, c’était incontrôlable…
Un accueil imprévisible mais excellent !
Oui, je touche du bois, les gens sont au rendez-vous ! Mais ça reste du travail, rien n’est jamais gagné. Je me bats pour avoir le meilleur spectacle possible mais ce n’est jamais malheureusement l’unique facteur.
Franck Dubosc à l’état sauvage, ça parle de quoi, une envie de tout quitter ?
Oui, un désir de quitter tout ce qui m’emmerde ! (rires) C’est surtout un prétexte. Le fait que tout m’emmerde et que je décide de partir sur une île déserte, me permet de parler de toutes ces petites choses qui nous ennuient tous. Puis, une fois sur l’île, ça me permet d’évoquer tout ce qui me manque lorsque j’en suis loin et on s’aperçoit rapidement que tout ce qui me manque correspond finalement à tout ce qui m’emmerde ! (rires) C’est très humain ! En France, alors que, mis à part quelques évènements tragiques on n’a pas tellement à se plaindre, on est bougon, on fait toujours la gueule ! (rires) J’avais envie de laisser un petit message, c’est pour ça qu’à la fin, j’envoie une lettre à mes enfants en leur expliquant qu’il est nécessaire de cultiver ces petits emmerdes car ils seront leur moteur… Même s’il fait beau, il faut toujours un peu de pluie pour faire un arc-en-ciel… Je sais, c’est beau ! (rires) C’est d’ailleurs ma phrase de fin.
Et pour la 1ère fois, une histoire entièrement inventée ?
De Romantique à Il était une fois, j’ai revécu des choses personnelles de façon plus ou moins romancée mais dans celui-ci, je propose une situation que je ne vivrai jamais. Je ne partirai jamais seul sur une île déserte, je ne pourrais pas. Vous imaginez ? Personne à qui parler, plus de sexe, plus d’amis… J’en arrive même à regretter ma femme et mes enfants… C’est dire ! (rires) C’est une pure fiction, je ne les quitterai jamais ! Cette fois-ci, je ne suis pas le personnage.
Vous êtes un peu notre reflet à nous, qui devrions regarder un peu plus les pays pauvres avant de râler ?
Exactement, c’est ça ! D’ailleurs, j’en parle des pays pauvres… C’est géopolitique ce spectacle, c’est un nouveau Dubosc ! Mais non, que l’on se rassure il est toujours aussi con ! (rires) Dans ce spectacle là, je m’amuse vraiment beaucoup, il est peut-être encore plus immature que les autres. Je n’y vais pas par quatre chemins et bizarrement, il parait moins vulgaire que les autres. Les réparties sont plus assumées et surtout c’est un spectacle tout public.
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel pendant le Festival Performance d’Acteur 2013 à Cannes
Montage vidéo réalisé par Aurélien Didelot
Interview parue dans l’édition n°347 • Avril 2014
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