INTERVIEW
Gil Alma en interview
Derrière Alain Stuck – le barman sportif – que des millions de français retrouvent assidûment chaque jour dans Nos chers voisins, se cache un Gil Alma passionné par un métier qui l’a déjà conduit, à multiples reprises, devant des caméras de télé, de clips ou de cinéma mais aussi sur les planches comme c’est le cas depuis plusieurs mois… Et, bien qu’il ait déjà sévi au théâtre, c’est seul sur scène, que le comédien a choisi de s’exprimer pour se présenter tel qu’il est en réalité. Abordant sans complexe et avec autant de sincérité que de folie ce qu’est la vie avec tous ses petits emmerdements et ses grands bonheurs, l’humoriste passe au crible tout ce et tous ceux – boulot, enfants, couple, amis – qui en sont la cause mais grâce à qui, tout bien pesé, La vie est belle…
« LA VIE EST BELLE »
À Marseille au festival M’Rire le 27 juin 2017
À Avignon au festival Off du 07 au 30 juillet 2017
À Draguignan à la Semaine du Rire le 01 août 2017 • GRATUIT
« Ce métier m’a apporté un équilibre… »
Morgane Las Dit Peisson : On va te retrouver cet été, entre autres, à Avignon…
Gil Alma : Ce n’est pas un passage obligé mais je trouve ça important d’y aller bien que ce soit très intense ! Cette année, je crois que je vais enchaîner environ 25 réprésentations sans relâche en plus des « parades » dans les rues pendant presque deux heures par jour… C’est, surtout avec la chaleur, assez exténuant mais j’aime aller au contact des gens, les inviter à me retrouver au spectacle et prendre le temps de discuter avec eux, de signer des dédicaces ou de faire des selfies. C’est un gros investissement dans tous les sens du terme puisque ça prend du temps, de l’énergie et, vu que je m’autoproduis, des moyens financiers mais, même si ce n’est pas sans risque, c’est, je trouve, un très bel évènement.
Quand on monte sur scène alors que l’on s’autoproduit, on arrive facilement à oublier les enjeux ?
J’évite, quand je commence le spectacle, de compter le nombre de gens dans la salle pour savoir combien je vais gagner ! (rires) Mais plus sérieusement, oui, quand je monte sur scène, j’arrive à faire la part des choses et à ne me concentrer que sur ce que j’ai à faire. Sur les planches, j’oublie tout, je me lâche complètement et ça laisse la place à un véritable moment de partage avec le public, c’est magique… Au point d’ailleurs qu’à l’époque où j’avais des problèmes de dos, je ne ressentais plus la douleur pendant que je jouais… Tous les acteurs le disent mais la scène est un incroyable placebo !
Ça te fait du bien d’être au contact du public ?
J’adore ça ! J’aime être sur les routes pour découvrir toutes ces régions de France et partager des soirées de rire avec de « vrais » gens ! (rires) Nos chers voisins c’est génial mais, bien que tu touches une grande partie de la population grâce à la magie de la télé, tu es assez seul, tu n’as pas de retour immédiat et surtout, tu n’entends pas les rires… C’est peut-être ce qui me manque le plus quand on tourne ! Sur le plateau, tu as ton partenaire et des techniciens mais ils ne doivent avoir aucune réaction pour ne pas gâcher la prise alors, même si j’aime énormément ça, ça crée un manque que seule la scène peut combler.
Faire rire est un des exercices les plus compliqués…
Je le crois aussi et c’est peut-être ça qui rend la chose si magique quand tu y arrives… Comme tout le monde, les humoristes ne sont pas à l’abri des peines ou des problèmes par contre, quoi qu’il leur arrive dans la journée, ils doivent réussir à faire rire le soir ! Et le seul moyen pour y arriver c’est la concentration… Il faut être pleinement dans les personnages et les situations que l’on a créés pour effacer tout ce qu’il s’est passé dans la « vraie » vie et réussir à s’amuser pendant une heure et demie car, si l’on ne s’amuse pas sincèrement, le public n’y parvient pas non plus. Parfois, il faut se forcer un peu au début et comme « l’appétit vient en mangeant », je crois que « le rire vient en riant » !
Pour toi qui propose un spectacle qui parle réellement de toi, faire cette distinction est peut-être encore plus ardu…
C’est vrai que c’est une petite difficulté supplémentaire… Je n’ai pas l’impression d’interpréter un personnage quand je suis sur scène… Je suis moi, je parle de moi, de ma vie, de ma femme, de mes enfants, je raconte des trucs qui me sont réellement arrivés, je parle de mes vacances à Noirmoutier… C’est moi, peut-être avec moins de filtre et plus de folie mais ce spectacle, La vie est belle, est fidèle à ce que je suis. Je ne sais pas où se situe exactement la frontière alors, quand j’ai un coup de mou, ça me demande peut-être en effet un peu plus d’effort pour mettre de côté mes préoccupations…
C’est compliqué, parfois, de se raconter ?
Je n’ai pas tellement de problème avec ça car je crois que je n’ai quasiment pas d’ego… Je n’ai pas honte, je ne cache rien donc je dis les choses simplement, comme je les vis et comme je les pense, sans filtre ! (rires) Je ne veux pas me prendre au sérieux et je n’ai vraiment pas peur du ridicule…
Il y a souvent une réserve et une discrétion chez les plus extravertis sur scène…
C’est étrange car au quotidien, je ne parle pas énormément et encore moins de moi ! (rires) Quand j’étais plus jeune, je faisais le con, je me faisais remarquer et je cherchais à faire rire tout le temps mais, depuis que je suis devenu comédien et humoriste, je n’agis plus du tout comme ça quand je suis en famille ou avec mes potes… C’est d’ailleurs ma femme qui fait rire à la maison ! (rires) Je crois que ce métier m’a apporté un équilibre et m’a permis, en réservant tout ça à la scène, de devenir vraiment moi dans ma vie de tous les jours…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Mathieu Buyse & Jonas Hamers
Interview parue dans Le Mensuel de juin 2017 n°382 éditions #1 et #2
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