COUPS DE COEUR
David Voinson en interview pour son spectacle et sa série En terrasse
« Notre génération ressent une anxiété assez constante… » David Voinson
Bien qu’il n’ait qu’un petit quart de siècle au compteur et qu’il n’en soit qu’à son tout premier spectacle, David Voinson étonne par son professionnalisme et sa maturité. Séduisant, malgré lui, tant ceux de son âge que leurs aînés, le jeune humoriste réussit ce tour de force de parler de lui, de ses expériences, de sa génération et des préoccupations de celle-ci avec une telle aisance et une telle sincérité que tout le monde finit par s’y reconnaître ou s’y intéresser ! Pour preuve, les salles où il se produit ne cessent d’afficher complet les unes après les autres ! Passionné par la comédie et inspiré en permanence, il a même déjà donné naissance à sa propre série – En terrasse – disponible chez Prime Video…
David Voinson en interview pour son one-man et sa série En terrasse
interview / spectacle / humour / one-man / série
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- 28 novembre 2024 / 20:30 / Marseille / Le Silo / 🎟️ Infos & billetterie ici !
- 15 novembre 2024 / 20:30 / Le Cannet / La Palestre / 🎟️ Infos & billetterie ici !
- 16 mars 2024 / 20:00 / Les Sérénissimes de l’Humour / Monaco / Grimaldi Forum / 🎟️ Infos & billetterie ici !
- 15 mars 2024 / 20:30 / Sanary-sur-Mer / Théâtre Galli / 🎟️ Infos & billetterie ici !
Morgane Las Dit Peisson : En pleine tournée avec ton 1er spectacle…
David Voinson : Je suis heureux car la tournée se passe incroyablement bien. J’ai de la chance d’avoir une vraie bonne équipe à mes côtés et même d’avoir trouvé « un gars » pour faire mes vidéos pour les réseaux sociaux… Il s’appelle Flo, il joue également dans la série qu’on a sorti sur Prime et plus sérieusement, accessoirement, il est mon meilleur ami ! C’est le rêve absolu car avec lui, je n’ai pas l’impression de bosser.
Une 1ère tournée qui affiche régulièrement complet…
J’ai encore du mal à réaliser que les gens présents dans la salle ont acheté des billets pour me voir « moi » ! J’ai commencé vers 15 ans à participer à des comedy clubs et me suis lancé dans le format spectacle il y a 4 ou 5 ans. J’ai évidemment galéré à remplir les salles et ce n’est qu’après avoir commencé à faire des vidéos sur les réseaux qu’il y a eu un véritable engouement.
C’est le Covid qui m’a poussé à me lancer et c’est vrai que ça m’a donné un véritable coup d’accélérateur. Depuis, les salles se remplissent donc je suis, bien sûr, très content. On évolue vachement bien, on voit les salles grandir mais je dois reconnaître que c’est toujours étrange de voir autant de gens attendre que le spectacle commence…
C’est troublant…
Complètement ! (rires) C’est beau, touchant, intimidant et boostant à la fois ! Je n’étais par exemple jamais venu à Saint-Raphaël alors ça fait bizarre de savoir que pour une toute première « visite », le public a répondu présent au point d’être complet. Je n’imaginais pas être accueilli avec autant d’enthousiasme, moi qui viens du Sud-ouest et qui ai fait mes armes à Paris. Je suis en pleine découverte des villes, des régions, des salles, des spectateurs et je me sens excité comme un gosse ! (rires)
On a eu peur que les réseaux sociaux éloignent le public des salles mais tu es la preuve qu’ils peuvent contribuer à les remplir…
Totalement ! Le web peut permettre de découvrir énormément d’artistes et d’humoristes car je ne pense pas qu’il y ait encore un schéma à suivre… Il n’y a pas si longtemps, il fallait participer à un maximum de comedy clubs pour faire marcher le bouche-à-oreille et essayer de se faire repérer par des producteurs. Aujourd’hui ça peut arriver via Internet comme ça peut se produire « à l’ancienne », sur scène et sans vidéo. Je pense notamment à Paul Mirabel, un artiste incroyable que l’on a connu grâce à Montreux. Ce n’est qu’ensuite qu’il est apparu sur les réseaux.
