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FEMI KUTI Interview

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Femi KUTI
 
en interview
« L’Afrobeat est mon essence, ma façon de m’exprimer ! »


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Femi KUTI

En concert le 1er Décembre 2011 à Nice (06) et le 2 Décembre à Marseille (13)
Réservations en ligne

Encore un « fils de » qui a su se faire une place et imposer son prénom…
Femi Kuti, digne successeur de son père, a su conserver toutes les caractéristiques traditionnelles de l’Afrobeat tout en y insufflant régulièrement une dimension contemporaine grâce au mariage des genres. Bien plus qu’un simple chanteur ou musicien, cet artiste nigérian est avant tout un personnage engagé qui lutte incessamment pour la paix, l’unité et la libération du continent africain. Découvrez vite sur scène son dernier album « Africa for Africa » qui vous offrira un véritable retour aux sources et aux vraies valeurs…  

 « L’Afrobeat est mon essence, ma façon de m’exprimer… ! »

 

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Comment s’est passé l’enregistrement de ce dernier album ?
Cet album date de l’année dernière, il a été enregistré à Lagos, dans le studio où j’ai enregistré mon premier album et où je jouais avec mon père.
Bien sûr les conditions ne sont pas les mêmes, le matériel là bas n’est pas comme celui que nous utilisons quand nous enregistrons en Europe. Il a fait très chaud dans le studio, les musiciens étaient fatigués mais c’était important de le faire là bas, la colère que nous ressentions et le stress dû aux conditions de travail nous ont donné beaucoup de force.

Pourquoi avoir choisi de l’enregistrer à Lagos plutôt qu’à Paris ?
Cette démarche se plaçait dans une recherche de l’origine. Etre dans le berceau de l’Afrobeat était important pour moi dans la création de cet album.
Ça apporte une touche particulière, une authenticité plus importante à cet album ?
A vous de me dire…
Qu’est-ce que change au niveau du son et de la création ?
Le son est peut être moins pur musicalement parlant à cause du matériel mais ça lui donne un aspect rugueux qui me plait bien, un aspect plus originel.
De quoi parle ce nouvel album « Africa for Africa » ? Quel est son fil conducteur, les messages qu’il délivre etc. ?
« Africa for africa », comme son nom l’indique parle de problèmes qui pour l’instant sont proprement africains mais qui peuvent s’étendre à d’autres pays.
Il parle de corruption, des mensonges de nos politiciens, de la détresse des jeunes qui ne trouvent pas d’emplois décents, il parle aussi des certains grands personnages africains que j’admire beaucoup, dont mon père, dont Thomas Sankara, et d’autres grandes figures de l’africanité.
Femi_Kuti3itwL’Afrobeat représente quoi à vos yeux ? C’est plus qu’un simple style musical, c’est une façon de voir la vie, une philosophie ?
L’Afrobeat est mon essence, ma façon de m’exprimer.
Comment avez-vous réussi à vous faire votre place ? N’est-ce pas finalement difficile d’être le fils de Fela Anikulapo Kuti, créateur de l’Afrobeat ?
Cela a été difficile au départ parce que j’ai grandi avec ma mère quelque peu éloigné de mon père et de Kalakuta et j’ai du ouvrir les portes de la musique seul, certes avec mon nom qui est celui de mon père, mais seul.
Je ne me compare pas à mon père… Je l’admire et le respecte en tant qu’homme et en tant que musicien et forcément en tant que créateur il m’inspire et sa présence m’est à l’esprit chaque jour. C’est un honneur que d’être le fils de Fêla pour ses idées et ses valeurs ainsi que pour sa richesse musicale et ses inspirations.
Qu’avez-vous conservé et qu’avez-vous fait évolué dans ce courant musical ?
Je suis issu aussi bien du jazz que la musique africaine yoruba, l’Afrobeat en est en fait une fusion, ma musique est peut être un peu plus pop que celle de mon père, ma voix n’est pas la même non plus au niveau de la tessiture, et j’essaye de faire sortir l’Afrobeat de son coté « musique africaine ». Je viens d’ailleurs de terminer une tournée avec les Red Hot Chili Peppers ou j’ai fait leur première partie sur une dizaine de dates en Europe. C’était musicalement très enrichissant !
Portez-vous toujours les messages de votre père ? Cette volonté de protestation contre les politiciens corrompus etc. ?
Il me semble que oui, même si la situation s’est globalement améliorée au Nigéria, nous sommes encore très loin de notre potentiel. Le Nigéria possède des gisements de pétrole, des diamants et des ressources naturelles dont l’argent des exploitations bénéficient toujours à des politiciens corrompus qui s’en mettent plein les poches et le peuple meurt de faim. Sans parler des conflits ethniques qui opposent les chrétiens aux musulmans.
Femi_Kuti1itwSelon vous, que penserait-il de la situation actuelle du Nigéria, lui qui a toujours prôné des messages de paix ?
Je pense qu’il serait révolté tout comme je le suis et que la musique est encore le meilleur moyen de s’exprimer.
Avez-vous toujours eu envie de lui succéder ? Avez-vous toujours été passionné par la musique, le saxophone et le chant ?
J’ai toujours aimé la musique, mais je n’ai pas toujours voulu en faire mon métier… J’ai voulu être professeur à une époque, mais ça m’est passé et je suis resté dans la musique, c’est là que je me sens le mieux !
L’Afrobeat est mélange de jazz, de yoruba et de funk, y avez-vous apporté des nouvelles influences musicales ? (rap, r’n’b, hip hop etc.)
J’ai fait un duo avec Bret Dennen pour « Make you crazy » qui est, je pense, plutôt pop mais c’était uniquement une participation avec moi au sax et lui à la voix. Et mon album « Day by Day » a été remixé par plusieurs artistes issus d’horizons différents comme Chinese Man, Bost & Bim ou encore General Elektriks. J’apporte à l’Afrobeat une touche de modernité peut être… Les cuivres yoruba se sentent un peu moins que dans les sons de mon père. Je ne suis pas fermé aux collaborations, si on me propose un projet Afrobeat / Flamenco et qu’il me plaît, je le ferais peu importe la fusion dont il s’agit.
La langue choisie pour vos textes est l’anglais, pour quelles raisons ? Une volonté d’être compris et entendu par le plus grand nombre ?
Alors, il y a plusieurs raisons. L’anglais ou plutôt le pidgin est la langue officielle au Nigeria, langue héritée du colonisateur anglophone. Et puis, il ne faut pas oublier que j’ai grandi en Angleterre donc ma langue maternelle est bien l’anglais. Et puis, oui, l’anglais est aussi la langue internationale que tout le monde peut comprendre.
Vous œuvrez inlassablement pour la paix et contre l’injustice et avez reformé « le Shrine » en l’an 2000, est-il toujours d’actualité ? En quoi consiste ce groupe ? Et cela signifie-t-il que la vie au Nigéria est toujours aussi difficile ?
Le Shrine n’est pas un groupe mais un lieu. C’est un club qui appartenait à mon père et appartient à ses enfants aujourd’hui. Mon frère Seun et moi nous nous y produisons en alternance. Je vous invite par ailleurs à vous documenter ou à regarder les images du Shrine sur Youtube c’est un lieu qui mérite le détour ! http://www.afrik.com/article1242.html
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Comment, selon vous, se fait-il que les pays africains aient tant de difficultés à se développer et à se soutenir ?

