CINÉMA
« Sarah Bernhardt, La Divine » : Sandrine Kiberlain incarne le monstre sacré
Sarah Bernhardt, La Divine de Guillaume Nicloux
cinéma / biopic / drame
- sortie nationale le 18 décembre 2024 / 1h38
- de Guillaume Niclou
Sarah Bernhardt, La Divine avec Sandrine Kiberlain : La première star mondiale était française !
Décidément, les biopics ont le vent en poupe ces dernières années, eux qui mettent en lumière les vies de personnalités souvent artistiques. Le nouveau film de Guillaume Nicloux consacré à Sarah Bernhardt, La Divine, en est une ultime preuve et ne dément pas le talent français à faire revivre ces héros du passé. Celle qui est considérée comme l’une des plus grandes comédiennes françaises et qui a déployé sa carrière entre les XIXème et XXème siècles, est ainsi l’objet d’un long-métrage haut en couleur. Portée par une Sandrine Kiberlain à la hauteur du rôle et secondée par un Laurent Laffite toujours resplendissant pour incarner, cette fois-ci, Lucien Guitry (l’alter ego de comédie et amant de Bernhardt), cette fresque nous immerge dans les pré-Années Folles et leur tourbillon fantasque ! À découvrir à partir du 18 décembre dans les salles obscures…
Sarah Bernhardt est une femme qui décloisonne tout ! Si on se situait dans notre XXIème siècle en perpétuel mouvement sociétal, il n’y aurait pas forcément de quoi s’émouvoir. Mais dès lors qu’on remet celle qui s’est autosurnommée « La Divine » dans son temps, d’un coup, les choses prennent une tout autre ampleur et justifient très largement le focus biographique ! D’autant que tout s’y prête : cette fin de XIXème qui fait doucement monter l’énergie des Années Folles (1920-1930) et surtout le charisme de celle qu’on estime être la première star mondiale ! Sarah Bernhardt (1844-1923) était un personnage, une comédienne de talent, une femme flamboyante au franc-parler dérangeant et aux mœurs qu’on jugeait dissolues. Elle fut aussi une citoyenne qui faisait entendre sa voix dans des sujets de société, comme lors de l’Affaire Dreyfus où elle prit parti pour Émile Zola et son fameux « J’accuse… » ou encore, lorsqu’elle s’opposa à la peine de mort.
Le nouveau film de Guillaume Nicloux est surprenamment le premier biopic consacré à ce « monstre sacré » du patrimoine dramaturgique français ! C’est même pour elle que Jean Cocteau inventa cette expression, depuis très largement reprise afin de qualifier les grands hommes et les grandes femmes du paysage artistique. Le réalisateur a choisi de s’attarder sur des épisodes méconnus du parcours de Sarah Bernhardt et présente son film comme une libre adaptation de sa vie, plutôt qu’une réelle biographie respectant une stricte chronologie. Ainsi, les spectateurs pourront découvrir deux étapes clés de son récit intime : le déroulé d’une grande journée en son honneur organisée par ses amis en 1896 – réunissant le tout Paris et confirmant définitivement le poids de son aura – et l’amputation de sa jambe en 1915, des suites d’une gangrène provoquée par une tuberculose ostéo-articulaire.
Sandrine Kiberlain relève haut la main le défi d’incarnation de cette tragédienne dont le surjeu était mythique, et qui adorait interpréter les scènes d’agonie dans lesquelles elle mourrait avec une emphase magnifique. L’actrice française insuffle à Sarah Bernhardt la splendide insolence qui la caractérisait tout en rendant hommage à sa lucidité et à sa stratégie de starification précurseure. Un film à voir pour le plaisir et pour découvrir une légende du cinéma et du théâtre français trop souvent oubliée…
© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / photo Bac Films
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