De mon côté, j’ai vraiment une passion pour la vidéo et pour la scène depuis que je suis tout petit. Je ne me verrais pas faire l’un sans l’autre donc je ne me suis pas forcé à aller vers ce format-là. Mais voir que grâce aux vidéos les gens me suivent et que ça les amène à voir le spectacle, ça me comble ! Pour la plupart, c’est en effet leur première fois dans une salle alors ça me fait plaisir de partager ça avec eux et qu’on se construise un véritable lien. Sur les réseaux, ils me voient pendant 1m30, sur scène c’est 1h10 et surtout, je peux les voir à mon tour et leur parler directement. Ce n’est pas du tout la même ambiance et c’est pour ça que je tiens à faire des propositions totalement différentes. Même si on retrouve évidemment l’essence de mes vidéos dans le spectacle, il est hors de question de faire payer le public pour un contenu qui ne serait pas exclusif, j’y fais très attention.
Je parle énormément des relations garçons-filles dedans, du côté « charo », c’est-à-dire, pour le public plus âgé, « goujat » et « Don Juan » ! (rires) Et évidemment, il y a la touche féminine qui occupe une place importante dans ce show.
La comédie a toujours été une évidence, dès l’enfance ?
Oui, il n’y a jamais eu de plan B. Je l’ai réalisé en en parlant avec des amis. Quand ils m’ont demandé ce que j’aurais fait si ça n’avait pas marché, je n’ai pas su quoi répondre car pour moi, c’était une évidence que je fasse ce métier. Rien d’autre ne m’a jamais attiré. Gosse, j’avais déjà tout construit dans ma tête : un premier sketch, une seconde scène, un concours et une montée à Paris… Et j’ai avancé avec ce but sans me dire qu’il fallait prévoir une sécurité. J’espère évidemment que ça va durer. Ça fait dix ans que je monte sur scène et maintenant, j’ai vraiment des choses à raconter bien que je n’aie que 25 ans ! Les jeunes aussi peuvent avoir du vécu ! (rires)
Du vécu et une part de féminité complètement assumée…
Jouer l’homme et la femme dans mes vidéos est vraiment le résultat d’une envie de parler des relations amoureuses, qui est un sujet qui nous tient à cœur dans ma génération ! (rires) C’est à nos âges qu’on se pose généralement pas mal de questions, donc aborder ce thème m’a beaucoup appris sur moi, sur ce que j’avais envie d’être et de faire dans la vie. Ça me plaît bien d’endosser un personnage de fille. Même s’il peut parfois apparaître un peu caricatural, je le fais avec la plus grande bienveillance. Tout ce qu’elle dit, même dans ses excès de voix et de caractère, c’est intéressant, pertinent et posé. Ce sont souvent des moments que j’ai vécus comme la peur de s’engager, l’infidélité ou le côté charo… Il y a tellement de possibilités aujourd’hui sur les réseaux et les applis qu’on ne voit malheureusement plus uniquement l’être aimé… On est soumis aux tentations un peu partout et j’essaie d’en parler du mieux que je peux.
Ce personnage féminin parle aussi de sujets parfois encore un peu tabous comme l’endométriose…
Évidemment, c’est très compliqué de résumer l’endométriose en 1m30 mais j’ai rencontré une jeune fille qui m’a dit qu’elle en était atteinte et je ne savais pas du tout ce que c’était à ce moment-là. Je me suis alors renseigné parce que ça m’a intrigué et là, j’ai vraiment pris conscience de toute la complexité de la femme et surtout de tous les problèmes auxquels elle devait faire face sans qu’en tant que mec, on s’en rende compte. Je n’ai pas la prétention de dire que je connais tout sur le sujet mais ça m’a sincèrement intéressé de faire des recherches, de lire des articles et d’échanger avec les personnes concernées. J’ai essayé de résumer ça comme je le pouvais afin qu’un mec comme moi (qui n’y connaît rien) puisse un peu mieux comprendre, grâce à l’humour et à un format condensé.
Tu te transformes avec quelques accessoires mais surtout avec une perruque…
J’assume totalement mon côté féminin et le fait que je sois un homme à perruques ! (rires) Le blond me va tellement bien ! (rires) J’avais vraiment envie d’incarner ce genre de personnage à fond donc la perruque a été un choix naturel et évident, peu importe que certains trouvent que ça fasse gai ! Je prends plaisir, je m’amuse à le faire et surtout, les gens l’ont bien accueilli alors c’est tout ce qui compte.
