INTERVIEW

Diane Tell en interview

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Il faut toujours se méfier des gens que l’on croit connaître… Diane Tell, la délicieuse québécoise débarquée dans nos vies au tout début des années 80 est bien loin de n’être que la chanteuse à l’origine de ce fameux titre qui fait encore la joie des adeptes de karaoké ! Et bien que Si j’étais un homme ait été un tournant dans sa carrière, ce morceau n’a heureusement pas été l’unique travail de l’artiste ! Passionnée tant par les arts en général que la musique en particulier, cette touche-à-tout – dont le dernier album Haïku est paru à l’automne dernier – a certes écrit, composé et chanté mais aussi filmé, photographié, « causé musique » sur le web ou encore imaginé une fondation pour l’Art, la Nature et l’Architecture en plein coeur des montagnes…

Diane Tell, « Diane Tell qu’elle »

Puget-sur-Argens / 24 octobre    TOURNÉE 2020 ANNULÉE

Le Broc / 24 octobre 2021 (report du 25 octobre 2020)


« J’ai arrêté de chercher à lutter contre le stéréotype de la « chanteuse québécoise »… »


MORGANE LAS DIT PEISSON : On entend toujours en radio Si j’étais un homme alors que vous avez une quinzaine d’albums à votre actif…

DIANE TELL : Les radios fonctionnent étrangement… Radio France par exemple a certainement la plus belle discothèque d’Europe mais bien qu’elle possède mes albums au complet, toutes les antennes n’ont accès qu’à Si j’étais un homme et La légende de Jimmy parce qu’une équipe au siège en a décidé ainsi… Et c’est pareil pour tous les artistes… On est confronté à une centralisation du contenu qui ne laisse pas de place à la découverte et c’est pour ça qu’aujourd’hui, les vrais amateurs de musique font ce travail de recherche eux-mêmes sur Internet. Désormais, le public ne doit plus attendre qu’un média lui fasse une proposition, il doit faire l’effort de se renseigner sinon il s’enferme dans un cercle vicieux qui confortera le programmateur dans ses choix. 

Un changement de mentalités et de support…

Le disque ne se vend plus comme avant et ça n’ira pas en s’arrageant puisqu’on dématérialise la musique mais personnellement, je préfère voir le bon côté des choses. J’aime à penser que quand mes albums sont sur des plateformes comme Deezer ou Spotify, ils peuvent être écoutés dans le monde entier ! J’aime farfouiller et chaque mois, je me fais une playlist que j’écoute en voiture et que je partage avec le public sur mon site !

dianetell.com est un site qui ressemble à un journal de bord…

C’est comme ça que je l’ai imaginé ! Je ne voulais pas qu’il ne soit qu’une plateforme de promotion pour le dernier album en date et la tournée qui va avec… Il existe depuis 1996 donc il y a des archives de plus de 20 ans dessus, presque au début d’Internet ! (rires) Je vois un peu www.dianetell.com (NDLR : rubrique « À propos », bulle « Archives« ) comme un musée avec ses collections permanentes et ses nouvelles expositions ! (rires) Il y a les anciens albums mais aussi des récits de voyages, les crédits des différents musiciens qui ont joué avec moi, des pensées ou encore des coups de coeur…

Ça prend du temps…

Oui mais ça me passionne et ça me permet de m’approcher au mieux de ce que j’ai en tête… Ce n’est pas que ça a une meilleure « gueule » quand je fais les choses moi-même mais le résultat me ressemble plus. Pour le nouvel album Haïku j’ai voulu tourner mes vidéos en imaginant un rendu entre le clip très professionnel et léché et le film amateur, plus intime. Les images d’On n’jette pas un amour comme ça ont été tournées dans un hôtel où entre deux concerts j’avais une journée à tuer donc ça raconte un pan de ma vie : ces heures où à force d’avoir enchaîné les trajets, on n’a plus qu’une envie c’est rester enfermé dans sa chambre, prendre un bain et regarder un film en mangeant une pizza et en buvant un bon verre de vin ! (rires) C’est ce que j’ai fait et je me suis filmée ! (rires) 

La chanteuse qu’on connaît n’est qu’une petite partie de vous…

C’est un peu comme ça qu’on m’a « vendue » au départ… Quand je suis arrivée en France, il n’y avait à l’époque pas énormément d’auteures-compositrices-interprètes féminines comme Véronique Sanson et puis, il y avait pas mal de chanteuses qui venaient du Canada alors j’ai fait partie du lot ! (rires) Au point qu’encore aujourd’hui, je m’amuse dans des dîners à demander aux convives s’ils savent qui a écrit Si j’étais un homme et souvent, les gens me sortent toutes sortes de noms sauf le mien ! (rires) J’ai arrêté de chercher à lutter contre le stéréotype de la « chanteuse québécoise », ce qui compte pour moi ce n’est pas que les gens sachent que j’écris, que je filme, que je compose ou que je photographie, mais qu’ils prennent du plaisir en regardant, en lisant ou en écoutant ce que j’ai produit.

Haïku, un album multiculturel…

Il a été travaillé principalement en France, en Suisse et au Canada, certains titres ont été écrits en collaboration avec un poète suisse d’origine serbe, le réalisateur est québécois, les voix ont été renregistrées à Saint-Rémy-de-Provence, les musiques au Canada, le mastering aux États-Unis et les visuels en Angleterre car je suis absolument convaincue que le lieu influence l’art… Et puis, même si, par choix, je chante en français, je voulais qu’esthétiquement, Haïku ait une espèce de couleur internationale pour contribuer, peut-être, à ce que le français traverse les frontières… D’ailleurs, on a fait traduire toutes les chansons en anglais pour qu’un maximum de gens puissent les comprendre.

© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson en mars 2019 à Peymeinade • Photos Maxime Morin


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Interview parue dans les éditions n°418 #1, #2, #3 et #4 du mois d’octobre 2020

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