COUPS DE COEUR
Gaëtan Roussel en interview pour son nouvel album « Est-ce que tu sais ? » et en tournée au Mas
Pourtant imaginé avant le 1er confinement, le nouvel album de Gaëtan Roussel – Est-ce que tu sais ? – semble, à travers ses questionnements, pouvoir y apporter des réponses et bien que conçu pendant cette crise, il a réussi à ne pas se laisser « plomber » par le chaos ambiant… Littéralement euphorisant, il possède deux étranges pouvoirs que l’on n’imagine pas toujours aller de pair. Si ses textes nous poussent à réfléchir à ce que nous sommes et à ce que nous vivons ; sa musique, quant à elle, nous redonne tout simplement « envie » d’avancer, de se relever et de continuer…
🎟️ Gaëtan Roussel en concert :
- 23 juin 2022 : Le Mas d’Été / Le Mas des Escaravatiers / Puget-sur-Argens / 19h30 / 37.00 €
- 21 octobre 2022 : Le CEPAC Silo / Marseille / 20h00 / 33.00 €
💿 Nouvel album – Est-ce que tu sais ? – paru le 19 mars 2021
« Il y a des doutes essentiels qui permettent d’avancer… »
« Je me considère comme chanceux ! »
Morgane Las Dit Peisson : Même si rien ne se joue en ce moment, la tournée s’organise pour l’automne 2021…
Gaëtan Roussel : La scène me manque évidemment énormément ! Que ce soit comme spectacteur ou comme artiste… On est tous dans les starting-blocks, on a hâte que ça puisse de nouveau être possible, que les concerts tests soient faits pour qu’on essaye de savoir quand et comment on pourra réinvestir les salles de spectacle… Avoir des échéances, ça permet d’avancer et de travailler.
Par contre, dans mon cas personnel, j’estime ne pas avoir vraiment le droit de me plaindre. Depuis un peu plus d’un an je travaille sur mon album Est-ce que tu sais ? comme je l’avais prévu et maintenant qu’il est sorti, je retrouve le chemin de la promo et je peux jouer en télé ou en radio donc dans tout ce marasme ambiant, je me considère comme chanceux parce que je peux avancer et je n’ai pas été coupé en pleine tournée. Normalement, elle débutera en septembre et vous avez raison, c’est maintenant que ça se travaille et qu’on ouvre les billetteries… On croise les doigts et surtout, on est très, très impatients !
Vous avez créé de nouveaux rendez-vous sur votre chaîne YouTube avec des sessions acoustiques dans le salon d’un appartement…
Puisqu’on ne peut pas se retrouver en vrai pour l’instant, je continue à faire mon métier avec les règles qui nous sont imposées tout en essayant de donner « l’envie »… Ces sessions live sont l’occasion de retrouver mes camarades qui crèvent d’envie de jouer et de peut-être donner envie à ceux qui les voient d’aller découvrir l’album en entier avant de venir nous voir en concert. Ces sessions, on les a pensées et on a fait en sorte qu’elles soient belles pour remercier les gens qui font l’effort de tendre l’oreille…
C’est, quoi qu’on en dise, essentiel de se nourrir, entre autres, de musique…
Je sais qu’une chanson ne changera jamais le monde mais elle peut changer une personne, son état d’esprit, son humeur… C’est ce que je trouve magique avec l’art et c’est ça qu’il faut continuer à faire circuler jusqu’à ce que les choses s’arrangent.
« Je voulais aborder des sujets comme la résilience et le questionnement… »
Votre nouvel album – Est-ce que tu sais ? – est sorti le 19 mars dernier, c’est un soulagement ?
« Soulagé » c’est le terme ! (rires) Avant une sortie, on est impatient car on sait qu’on ne peut plus rien retoucher, on ne peut qu’attendre que l’album soit dévoilé au public pour connaître ses impressions… Maintenant que c’est fait et que j’ai eu de bons retours, je suis, d’une certaine manière, un peu rassuré. Certes, on fait ce qu’on aime mais il faut être honnête, on ne compose pas un album pour qu’il reste enfermé, on a toujours envie qu’il rencontre le public. Alors oui, je suis soulagé et je peux désormais travailler sur la prochaine vie de ces morceaux : la scène !
Un album conçu dans un contexte inhabituel mais imaginé avant le 1er confinement…
Je l’avais en effet en tête avant qu’on se retrouve confinés alors j’ai conservé la couleur et l’esprit que je désirais lui donner au départ. J’avais décidé de travailler tout seul, en guitare-voix. C’est mon ADN alors le contexte – puisque je n’avais pas choisi de me lancer dans un album symphonique ou collégial -, ne m’a pas bloqué dans la création et c’est un chance ! Je m’étais installé un petit studio de fortune dans la chambre de ma fille et la semaine où elle n’était pas là, je m’y enfermais !