Bosseur et autodidacte…
Je n’ai pas pris de cours, fait de formation, aucune école de théâtre, donc j’apprends tout sur le tas et je travaille sans cesse. J’ai lancé ma série – En terrasse – sur Amazon Prime et très honnêtement, j’ai réellement découvert le travail de comédien sur le tournage en étant en contact avec des acteurs et des réalisateurs incroyables. Mon parcours prouve que même si on n’a pas beaucoup d’argent, ou de temps pour suivre des cours, ou d’envie de partir sur une formation trop scolaire, on peut réussir à la condition de travailler avec motivation, énergie et passion. Je suis au début de ma carrière, j’ai encore des tonnes de choses à apprendre mais ce que je peux dire avec certitude c’est qu’on ne peut avancer qu’en s’en donnant les moyens.
Une crise de la vingtaine ?
Un peu ! (rires) Sérieusement, les trois quarts des jeunes de 20 à 25 ans se posent énormément de questions sur leur avenir et j’ai l’impression que c’est un peu pris à la légère parce que c’est un phénomène plus récent que celles de la trentaine et des décennies suivantes. La jeunesse est dans l’esprit de beaucoup une période heureuse où tout est encore possible alors que beaucoup de gens de notre génération ressentent une anxiété assez constante… Les réseaux sociaux nous font complexer parce qu’on se compare à la vie de jeunes influenceurs qui gagnent une fortune. Quand on est étudiant, qu’on bosse sérieusement et qu’on n’arrive pas à manger à la fin du mois, on a l’impression d’être un looser. Je pense qu’il faut donner de l’espoir à chacun et s’encourager les uns les autres. C’est un peu mon côté abbé Pierre mais la crise de la vingtaine existe et c’est important d’être à l’écoute. Ce n’est pas parce qu’on a la « chance » d’être jeune qu’on ne peut pas souffrir…
La série En terrasse, une idée à toi…
Quand j’ai écrit le pilote à la fin du confinement, je voulais vraiment créer une série sur l’amitié et sur cette génération (la mienne) qui se pose des questions que nos parents se sont posées et que les plus jeunes se poseront sûrement. La seule chose qui diffère entre nous tous, ce sont nos références et le contexte dans lequel on évolue mais le fond reste le même. Nos parents par exemple n’ont pas forcément connu l’inquiétude de devoir trouver un emploi ou de se stabiliser avec quelqu’un. Aujourd’hui, tout va super vite et ça nous angoisse un peu.
J’ai eu cette idée de mini-série. Robin Productions et Calt m’ont suivi comme ils avaient pu le faire avec Soda ou Kaamelott et c’était incroyable pour moi d’être accompagné par ces structures-là dans mon projet. Prime Vidéo l’a accepté et on a tourné ça en un temps très court. Florent All et Diane Segard – mes partenaires de jeu – ont été magiques et je suis très content d’avoir pu proposer ça comme premier gros projet télévisuel.
Contrairement à la scène, tu ne pouvais pas être maître de tout, il a donc fallu apprendre à déléguer et faire confiance…
C’est exactement ça ! (rires) J’ai appris à faire confiance et ce n’est pas évident quand on a l’habitude de tout gérer tout seul, de l’écriture des vidéos au montage en passant par la publication. Mais ils avaient d’excellentes idées, le pôle d’auteurs était hyper éclectique en termes d’âges et de profils donc ça m’a permis de découvrir des univers différents du mien et de m’en enrichir. Je suis très fier des 12 épisodes qu’on a créés tous ensemble.
Ton humour n’est pas réservé à une tranche de la population…
J’aime cette idée que mes vidéos et mon spectacle plaisent à un panel plus large que les gens de ma génération. Ce dont je parle est un peu autobiographique donc je n’ai pas cherché à ce que les gens se reconnaissent. J’ai seulement essayé d’être le plus sincère et le plus honnête possible dans ma démarche donc, quand le public est au rendez-vous, ça ne peut que me faire plaisir et j’espère qu’il sera là encore longtemps.
Évidemment, j’aime l’idée de plaire à un maximum de gens et j’adorerais être un artiste populaire. En revanche, je pense qu’il ne faut jamais rien faire pour tenter de plaire à tout prix à tout le monde car c’est le meilleur moyen de se perdre…
Un spectacle, des vidéos, une série mais aussi un livre, Les balles perdues…
Ce n’est pas du Baudelaire non plus ! (rires) J’y ai répertorié pas mal de punchlines de mon personnage de la blonde qui ont tendance à marquer l’esprit et surtout l’ego des mecs quand ils les reçoivent en plein cœur ! (rires) Je ne suis pas certain de poursuivre très longtemps cette aventure « littéraire » mais ça m’a amusé de le faire.
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Festival du Rire de Saint-Raphaël pour Le Mensuel / Photos Stephane Kerrad & Florent All / février 2024
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