INTERVIEW

Interview filmée de Dani Lary pour Le Mensuel en 2014 Nouveau spectacle Retro Temporis

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Dani Lary


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en interview 

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DANI LARY
 
 
  

Nouveau spectacle Retro Temporis

 
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« Cette fois-ci je me suis tourné vers le fantastique de Jules Verne

Il avait la vision du futur de l’époque ! »

Après avoir triomphé avec son précédent spectacle La Clé des Mystères qui mettait en scène la triste malédiction du Comte du Bois des Naix condamné à revivre tous les cent ans le décès de celle qui devait devenir son épouse, le magicien Dani Lary s’est lancé dans une nouvelle aventure. Moins sombre, plus fantastique mais toujours aussi extraordinaire, Retro Temporis devrait ravir tous les férus de littérature, tous les amoureux de Jules Verne, tous les inconditionnels du fantastique, les amateurs de grand spectacle ainsi, bein sûr, que tous les curieux qui ne peuvent s’empêcher d’essayer de comprendre (en vain…) quels « trucs » se cachent derrière la quarantaine de tours de magie créée pour l’occasion. Plus spectaculaire encore que ce qu’il nous avait fait découvrir jusque là, Dani Lary a réussi avec Retro Temporis à placer, contre toutes attentes, la barre encore plus haut.

 

   

dani-lary-interview-2014-CMorgane L : Vous m’aviez dit que La Clé des Mystères était le spectacle de votre vie. Ça n’a pas été douloureux de le quitter pour en créer un nouveau ?

Dani Lary : Oui, c’est vrai que je l’aimais énormément ! Mais la durée de vie d’un spectacle qui marche très bien est en moyenne de trois ans, celle d’une comédie musicale est déjà plus courte, une année, voire deux si le succès est vraiment exceptionnel… Nous, on a tenu trois ans avec La Clé des Mystères et mon producteur m’a alors expliqué clairement qu’il n’y avait pas trente-six solutions. Soit on repartait avec le même spectacle mais à l’étranger comme Notre-Dame de Paris qui se joue d’ailleurs toujours au Japon, soit on planchait sur un nouveau spectacle si je tenais à rester en France. J’avoue que je ne mourais pas d’envie de quitter notre beau pays alors dès que j’ai trouvé le thème qui pouvait me passionner pour les trois années à venir, j’ai foncé ! (rires)

Une fois de plus, dans Retro Temporis, on n’a pas de la magie pour de la magie, on a avant tout une histoire. C’est essentiel pour vous ?

Ah oui, sans mise en scène, je crois que je ne pourrai pas. Du coup, en toute logique, j’ai eu envie de repartir sur le même schéma que mon spectacle précédent, en reprenant le modèle de la « comédie magiquale » comme je l’appelle. Pour moi, il est vital de faire un spectacle de magie mis en scène avec une histoire et de la musique. Le concept donc pour Retro Temporis est le même mais l’histoire est complètement différente, les tours aussi bien évidemment et on a réussi à obtenir quelque chose de véritablement incroyable ! (rires)

Il y a 40 grandes nouvelles illusions que j’ai créées spécialement pour ce spectacle ainsi que de tout nouveaux effets spéciaux. Le rideau de l’avant-scène qui fait 22 mètres de long, par exemple, et sur lequelle se trouve l’affiche de l’Exposition Universelle de 1889, disparaîtra en moins d’une seule seconde ! Je ne vous dirai pas comment c’est fait, mais on le fait !

Pour créer ce spectacle, vous avez jeté votre dévolu sur Jules Verne…

C’est son univers qui m’a tout de suite séduit ! L’univers de Jules Verne est un extraordinaire. C’est vraiment le steampunk, c’est le rétro-futur, le futur comme il le voyait à l’époque, avec des machines, des rouages, des boulons !

Le steampunk ?

C’est un mouvement qui nous vient d’Angleterre mais qui est encore très peu connu en France. Les jeunes qui s’habillent en steampunket qui écoutent de la musique du même nom rappellent le courant gothique d’il y a quelques années. C’est vraiment un univers fantastique qui ne fait de mal à personne. Le gothique était un peu plus trash, plus violent, plus lugubre, plein de têtes de mort et de tatouages. Pour La Clé des Mystères, on me l’a d’ailleurs un petit peu reproché, on me disait que le spectacle était magnifique mais pas toujours adapté aux plus petits à cause du type qui se faisait empaler, de l’autre qui se faisait écarteler, brûler… (rires) Cette fois-ci je me suis tourné vers le fantastique de Jules Verne. Il avait la vision du futur de l’époque.

Quelle vision de Jules Verne aurions-nous peut-être dû garder ?

On asscocie le courant steampunkà l’époque de Jules Verne car ce terme signifie vapeur et qu’à l’époque, la plupart des visionnaires comme Jules Verne pensaient que le futur passerait par la elle. On avait inventé la locomotive à vapeur, les machines industrielles à vapeur, il y a même eu des voitures à vapeur ! Et finalement, avec le recul, on s’aperçoit que ce n’est pas si bête et que si tout était à vapeur aujourd’hui, on serait sans doute moins pollueur !

