COUPS DE COEUR
Francis Perrin s’embourgeoise à Cannes dans « L’école des femmes »
« L’école des femmes » avec Francis Perrin
théâtre / classique
- 08 décembre 2022 / 14:00 + 19:30 / Cannes / Palais Stéphanie – Théâtre Croisette
« L’école des femmes » avec Francis Perrin : Affaires de famille
Bien que sa naissance remonte très exactement – en 2022 – à 400 ans en arrière, Molière peine à faire partie du passé. Jouées sans discontinuer depuis leurs créations, ses œuvres sont en effet toujours autant source de passion que d’attrait et d’inspiration plus de trois siècles après leurs naissances… Pensionnaire de la Comédie-Française depuis 50 ans cette année, Francis Perrin (que le théâtre et ses classiques n’ont jamais empêché de rencontrer le grand public à travers des comédies populaires telles que Tête à claques, On a volé la cuisse de Jupiter et, plus récemment, la série policière Mongeville sur France 3) fait partie de ceux qui vouent un véritable culte à l’auteur du 17ème siècle. Après avoir « visité » – dès les prémices de sa carrière – de nombreux personnages imaginés par ce dernier dans Dom Juan, Le Malade imaginaire, Les Femmes savantes, Les Fourberies de Scapin ou encore Le Bourgeois gentilhomme, le comédien s’est aventuré dans un seul en scène inédit, audacieux et ambitieux – Molière malgré moi – dans lequel il a désiré rendre hommage au maître incontesté du théâtre français.
Après quatre années passées sur les routes en tête-à-tête avec Molière, on aurait pu s’attendre à retrouver Francis Perrin dans un tout autre registre mais c’est à nouveau vers lui qu’il a choisi de se tourner afin de monter sur les planches en famille ! À l’affiche de L’école des femmes, c’est en effet entouré de trois de ses proches – son épouse Gersende, sa fille Clarisse et son fils Louis – que l’acteur a cette fois-ci eu envie d’endosser le costume d’Arnolphe, un bourgeois désireux de se marier avec une femme répondant en tout point au moindre de ses désidératas… Conscient qu’il n’en trouverait pas une « sur le marché », il s’est attelé à éduquer Agnès – sa pupille – depuis son plus jeune âge, sans s’imaginer un instant que celle-ci pourrait un jour tomber éperdument amoureuse d’un autre homme et ne pas être d’accord avec ses projets d’avenir !
À mi-chemin entre le mariage forcé (monnaie courante à l’époque) et le choix sur catalogue (qui n’est pas sans rappeler les applis de rencontre d’aujourd’hui), cette pièce est autant, pour Francis Perrin, l’occasion de rappeler la modernité de ses propos que de continuer à éveiller les consciences de ses contemporains sur l’autisme. Car si ce n’est évidemment pas le sujet de la pièce, celle-ci, en accueillant au sein de sa troupe Louis Perrin (autiste sévère), prouve que la chose est possible et que le combat mené par les parents de ce dernier depuis des années n’a pas été vain. De plateaux télé en téléfilm en passant par l’ouvrage Louis, pas à pas (paru en 2012), Gersende et Francis – à qui le corps médical avait conseillé de faire « le deuil de leur enfant » après que le diagnostic est tombé – semblent avoir eu raison de persister à croire que des solutions telles que l’A.B.A. (un traitement de stimulation non médicamenteux) existaient. Non reconnu à ce jour en France, celui-ci a pourtant commencé à porter ses fruits dès les premiers jours d’administration en ouvrant la voie de la communication et de l’autonomie au jeune Louis qui, à 18 ans, montait déjà sur les planches aux côtés de son père dans Un portrait de Molière en 50 minutes…
© Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photo DR / Article paru dans Le Mensuel n°437 de décembre 2022
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