L’Afrique a été exploitée et vidée de ses richesses par des étrangers qui ne cherchaient qu’à s’en mettre plein les poches. Puis les ravages sur l’esprit de la colonisation. Aujourd’hui les africains sont au pouvoir dans leur propres pays mais c’est l’individualisme qui règne et le peuple ne bénéficie de rien. Les gens au pouvoir empochent tout et n’ont rien à faire du reste… N’ont rien à faire que les gens meurent de faim ou qu’ils s’entretuent pour des histoires de religions… Le gouvernement s’en fiche ! Ce qui lui importe c’est de mettre leurs familles à l’abri du besoin et de passer des vacances au soleil dans les pays du nord dans lesquels leurs enfants font de bonnes études.
Même si on parle de l’Afrique comme un grand ensemble, chaque pays connaît des problèmes bien spécifiques pour lesquels il existe des solutions adaptées, mais chaque pays est différent, chaque tribu, chaque frontière connait en son sein des problèmes que seuls les gouvernements et les locaux peuvent régler car ils connaissent leur situation. Par exemple, les problèmes que connaissent actuellement la région de la corne de l’Afrique ne sont pas les mêmes que ceux qu’on pu connaître le Rwanda, Le Liberia ou le Nigeria. C’est n’est donc pas une question de soutien, on ne peut pas appliquer des solutions globales à l’Afrique comme si il s’agissait d’un seul pays.
N’avez-vous jamais été menacé par les forces de l’ordre ou n’avez-vous jamais été censuré comme l’a par exemple été Tiken Jah ?
Si j’ai été menacé par le passé, à Lagos j’ai des gardes du corps. Je ne souhaite pas en parler, c’est un sujet qui me rappelle de mauvais souvenirs et je n’aime pas trop l’évoquer, je m’en excuse…
Vous battre ainsi signifie que vous êtes un éternel optimiste ? Jamais vous n’avez eu envie de baisser les bras ?
Non, la situation dans mon pays m’a toujours tenu à cœur il en sera toujours ainsi, ce n’est pas de l’optimiste c’est plutôt une forme d’acte citoyen je dirais.
Enfin, quels sont vos espoirs et vos envies pour le Nigéria et ses habitants ?
J’espère que la situation va s’améliorer et pour le pays et pour les habitants, aussi bien politiquement qu’économiquement, il me semble que c’est ce qu’on doit souhaiter à tous les habitants du monde, pas seulement aux Nigérians.

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Album « Africa for Africa »
Propos recueillis par Sarah Benabbou pour Le Mensuel
Photos ©Julien Mignot


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