INTERVIEW

Interview de Dove Attia pour Le Mensuel en 2013 – 1789 les amants de la Bastille – Mozart l’Opéra Rock – Les Dix Commandements

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Dove Attia

en interview 

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DOVE ATTIA

 

  Producteur, avec Albert Cohen, du spectacle musical
« 1789, les Amants de la Bastille »

  

« Les gens ressortent de ce spectacle retournés, chamboulés mais heureux, plein d’étoiles dans les yeux ! »

 

Après avoir rencontré une partie de la troupe l’année dernière alors que les répétitions n’avaient pas encore débuté, nous l’avons retrouvée au grand complet et accompagnée de ses créateurs dans un hôtel cannois, à l’occasion des NRJ Music Awards, après leurs dates parisiennes et au tout début de leur tournée. Et l’on peut désormais affirmer, malgré un climat économique peu favorable ces temps-ci, que Dove Attia et Albert Cohen ont une fois de plus donné naissance à un spectacle qui a su conquérir le coeur du public. Et tout laisse à croire que 1789, les Amants de la Bastille connaîtra le même destin exceptionnel que Mozart l’Opéra Rock qui a su autant séduire les français que les coréens ou encore les japonais !

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dove-attia-interview-1789-02Morgane L. :  Comment vous est venue l’idée de créer le spectacle 1789, les Amants de la Bastille ?
Dove Attia : Inconsciemment, je crois, avec la dernière chanson du spectacle précédent, Mozart l’Opéra Rock. « C’est bientôt la fin de ce monde qui n’entend rien » était déjà une chanson sur la Révolution. Sûrement un peu choqué par le scandale de la crise financière, comme tout le monde d’ailleurs, j’ai réalisé que ce monde devenait fou, et, comme un flash, une image m’est venue en tête, une vision de 1789 ! La vision d’une époque où toute une génération rêvait de changer le monde. Et aujourd’hui, ce thème parle à chacun de nous mais lorsque l’on en a eu l’idée, ça n’avait vraiment rien d’une quelconque raison commerciale contrairement à ce que l’on pourrait croire. Si ça marche autant, c’est que nous avons un peu anticipé et que ce sujet est désormais dans l’air du temps.

Ce spectacle a donc représenté environ deux années de

travail de préparation ?
C’est à peu près ça ! Une année a été consacrée à l’écriture. Ça m’a obligé à passer beaucoup de temps avec Albert Cohen ! (rires) On a pris notre temps pour élaborer le scénario car même si l’Histoire de France avait une bonne partie du travail, il faut être très attentif lorsque l’on met cinquante-cinq personnes sur scène.

1789, les Amants de la Bastille, c’est vrai, est une grosse machine mais c’est ce genre de défis qui nous motive, qui nous fait nous dépasser. Il a fallu ensuite toute une année pour transcrire « physiquement », pour rendre palpable tout ce que nous avions imaginé. Ça donné des coiffures, des costumes (environ 450 sur ce spectacle) et des décors impressionnants. Mais tout ça n’est possible que parce que l’on est une vraie famille avec Albert, entre autres. Le résultat sur scène et cohérent parce que nous travaillons depuis longtemps tous ensemble.

D’ailleurs, dans cette famille artistique, Rod Janois qui
travaillait dans l’ombre depuis plusieurs années, s’est retrouvé sur scène dans le rôle de Camille Desmoulins ?
Oui Rod a travaillé sur plusieurs projets dont le Roi Soleil et Mozart l’Opéra Rock et j’avais remarqué, lorsqu’il enregistrait les premières maquettesdove-attia-interview-1789-03 qui nous servent de test, qu’il avait une voix véritablement magnifique ! Je voulais déjà qu’il monte sur scène pour Mozart, mais ça n’a pas marché. Pas à cause de son talent mais de sa personnalité. Aucun des rôles ne lui correspondait vraiment et c’est indispensable que les interprètes soient proches des personnages qu’ils incarnent pour que ce soit crédible et évident chaque soir. Camille Desmoulins, dès que ses traits ont commencé à se dessiner, on a compris, on a senti avec le reste de l’équipe que c’était un rôle pour lui. Rod Janois représentait le profil psychologique idéal pour ce rôle. En dehors du costume et de l’époque, c’est tout à fait lui ! (rires)

Caster les acteurs et les chanteurs est une des tâches les plus
ardues non ? Il faut trouver la personne qui va pouvoir camper tel ou tel rôle pendant plusieurs mois…
Oui, on s’imagine souvent à tort que c’est facile, qu’il suffit de choisir des gens qui chantent bien alors que ça va bien au-delà. C’est comme rencontrer la personne avec qui on partagera une partie de sa vie. On doit réussir à trouver cette moitié vivante et réelle pour un personnage à la fois historique et romancé. C’est un grand enjeu et ça peut souvent devenir une cause d’échec dans un spectacle. Chaque rôle doit revenir à quelqu’un qui a déjà un vécu et dont la personnalité et la sensibilité correspondent au personnage. L’expérience est vraiment une condition essentielle pour être capable de donner vie à un personnage chaque soir pendant des mois, surtout qu’à la base on est chanteur et pas nécessairement acteur.