Alors que les questions sont souvent affiliées aux enfants, vous avez osé en poser une en titre d’album avec un gros point d’interrogation à l’envers sur la pochette… Ça correspond bien à la période que l’on vit, qui est sens dessus dessous et qui nous pousse au questionnement…
Je voulais aborder des sujets comme la résilience et le questionnement. Savoir comment on avance en fonction de ce qu’on croise dans la vie. Il y a des titres comme On ne meurt pas (en une seule fois) qui parle de se remettre en selle après un coup dur ou encore Les matins difficiles et Je me jette à ton cou qui rappellent, j’espère, que ça vaut la peine de continuer à avancer. Il est beaucoup question de ce temps qui s’écoule, qu’on retient, qu’on accélère ou qu’on donne aux autres, mais aussi du chemin qu’on choisit en croyant en connaître la destination… Le virus a changé toutes nos habitudes, toutes nos certitudes, notre rapport au temps, aux autres, aux proches, aux choses, au quotidien, au travail et donc à nous-mêmes… Alors bien qu’il n’ait pas été conçu grâce ou à cause de cette crise, je me rends compte qu’il résonne comme une réaction à ce que nous vivons.
J’avais envie d’utiliser l’interrogation car je trouve ça intéressant d’être curieux, d’avoir le goût des autres mais aussi de douter. Il y a des doutes essentiels qui permettent d’avancer… Je ne fais pas de reportages pour traiter d’un sujet précis mais les chansons permettent, bien que de façon un petit peu floue, de toucher les gens dans leur ressenti. Ça ne leur apporte pas de réponse mais une certaine véracité. Ce type d’écriture permet ça et c’est ce que j’aime… Je préfère glisser une question plutôt qu’une réponse approximative ! (rires)
Cet album interroge nos certitudes face à ce qu’on vit mais permet aussi, je crois, de laisser libre cours aux interprétations de chacun.
Sans sommeil en duo avec Alain Souchon…
C’est la seule chanson marquée « confinement » même si malheureusement, le fait que des gens vivent dehors existait avant et a continué à exister après cet évènement… Je ne suis pas coutumier de chansons « frontalement » sociales mais ce sujet me tenait à coeur : donner la vision d’un homme qui n’a pas de toit et qui voit, de l’extérieur, nos intérieurs se modifier pour y rester à l’abri… J’ai fait appel à Alain Souchon dont j’admire la façon de croquer notre société sans démagogie aucune, tout en étant poétique et politique. Il a accepté alors qu’il chante rarement les mots des autres, ça m’a énormément touché et ça m’a surtout donné une sorte de courage pour mener ce texte et sa musique « décalée » à bien…
« Je suis un adepte de la mélancolie que l’on appelle « heureuse » ou « lumineuse »… »
Malgré la période pendant laquelle il a été conçu, cet album n’est pas pesant, au contraire il a un effet « euphorisant », on ressort de l’écoute en étant bien dans sa tête…
Ça me touche et je prends ce terme « euphorisant » comme un très beau compliment car c’est ce que je souhaite le plus quand je sors un album ! Je ne peux pas être plus heureux que quand je sais que ma musique fait « juste » un peu de bien à quelqu’un, qu’il se sent plus léger ou plus motivé pour s’atteler à sa tâche…
Je ne suis pas un nostalgique mais je suis un adepte de la mélancolie que l’on appelle « heureuse » ou « lumineuse ». La colère par exemple n’est pas un titre négatif, il exprime que l’on est simplement des êtres faits de nerfs et de sensations qui tentent de tenir un cap. La colère n’est pas stigmatisée dans ce texte et à l’inverse, je crois qu’elle est délestée de son poids…
La colère est aussi absente de Je me jette à ton cou dont le clip a été tourné en Provence avec un certain Daniel Auteuil…
Ça a été une chance de l’avoir pour marcher à mes côtés dans ce clip façon road trip à pied. Je l’ai rencontré il y a un an pour travailler sur son disque qui sortira en septembre et qui sera accompagné d’un spectacle. J’ai osé lui demander s’il était d’accord pour être à mes côtés sur ce clip et c’est autant un bonheur qu’un honneur que d’avoir à la fois ce comédien grandiose et cet homme adorable sur ce morceau là qui parle d’une amitié profonde et indéfectible…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos Fifou
Interview parue dans Le Mensuel n°419 d’avril 2021
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