INTERVIEW

Dina Bawab en interview

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Bien que très injustement peu représentés dans les médias les plus populaires, les artistes issus du classique ne chaument pas pour autant ! Enchaînant les castings et les partitions les plus ardues, ceux-ci sont – à l’exemple de Dima Bawab – en recherche permanente de perfection vocale et de dépassement de soi… Telle une athlète de haut niveau donc, la ravissante soprano coloratura d’origine jordanienne a choisi de se consacrer corps et âme à cette passion de l’interprétation qui la conduira cet été dans le Var pour quatre concerts de haute voltige.


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Au festival Musique Cordiale du 06 au 12 août

 


« C’est une joie pour moi de me préparer comme un sportif qui cherche à dépasser constamment ses propres limites ! »


On te verra 4 fois cet été pour 3 concerts différents à l’occasion du festival Musique Cordiale…

Dima Bawab : Lors de la dernière édition du festival, nous avons longuement discuté du répertoire avec l’organisateur et on s’est mis d’accord. Du coup, ça fait un an que l’on sait que l’on va interpréter Les Vêpres de Monteverdi, une oeuvre à la fois très longue et très rude à apprendre. Et puis, il y a une autre complexité, celle de devoir travailler généralement chacun dans notre coin jusqu’à ce que l’on se retrouve, au dernier moment, pour jouer ensemble. Mais j’ai la chance de pouvoir me préparer avec Pauline Sikirdji, une mezzo-soprano que je connaîs depuis 12 ans et avec qui j’ai une grande complicité musicale.

Ça doit exiger une grande concentration le jour J…

Exactement, il y a un sacré travail de synchronisation car il faut qu’on soit à l’écoute de l’autre pour mieux chanter tous ces duos et ces trios. Il est nécessaire qu’une véritable harmonie se crée entre les chanteurs et l’orchestre de façon à ce que le public reparte enchanté. Mais ce sont ces difficultés qui rendent le travail si intéressant.

Comment es-tu tombée sur ce répertoire classique ?

Je crois que j’ai eu la chance de le découvrir assez naturellement… J’ai commencé par faire du piano à l’âge de 4 ans, j’ai fait des chœurs mais le chant en soliste s’est vraiment imposé à moi un peu par hasard, à l’occasion d’une pièce de théâtre dans laquelle je devais chanter. À cet instant précis, j’ai réalisé la joie que c’était d’être sur scène et d’utiliser ma voix comme ça. À l’âge de 15 ans, j’ai dit à mon père – véritable amateur de musique classique qui écoutait tout le temps de l’opéra à la maison – que c’était ce que je voulais faire de ma vie !

Le répertoire classique oblige à chanter moins « naturellement » que la variété par exemple…

C’est vrai que c’est une façon un peu étrange de chanter, ce n’est pas inné, ça s’apprend… Dans mon cas, c’est arrivé par imitation à force d’écouter du classique à la maison ! Je me prenais pour une cantatrice ! (rires) Ensuite, heureusement, j’ai pris des cours ! (rires) Et puis, il faut trouver le profes- seur qui nous correspond tant à notre personnalité qu’à notre instrument…

Le classique semble être le summum du chant et permettre à un artiste de tout envisager, tout tester…

Absolument, ça exige tellement de rigueur dans l’apprentissage que ça offre un maximum de libertés par la suite… Il y a d’ailleurs de nombreuses chanteuses d’opéra qui s’amusent avec d’autres répertoires comme le jazz. Personnellement, je crois que le registre classique me plait à ce point car c’est une joie pour moi que de me préparer comme un sportif qui cherche à dépasser constamment ses propres limites. La musique dite commerciale est très sympathique à l’écoute mais quand je m’y essaie, il me manque la profondeur et la technicité des grandes oeuvres…

Et c’est également un travail de comédien…

Les chanteurs d’opéra ne sont pas acteurs à la base pourtant, ils doivent être en mesure de donner corps à un personnage pour le rendre crédible. C’est donc important de s’atteler au travail scénique mais aussi d’apprendre à projeter notre voix en parlant, nous qui ne savons le faire qu’en chantant…

La voix est un instrument fragile qui reflète nos peurs, nos fatigues et nos stress…

Ça impose un rythme de vie très strict car c’est vrai, la voix est le reflet de notre âme… Elle est très sujette au stress et malheureusement, on est tous condamnés à le subir au quotidien… Il faut apprendre à le contrôler, surtout avant de chanter afin que les cordes vocales ne se contractent pas trop et ne bloquent pas la voix. Le yoga est très important pour moi car il m’aide à détendre tout mon corps. Croire qu’échauffer sa voix suffit est une erreur, le physique et le mental sont essentiels…

Tu es une soprano coloratura…

C’est une capacité à aller très vite dans les aigus avec une certaine agilité. Et souvent, les rôles qui ont cette caractéristique sont assez jeunes et je crois que ça joue sur le mental ! J’ai la chance que ça m’affecte positivement et qu’en plus on me donne souvent dix ans de moins ! (rires)

 

Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo Droits réservés

Interview parue dans Le Mensuel de juin 2017 n°382 éditions #1 et #2

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