INTERVIEW

Faada Freddy en interview

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Avec son premier album Gospel Journey, impossible pour Faada Freddy de passer inaperçu… Conçu intégralement sans aucun instrument de musique, dans le plus simple appareil en somme, l’artiste a choisi de se servir de sa propre matière pour lui donner vie. Fait de voix et de percussions corporelles, si l’album est sans nul doute original, ce n’est pas dans cette optique qu’il a été imaginé. Différente de fait, la finalité de cette exception musicale est de prouver qu’en chacun de nous peut se cacher un musicien qui, sans grands moyens et en toute indépendance, peut s’adonner à son tour à ce langage universel


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À Monaco le 01 avril

 


« Qu’il y ait 5 ou 5000 personnesje partagerai avec elles ce que j’ai à proposer… »


 

Morgane Las Dit Peisson : Vous enchaînez beaucoup de concerts, c’est quoi le secret pour garder l’envie et la forme ?

Faada Freddy : À chaque fois que je suis en concert j’ai l’impression de tout recommencer à zéro… Je sais que les artistes disent souvent que chaque soir c’est différent, mais c’est vrai et c’est ça, je crois, qui donne l’envie d’y retourner le lendemain… Surtout quand la fatigue physique s’installe ! Le vrai secret pour tenir au fil des dates, c’est de se nourrir de l’énergie du public pour être en mesure de lui donner le maximum en retour.

Un concert, ce n’est pas, à mes yeux, une représentation, c’est un échange en permanence… J’aime que le public reparte sans avoir la sensation d’avoir vu quelque chose mais d’avoir vécu quelque chose.

En période de crise, de morosité et de crainte, vos concerts sont parmi les rares à être toujours complets…

(rires) Moi-même, je suis le premier épaté par tout ce qu’il se passe… Avant de monter sur scène, je ne vérifie jamais les chiffres, je ne m’intéresse pas au nombre d’entrées car, qu’il y ait 5 ou 5000 personnes, je partagerai avec elles ce que j’ai à proposer. Finalement le chiffre en tant que tel n’a pas réellement d’importance même si, quand je réalise que la salle est pleine, je suis évidemment très touché !

On pourrait avoir l’impression que votre succès est fulgurant mais, à quarante ans, vous avez des années de travail derrière vous…

La réalité est un peu faussée par la médiatisation mais c’est vrai que je ne me suis pas lancé dans la musique il y a quelques mois ! (rires) J’étais tout petit quand j’ai commencé à chanter, je devais avoir à peine quatre ans et rapidement, j’ai voulu prouver à ma famille que j’étais capable de chanter… Je me suis essayé à plusieurs activités culturelles comme les chorales, le breakdance, le hip hop, le rap, puis j’ai monté le groupe Daara J avec un ami. On a gagné les BBC Awards et on a pu parcourir le monde et rencontrer les autres cultures. Il y a un an seulement, j’ai sorti mon tout premier album solo, Gospel Journey

Un album qui prouve que vous avez le rythme dans la peau…

Je ne crois pas que le ryhtme soit quelque chose d’inné, je pense que c’était plutôt dû à la transmission. Chez moi en Afrique, le rythme est partout alors c’est vrai qu’on a peut-être plus tendance à y être sensible dès l’enfance alors qu’en Occident, on chante moins et on danse moins naturellement. L’apprentissage se fait différemment, par des cours par exemple mais si on sensibilise les gens dès leur plus jeune âge, ils auront eux aussi le rythme dans la peau. Le corps a véritablement une mémoire.

Vos percussions corporelles sont impressionnantes…

Pour moi c’est essentiel de rétablir l’équilibre entre le corps et l’esprit. Les percussions corporelles sont d’ailleurs le résultat de ces deux facettes… La danse est la manifestation visible du son tandis que la voix – que l’on ne voit pas – en est la manifestation intérieure… Rendre physiquement visible ce que l’on entend par des mouvements corporels, c’est une manière de maintenir l’équilibre entre les deux. Les arts martiaux m’ont d’ailleurs beaucoup aidé à être dans l’instant pour mieux ressentir les choses en moi et autour de moi.

On ne s’aperçoit pas tout de suite qu’il n’y a pas d’instrument sur votre album, pourtant vous vous seulement de la voix et du corps…

Je prends vraiment ça comme un compliment ! Je suis heureux d’être arrivé à ce résultat là car c’est exactement ce que je désirais et quand j’ai une idée, je ne m’arrête pas, peu importe les obstacles. La vie, c’est tendre à trouver son idéal, à vivre son rêve alors il faut s’en donner les moyens, travailler encore et toujours, être curieux et ne surtout pas se laisser influencer par ce que les autres attendent ou font…

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo droits réservés

Interview parue dans Le Mensuel de juin 2016 n°371 éditions #1 et #2

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