C’est donc son côté mystérieux, visionnaire et créatif qui vous a séduit ?

Jules Verne était un aventurier, il était génial ! Je me suis inspiré de lui et de ses ouvrages pour tisser l’histoire de Retro Temporis. Sur scène, je joue le professeur Lary qui fait tout un tas d’expériences dans son laboratoire pour trouver la solution de la fameuse téléportation. Il souhaite également s’inscrire à l’Exposition Universelle parcedani-lary-interview-2014-E que le Grand Prix à remporter est un voyage en Europe en locomotive. Il n’a que faire de la gloire, ce qu’il veut, c’est tout simplement gagner ce voyage pour la femme qu’il aime. Durant toute la première partie, le décor est planté dans son appartement victorien transformé en un laboratoire de Géo Trouvetout tandis que dans le deuxième acte, on se retrouve à la gare Montparnasse, où va se dérouler le concours de l’Exposition Universelle pendant laquelle le professeur Lary va présenter sa téléportation. Comme c’est moi qui ai écrit l’histoire, j’ai évidemment fait gagner mon personnage ! (rires)

La Gare Montparnasse a dû être l’occasion de créer de gigantesques décors ?

En effet, ça a offert un terrain de jeu assez impressionnant ! Je fais par exemple apparaître une locomotive de 10 mètres de long et de 4 mètres de haut sur la scène tandis que mon assistant arrive dans une montgolfière qui se transforme en avion avant de se poser sur la locomotive ! Vous devez penser que je suis complètement dingue, et pourtant, vous le verrez aussi ! Sans parler de la pieuvre qui va envahir le public… (rires)

Jusqu’où remonteriez-vous si vous pouviez réellement inventer la téléportation ?

J’aimerais juste retourner à mes 20 ans. J’en ai 55… et j’aimais bien cet âge là. J’étais un jeune fou qui avait l’impression que le monde lui appartenait ! D’ailleurs dans le spectacle, je m’offre ce retour dans le passé et la chose la plus incroyable, c’est que les gens voient pour de bon, en face d’eux, un Dani Lary avec 35 ans de moins ! C’est très surprenant et pourtant si simple… C’est mon fils qui apparaît sous leurs yeux. Il a 20 ans, me ressemble comme deux gouttes d’eau et de surcroît, il est magicien lui aussi. Il prend le relais et les gens se demandent comment j’ai fait pour trouver un gars qui me ressemble autant… C’est simple, je l’ai fabriqué ! (rires)

Comment s’appelle-t-il ?

Albert Lary. Dans ce spectacle (qui est sa grande première), il est mon majordome.

Et si vous pouviez faire un voyage dans l’avenir ?

Et bien jsutement, dans mon spectacle, je me dis que j’aimerais ne pas aller dans le futur car il fait peur… Quelles seront les prochaines catastrophes ? Qu’arrivera-t-il à la planète qui se porte si mal ? Ne tomberons-nous pas sur un deuxième Hitler ou un autre Ben Laden qui possédera la bombe atomique et qui fera péter la terre entière ? Le futur m’effraie car il n’offre aucune garantie…

Le précédent spectacle était vraiment gigantesque, autant sur scène qu’en termes de logistique. Le nombre de costumes, de semi-remorques et de personnes qui y travaillaient était ahurissant…

Pour Retro Temporis, c’est à peu près la même chose sauf que l’on a rajouté encore un camion ! (rires) Mais on est toujours une cinquantaine à se déplacer sur chaque date de la tournée. J’ai rajouté beaucoup d’effets spéciaux d’où le camion supplémentaire. Le spectacle dure deux heures, les costumes encore plus somptueux que dans La Clé des Mystères, les décors encore plus impressionnants ! Je suis vraiment très content de ce nouveau spectacle…

Vous avez créé une nouvelle succession de tours puisque vous ne vous êtes pas contenté de reprendre les anciens en les réadaptant à la sauce du nouveau spectacle… Comment faites-vous pour trouver continuellement de nouvelles idées alors que la plupart des magiciens achètent les leurs désormais ?

Sincèrement, je ne sais pas, ça vient comme ça… En ce moment par exemple, je dois trouver un nouveau tour spécialement pour le Musée Grévin où Patrick Sébastien va faire son entrée. Le musée m’a demandé de faire apparaître son double. Ça m’oblige à mettre constamment mon savoir-faire à l’épreuve mais je ne saurais pas dire comment me viennent les idées. Je crois que dans la plupart des cas, c’est l’occasion qui fait le larron. Si Patrick Sébastien ne m’avait pas proposé une émission tous les
mois dans Le Plus Grand Cabaret, je ne me serais peut-être pas autant cassé la tête. C’est cette mise en danger continuelle qui stimule mon imagination… Si je m’étais cantonné à ne faire qu’un spectacle tous les trois ou quatre ans, je serais resté dans un certain cocon, une certaine facilité qui ne m’aurait pas enrichi. Là, je sais qu’en plus de la tournée, j’ai au moins un nouveau tour à inventer chaque mois pour l’émission.



Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel
Montage vidéo réalisé par Aurélien Didelot
Interview parue dans l’édition n°345 de Février 2014

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