INTERVIEW
Interview de Michèle Laroque pour Le Mensuel en 2013 – Ils se re-aiment avec Pierre Palmade – Faisons un film ensemble Touscoprod
MICHÈLE LAROQUE
« Isabelle, mon personnage dans Ils se re-aiment est comme moi,
rien ne l’arrête, rien ne lui fait peur ! »
Michèle Laroque et Pierre Palmade, les créateurs du duo infernal qui nous fait hurler de rire depuis plus de quinze ans,
ont eu envie de revenir nous parler d’amour dans un nouveau chapitre de leur histoire de couple. Ils se sont aimés,
ils se sont détestés mais l’amour aura eu raison de leurs éternelles chamailleries, puisqu’aujourd’hui c’est certain,
ils s’aiment à nouveau ! Mais n’allez pas croire qu’ils sont devenus monotones et sans surprise pour autant,
ce serait mal les connaître ! Et c’est Isabelle, plus inventive que jamais, qui, avec toute son énergie et son inventivité,
mènera la danse. Isabelle et Martin, comme tout un chacun, ont traversé des épreuves difficiles
mais sont porteurs d’un immense espoir… Ils sont la preuve vivante, eux qui nous ressemblent finalement tant,
qu’à grand renfort d’amour et d’efforts, rien n’est jamais perdu…
Michèle Laroque : En fait, c’est moi mais ce n’était pas tellement par rapport au spectacle au départ que j’en avais envie. Pierre et moi, on ne se voit pas du tout quand on ne travaille pas ensemble, on se voit vraiment très peu et donc, j’avais envie qu’on se voit souvent et que l’on s’amuse, voilà ! Il m’a dit que ce n’était pas une bonne raison pour faire un spectacle (rires), mais comme je suis tenace, têtue et volontaire (rires), j’ai trouvé un sujet qui
pouvait l’intéresser et du coup, ça lui a plu !
Donc les femmes ont toujours gain de cause ?
Ah oui, je crois (rires) comme dans le spectacle d’ailleurs !
Faire une suite ne fait pas peur ? On ne craint pas qu’elle soit moins bonne que les deux premières ?
Non, parce que ce n’était pas un « coup, » c’est-à-dire qu’on n’avait pas envie de faire un spectacle pour essayer de surfer sur la réussite des deux premiers etc. Là, c’était vraiment parce qu’on avait envie de le faire, de se retrouver, de jouer, d’êtres complices et comme on a réussi à trouver un angle d’attaque qui nous faisait sortir du quotidien, on y est allé à fond. Si on n’avait pas été heureux de ce que l’on avait écrit on ne l’aurait pas fait.
La deuxième pièce «Ils se sont aimés» est, d’ailleurs, à mes yeux, plus réussie que la première…
Oui c’était assez exceptionnel de voir que l’on pouvait faire une suite aussi bonne, voire peut-être encore meilleure que la première. La première était un peu décousue puisque l’on interprétait plein de couples différents. On n’avait pas les mêmes noms, par exemple, dans tous les sketchs.
Le couple est une source inépuisable d’inspiration j’ai l’impression. Donc, mariage, divorce, reconquête et maintenant Isabelle et Martin ont
décidé, peut-être même plus Isabelle que Martin d’ailleurs, de pimenter le quotidien ?
Oui car elle a une peur terrible d’une deuxième rupture. C’est ça au départ qui l’angoisse et je trouve que c’est une super belle preuve d’amour que de dire qu’on va essayer de faire des choses qui nous semblent impossibles juste pour mettre toutes les chances de son côté pour rester ensemble. Et on peut dire qu’Isabelle se donne du mal, elle y croit ! (rires)
Et elle regorge d’idées farfelues pour maintenir son couple…
Ça démarre avec un de ces tests que l’on trouve dans tous les bons magazines féminins, qui forment des groupes et qui ensuite nous rangent dans ces cases. Ça m’avait toujours inspiré, donné l’idée pour un film. Ça partait de là, d’un couple qui s’entendait vraiment bien et qui, à cause d’un test, allait se dire tout à coup « Oh là, là ! On ne se rend pas compte mais on risque de se lasser donc il faut faire des choses qui vont faire qu’on ne se lassera pas d’être ensemble » et ils finissaient par se séparer à cause de ça alors que tout allait bien au départ ! (rires) Ça m’amusait de le raconter.
En toute honnêteté, Isabelle est un peu timbrée, voire même beaucoup ! Alors on espère, surtout pour votre famille, que vous n’êtes pas complètement comme elle mais en quoi vous ressemble-t-elle ?
