CONCERT

Imany en interview pour son spectacle musical « Voodoo Cello »

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« Quand on casse les codes, on touche du doigt l’invincibilité… »

 

5 ans après son 2ème opus, I’ensorcelante Imany est de retour avec Voodoo Cello, un album-spectacle dans lequel, en prêtresse vaudou, elle juxtapose comme par magie des chansons de Brel, d’Elton John, de Madonna ou d’Henri Salvador revisitées pour la 1ère fois par un ensemble de 8 violoncelles. Dans une atmosphère mystique et gracieuse, ces 9 « instruments » à cordes vont se mettre à nu et s’accorder pour nous laisser entrevoir un avenir (peut-être) un peu plus serein…

 


🎟️  Imany pour son spectacle musical « Voodoo Cello »

  • 23 avril 2022 : Le Carré / Sainte-Maxime / 20h30 / 38.00€
  • 15 juillet 2022 : Opéra Garnier de Monte-Carlo / Monaco / 20h30 / 120.00€

 

 


 

 

Morgane Las Dit Peisson : Vous avez eu le bon goût de prendre votre temps pour Voodoo Cello

Imany : Il faut en effet vivre sa vie pour retrouver de l’inspiration. À chaque fois que j’ai sorti un album, je suis partie 3 ans en tournée et même si ça fait partie intégrante de ma vie, ça m’a enfermée dans une sorte de tunnel. Quand on a des enfants et qu’on vieillit, on prend conscience que notre passion, aussi intense soit-elle, ne fait pas tout. J’ai ressenti le besoin, pour Voodoo Cello, de prendre mon temps et de réfléchir à ce que je voulais vraiment. Mais même si j’ai mis 5 ans avant de revenir avec ce 3ème album, j’ai tellement travaillé que c’est passé, pour moi, à toute vitesse !  

Et puis le manque crée l’envie…

C’est ce que je pense aussi mais on est dans une société tellement capitaliste et consumériste, qu’il faudrait, pour tenter de la satisfaire, créer et produire en permanence ! La musique a été récupérée par ce système qui essore certains artistes qui marchent fort comme Jain ou Stromae. Je suis passée par là pendant un temps et sincèrement, ça épuise aussi physiquement que mentalement alors, artistiquement, ça se ressent. 

 

 

Voodoo Cello, un album-spectacle en hommage au violoncelle…

Au moment de sortir cet album, je me suis évidemment demandé si les gens seraient encore là et s’ils allaient aimer mais aussi s’ils allaient comprendre ma démarche puisque c’est plus un spectacle qu’un simple album. Sur scène, je suis uniquement accompagnée de 8 violoncellistes car j’y défends le projet Voodoo Cello qui n’a rien à voir avec mes précédents concerts. C’est réellement un spectacle musical narratif dans lequel une prêtresse vaudou raconte son parcours intérieur en chantant les chansons des autres. Elle utilise le prétexte du concert pour inviter les gens à participer à un rituel vaudou qu’on a nous-mêmes imaginé.

On pense magie, mystère, mystique…

On connaît mal le vaudou mais c’est avant tout une religion liée, en effet, à la magie et au mystérieux. Je suis allée vers ça au moment où je faisais l’arrangement des morceaux car j’ai pris conscience de l’âme du violoncelle. Cet instrument acoustique offre une incroyable palette d’émotions en sonnant tour à tour comme une guitare électrique, comme une flûte ou encore comme une sirène. Il est puissant et mystérieux alors je me suis mise à chercher un titre qui pouvait exprimer tout ça. Le mot « vaudou » m’est apparu et ensuite, seulement, je me suis vraiment renseignée sur ce que c’était. Plus je m’y intéressais et plus ça s’imposait comme une évidence que le spectacle tournerait autour de la magie et de la force. Ce qui m’a le plus frappée dans le vaudou c’est que comme la musique, c’est fait pour améliorer la vie des gens. De cette constatation est née la vraie raison du spectacle : se créer son propre vaudou pour avancer. 

 

 

C’est aussi l’art de voir les choses autrement…

C’est exactement ça et c’est ce que font les musiciens sur scène qui, avec leurs violoncelles, vont bien plus loin que leur mission habituelle en jouant la comédie, en se levant et en dansant. Grâce à leur implication dans ce spectacle, on peut découvrir cet instrument séculaire autrement, lui qui est généralement cantonné à la chaise. Ce qui est passionnant, c’est de rompre le rite et de chambouler toutes ces petites choses qu’on fait sans se questionner et qui nous empêchent souvent de découvrir nos propres limites. Quand on casse les codes, on touche du doigt l’invincibilité, la puissance, la confiance et ça, c’est bouleversant !

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos Eugenio Recuenco

 


Interview parue dans Le Mensuel n°430 d’avril 2022

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