CINÉMA
« Le quatrième mur » avec Laurent Lafitte et Simon Abkarian : Le théâtre est-il plus fort que la guerre ?
Le quatrième mur avec Laurent Lafitte et Simon Abkarian
cinéma / drame
- sortie nationale le 15 janvier 2025 / 1h56
- de David Oelhoffen
Le quatrième mur avec Laurent Lafitte et Simon Abkarian : L’utopie d’une Antigone sous les bombes
L’art peut-il être plus fédérateur que la guerre n’est fratricide et dévastatrice ? C’est l’épineuse question que s’est posée l’auteur du roman Le quatrième mur, Sorj Chalandon, dont l’ouvrage a été adapté au cinéma par David Oelhoffen. Dans ce nouveau film en salle à partir du 15 janvier 2025, Laurent Lafitte incarne Georges, jeune metteur en scène, qui a le projet fou de faire jouer la pièce Antigone dans le Beyrouth de 1982, en proie à une guerre civile meurtrière. Chaperonné par son guide Marwan – Simon Abkarian -, Georges se confronte à la violence du conflit qui met à mal sa passion et son idéalisme. L’homme de théâtre est d’autant plus bouleversé que, malgré la situation critique, il tombe amoureux d’Imane. Ses sentiments volent alors en éclats, plus contradictoires que jamais. Il n’y a pas que dans la rue que le tumulte jaillit…
« Ici, on manque de tout. Je ne comprends pas ce que vous venez faire avec le théâtre, là, maintenant, dans notre pays ». Le guide résume ainsi l’incompréhension quasi générale autour de ce projet ubuesque de monter une pièce de théâtre dans une ville en proie à l’une des plus importantes crises de son histoire. Mais Georges, lui, sait pourquoi il est venu : pour honorer une promesse qu’il a faite à un vieil ami et tenter de faire revivre l’étincelle d’humanité qui résiste toujours en chaque soldat. Convaincu que l’art et le spectacle sont universels et peuvent fédérer des populations qui se vouent pourtant une haine viscérale, il veut mettre le conflit sur pause pendant 2 heures et faire monter sur scène des comédiens de tous bords religieux. Y parviendra-t-il ?
Dans un rôle taillé sur mesure, Laurent Lafitte prête ses traits à un passionné de théâtre. Ex-pensionnaire de la Comédie-Française, le comédien a développé une carrière sur les planches en parallèle de sa fulgurante ascension au cinéma et incarne de façon tout à fait vraisemblable cette conviction que le spectacle vivant peut être une porte ouverte sur la paix en temps de guerre. C’est d’ailleurs le sens du titre du livre et du film : le quatrième mur est une notion théâtrale qui désigne la séparation entre la scène (où se déroule une action fictionnelle) et la salle (où le public est ancré dans la vraie vie). La frontière s’effondre ainsi avec cette « Antigone sous les bombes » lorsque la réalité de la guerre surpasse la narration de l’œuvre antique, quand les comédiens sur scène ne font pas que jouer « la tragédie », mais la subissent aussi dans leur chair au quotidien.
Dans cette adaptation du roman de Sorj Chalendon (récompensé du prix du Goncourt des Lycéens en 2013) le réalisateur David Oelhoffen s’est concentré sur la partie libanaise de l’ouvrage, qui se déroule en réalité entre la France et le petit pays d’Orient. Il a d’ailleurs tenu à tourner sur place et à travailler avec des acteurs locaux. Simon Abkarian lui-même y a passé une partie de son enfance et livre une interprétation particulièrement convaincante du fixeur, guide et protecteur local qui, en fin connaisseur pragmatique de la situation de Beyrouth, ne donne pas cher de la réalisation de ce projet utopique.
En salle à partir du 15 janvier 2025.
© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / photo Eliph Productions
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