Elle est un peu timbrée, c’est vrai, mais en fait elle possède une forme de vraie légèreté. Elle comprend parfois que la vie n’est qu’une farce, que tout n’est pas sérieux, donc elle a des rêves et des idées qui peuvent paraître fous pour certains mais, quoi qu’il arrive, elle va au bout. C’est en ça qu’on se ressemble. Par exemple, l’aventure du film dont on va parler, c’était un rêve, j’ai eu une vision d’une aventure humaine dans laquelle je voulais embarquer les gens. Et là, plus j’avance et plus je me rends compte que ma vision était bonne.
Jamais de doutes ?
Si bien sûr, on a des doutes, parfois on a des peurs, des angoisses, c’est normal, mais il faut toujours se rappeler de la vision que l’on a eu la première fois. Et Isabelle est comme moi, rien ne l’arrête, rien ne lui fait peur. Alors comme c’est une comédie, on lui fait faire des choses complètement décalées mais au fond quand le but est positif, elle est prête à faire beaucoup de choses qui peuvent ressembler à de vrais délires ! (rires)
Vous avez toujours senti que vous étiez faite pour la scène, faite pour jouer ?
Enfant, j’avais fait beaucoup de choses… De la danse, du sport, de la musique et du théâtre. Mais ça ne faisait que partie de toutes ces activités là et ce n’est qu’après mon accident de voiture et un petit coma, qu’en me réveillant, j’ai réalisé que j’avais failli mourir sans savoir si j’étais bonne ou mauvaise comédienne ! Là, évidemment, tout le monde s’est dit que j’avais vraiment pris un mauvais coup sur la tête et moi aussi d’ailleurs ! (rires) J’aimais bien faire du théâtre mais sans plus. Et tout d’un coup, j’ai su que c’était important pour moi… Une révélation ! (rires)
La rencontre avec Pierre Palmade ?
C’est Muriel Robin qui m’a emmenée le voir dans un petit café-théâtre. Je trouvais qu’il avait un regard très bizarre…
Je disais qu’il était formidable, qu’il avait de l’humour, mais que vraiment, il avait un regard trop étrange ! En réalité, il louchait parce que il ne voulait pas voir le public ! (rires) Je l’ai ensuite retrouvé dans La Classe et puis quand j’ai joué dans Pédale douce où il avait écrit les dialogues. Il m’a dit qu’il adorait ma façon de dire ses mots et m’a proposé de faire un spectacle à deux. Il y a des familles d’humour, il y a des gens qui vont vous faire rire et d’autres moins, et des gens avec qui vous vous sentez complètement en phase.
Vous remplissez les plus grandes salles de France, que ressent-on lorsque l’on voit tous ces visages qui sont là pour vous voir ?
C’est de la joie, ça donne une énergie incroyable, on a envie de tout leur offrir ! Ce sont de superbes retrouvailles. Notre histoire est très atypique puisqu’il y a peu de spectacles à suite. Du coup, les gens reviennent et ils font pratiquement partie du spectacle eux aussi. C’est un truc hyper familial !
Il y a la scène évidemment mais aussi le cinéma. Quel est ce projet du film Jeux dangereux ?
Je voulais parler des raisons qui nous animent et qui nous font avancer dans la vie. La plupart du temps, elles sont inconscientes et peuvent parfois devenir très dangereuses. Je raconte ça par le biais de l’histoire d’une journaliste qui fait un documentaire sur deux hommes issus d’un même quartier. L’un est devenu un homme politique et l’autre s’occupe des jeunes en difficulté. Parfois on peut être rassuré par un physique, un statut social sans chercher à voir plus loin et parfois on est effrayé par un physique ou un statut social et on ne laisse pas le temps aux gens de montrer leurs qualités humaines. On juge trop vite aujourd’hui. J’avais vraiment envie de faire que tous les trois se retrouvent confrontés à une aventure qui les dépasse et que grâce à ces épreuves, ils comprennent des choses.
Et pour mener à bien ce projet qui vous tient à coeur, il y a Touscoprod…
Oui car j’ai eu envie de créer une aventure humaine complète. Le financement participatif se fait aux Etats-Unis depuis longtemps mais en France c’est récent. Ça se fait surtout quand un film n’a pas le financement nécessaire, quand il lui manque une somme alors que là, ce n’est pas du tout le cas ! J’avais envie de créer une communauté de co-producteurs qui allaient pouvoir, même à partir d’un euro, participer à la fabrication d’un film depuis son écriture jusqu’à sa sortie. Et je voulais embarquer des gens sur notre planète où il y a beaucoup de rêve, d’imaginaire et de créativité. Ça fait du bien d’être dans une communauté liée par un projet artistique. Les gens me le disent, ça leur a apporté quelque chose d’inestimable, un souffle, une vraie récréation… De savoir qu’ils ont été à l’origine et que c’est grâce à eux aussi que ce film existe, ça leur fait beaucoup de bien !
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson
Interview parue dans l’édition n°338 de Juin 2013
Participez au film « Jeux Dangereux » de Michèle Laroque
sur www.touscoprod.com/michele-laroque
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