INTERVIEW
Dany Brillant en interview
Bien que toujours aussi Romantique que son précédent album, Dany Brillant a ressenti le besoin de revenir à ses premières amours qui ont d’ailleurs tout naturellement donné son titre à son dernier opus Rock and Swing… Et, si l’on retrouve évidemment dans chacun des morceaux qui le composent la passion qui l’anime pour le swing, son rythme et sa danse, la motivation la plus profonde de l’artiste n’a pas été de ne faire que ce qu’il aimait. Cherchant inlassablement depuis ses débuts à distiller un peu de bonheur et de légereté dans la vie des gens, c’est dans cette même optique qu’il a conçu chacune de ses ultimes compositions parmi lesquelles figure C’est l’amour qui rend heureux. Ça pourrait sembler un peu désuet de prime abord tant il est certain que chanter la joie de vivre ne suffira jamais à combattre la noirceur du monde, mais le faire et l’assumer exige un véritable courage… L’époque à laquelle on vit en est une preuve édifiante car face aux dérives de nos sociétés et de certains de nos congénères, s’est créée toute une pléiade de remèdes pour tenter d’accéder enfin à un bonheur devenu plutôt lucratif… Et si guides pratiques, coachs, spas et huiles essentielles font si bien recette, c’est que l’être humain a tout à fait saisi que la positivité et l’optimisme étaient ses seuls véritables remparts contre l’incompréhensible et l’inconcevable. S’inspirant donc de la force d’esprit des noirs américains qui jouaient du swing et dansaient le lindy hop avec une certaine rage de vivre, Rock and Swing possède tous les ingrédients pour aider celui qui l’écoute à conjurer la rudesse de la vie…
Album « Rock and Swing » disponible depuis le 02 février 2018
En concert à Marseille le 10 novembre 2018
« L’artiste est un séducteur qui a viscéralement besoin de plaire… »
Morgane Las Dit Peisson : L’année 2018 débute avec Rock and Swing, un nouvel album travaillé ces deux dernières années…
Dany Brillant : Oui et j’ai réellement apprécié de pouvoir prendre ce temps là… Le système fait que les gens ont tendance à oublier qu’on n’est pas des animateurs télé (rires) alors, quand ils ne nous voient pas pendant une période, ils pensent inconsciemment qu’on ne fait plus rien alors qu’on écrit, qu’on compose et qu’on enregistre… J’adore être au contact du public mais j’aime aussi ces périodes là car je sais que ce sera plus intense quand on se retrouvera. Je suis persuadé que le désir est essentiel dans nos métiers et que sans absence, il s’étiole… L’artiste, quoi qu’on en dise, est un séducteur qui a viscéralement besoin de plaire…
Ce qui explique qu’un album soit un don de soi…
Quand on prépare un album c’est en effet, au delà du plaisir musical, un véritable acte d’amour. On est convaincu d’avoir quelque chose à offrir pour aider ceux qui l’écouteront… Comme tout le monde, j’ai été affecté par les attentats et le climat tendu dans lequel on vit depuis, et c’est ce qui m’a poussé à composer des morceaux qui insuffleront à nouveau j’espère, une certaine joie de vivre ! La musique a ce pouvoir incroyable de soulager les coeurs et les âmes alors bien que je ne sois pas médecin et que je ne sauve pas des vies, je ressens tout de même cette volonté d’apporter, à ma mesure, un peu de réconfort…
Positif par nature ou par volonté ?
Ma nature profonde est assez mélancolique, sinon je ne ferais pas ce métier ! (rires) Si on gratte chez la plupart des écrivains, musiciens ou cinéastes, il y a toujours des drames ou un mal-être latent… Dalida, Claude François ou Johnny sont d’excellents exemples de ce besoin de compensation qui pousse les personnes un peu torturées à combattre leur tempérament ou les aléas de la vie en s’évertuant à en proposer une vision plus optimiste.
Il n’y a – à part cas extrêmes – jamais vraiment de bonnes ou mauvaises nouvelles…
Dans énormément de situations en effet, c’est nous, avec notre humeur du moment, qui « choisissons » quelles seront sur nous les répercussions d’un évènement… Il faut être optimiste parce qu’on n’a pas le choix en réalité si on veut avancer… Quand on pense que tout est possible, on se donne plus de chances de s’en sortir…
Rock and Swing est un retour aux sources pour vous…
C’est enrichissant de changer d’univers musical de temps en temps mais ça fait un bien fou de retrouver ses racines… Je n’ai jamais cherché à être à la mode mais juste à faire la musique qui me passionnait : le swing des années 30-40 et la chanson française. Suzette est le fruit de ce mélange et si aujourd’hui, c’est un style qui a le vent en poupe, à l’époque, je n’imaginais pas que ça puisse passer en radio et encore moins faire un tube tant ça ne correspondait pas aux « standards » ! Ça a été un beau cadeau d’être rejoint par un public en recherche, lui aussi, de joie de vivre.
Dans le clip C’est l’amour qui rend heureux, les années 30 et les années 2000 ne s’affrontent pas mais se côtoient…
Je voulais vraiment signifier l’aspect presque « primaire » et instinctif de la musique qui, peu importe l’époque, a toujours le même pouvoir sur nous… Bien que ce soient les noirs qui aient inventé le swing dans les années 20, c’est le rock, la soul et le hip-hop qui ont permis, en s’en inspirant, de le garder en vie. Dans le clip C’est l’amour qui rend heureux, l’idée était de mettre en image l’universalité de cette musique. Qu’on vienne de banlieue ou de St-Germain-des-Près, qu’on soit habillé vintage ou en jogging, qu’on danse seul ou à deux, le swing nous prend par surprise sans que l’on puisse y résister ! (rires)
Rock and Swing est un album à écouter bien sûr mais à vivre et ressentir surtout…
Vous avez raison parce que c’est une musique qui se ressent par le corps, c’est inconscient, charnel et ça prendra toute sa dimension pendant la tournée qui se prépare… Je désire évidemment que les gens écoutent cet album mais il ne vaudra jamais ce qu’il se passera en live dans quelques semaines…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photos droits réservés
Interview parue dans les éditions #1 et #2 du mois de février 2018
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