Avez-vous vu évoluer les artistes de 1789, les Amants de
la Bastille depuis que l’aventure a commencé et qu’ils campent ces personnages ?
Oh oui bien sûr ! Si on prend le cas de Louis Delort, par exemple, lorsqu’il a intégré l’équipe, il y a quelques mois, ce n’était qu’un gamin de 18 ans, aujourd’hui, il a sensiblement le même âge bien sûr, mais il a de la barbe ! (rires) Il a grandi, mûri. Il a énormément changé, surtout psychologiquement. Ça change un homme d’avoir la peur au ventre chaque soir pendant des mois, face à 4 000 personnes ! Et Louis n’est qu’un exemple… Tous ces artistes ont évolué, se sont transformés et ressemblent désormais de plus en plus à leurs personnages. Au fur et à mesure des
représentations, ils incarnent de moins en moins, ils deviennent les personnages. Ça les rend plus libres, plus sûrs d’eux et ça leur permet d’enrichir et de donner plus de relief, à l’inverse, à leurs personnages.

dove-attia-interview-1789-04La tournée a contribué à ces changements ?

De plus, la tournée qu’ils sont en train de vivre en province agit comme un booster, un révélateur. C’est un terrain de jeu incroyable qui les nourrit encore plus. Ils sont bien meilleurs qu’à Paris car c’est du live en continu, même lorsqu’ils ne sont pas sur scène. Ça les oblige à s’adapter constamment, à aller à la rencontre de nouvelles personnes, à décupler leur écoute, à être encore plus attentifs aux détails, à ne pas trop se sentir en sécurité. Ils s’améliorent chaque soir mais même s’ils travaillent énormément, je vous rassure, ils savent se détendre ! (rires)
On s’amuse sincèrement beaucoup sur cette tournée !

Vous avez connu des succès exceptionnels avec tous vos
précédents spectacles. On pense à Mozart l’Opéra Rock évidemment mais aussi au Roi Soleil ou Les Dix Commandements. Pourtant, vous angoissiez en lançant ce spectacle ?
Oui, on a eu des périodes de craintes, d’angoisses.
Dans le monde du spectacle, comme dans tout ce que l’on entreprend d’ailleurs, rien n’est jamais gagné d’avance, ce serait présomptueux de notre part de s’imaginer que le public n’attendait que nous ! (rires) Alors que d’ailleurs, lorsque l’on a monté ce spectacle, on s’est confronté à une très grande concurrence… Et de taille ! Adam et Eve, Sister Actou encore Salut les Copains… Et il ne faut pas se mentir, en cette période de crise et d’instabilité économique, les enjeux financiers ont représenté, plus que jamais, un point important à prendre en compte lors de la création. Rien ne nous garantissait que les gens dépenseraient pour venir nous voir, nous ou les autres spectacles d’ailleurs. Même si ce que l’on fait représente un immense travail, même si on le fait le plus sincèrement du monde, même si on y met tout notre coeur, le spectacle ne fait pas partie des dépenses vitales pour une famille. Même si ça fait un bien fou de se rêver le temps d’une soirée, ça reste une dépense superflue et exceptionnelle, ça ne sert ni à manger ni à se loger. Nous en sommes conscients et nous ne pouvons qu’être infiniment reconnaissants car c’est grâce au public que ce spectacle tourne en région et reviendra à Paris, pour la seconde fois, à la fin de l’année.

Mais lorsque vous le voyez désormais sur scène, vous ne
regrettez pas ce stress je suppose ?dove-attia-interview-1789-05
Non, c’est vrai ! On ne peut rien regretter car, peu importe le stress vécu et les nuits de sommeil écourtées, on est fier et surtout, on est heureux. Du point de vue scénique, il est à mes yeux, le plus beau, le plus accompli et ce, grâce à notre metteur en scène Giuliano Peparini qui nous a offert quelque chose de complètement nouveau. Avec 1789, je retrouve l’émotion que l’on avait eue en créant notre première comédie musicale, Les Dix Commandements.

Selon vous, pourquoi les gens sont-ils autant attirés par
ce spectacle ?
Dans 1789, les Amants de la Bastille, on retrouve la plus belle partie de cette période, le passage le plus romanesque, celui où les gens ont su se regrouper, s’allier pour changer le monde. J’ai l’impression que le spectacle, malgré les années passées, parle d’aujourd’hui. J’ai essayé de capter ce que je ressentais. J’ai la nette impression que nous sommes face à la fin d’un système, que notre monde et notre économie sont dans une impasse. Je ne sais pas si l’on trouvera une solution pour rétablir la situation mais j’ai tout de même bon espoir. Les générations précédentes ont toujours fini par trouver des solutions. Et je ne dois pas être le seul à le penser puisque les gens ressortent de ce spectacle retournés, chamboulés mais heureux, plein d’étoiles dans les yeux.



Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson
Interview parue dans l’édition n°338 de Juin 2013

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