INTERVIEW
Chantal Ladesou en interview
Preuve que la sagesse ne vient pas nécessairement avec l’âge, la toute récente grand-mère est plus pétillante et dingue que jamais ! Et au fil des années, elle a réussi à nous rendre de plus en plus raides dingues de sa folie et de son énergie ! Depuis Les Amazones, la tornade blonde a en effet su atteindre la place qu’elle méritait déjà du temps de La classe en s’imposant grâce à sa gouaille, son naturel, sa passion des planches et le profond intérêt qu’elle porte à ses semblables. D’Oscar à Nelson en passant par Adieu je reste, Peau de vache ou son propre seul en scène, Chantal Ladesou est, pour notre plus grand plaisir, devenu un personnage indétrônable dans le monde humoristique et théâtral ! À l’affiche de Comment tuer sa mère qui sort au cinéma ce mois-ci, la comédienne – qui continue à parcourir les routes tout en préparant son prochain spectacle -, ne semble pas prête à se passer de l’exceptionnel lien qui l’unit à son public…
Chantal Ladesou au cinéma dans « Comment tuer sa mère » en salle le 13 juin
« J’adore la scène, c’est réellement mon moteur… »
Morgane Las Dit Peisson : Comment te sens-tu au moment où nous parlons, après avoir joué ?
Chantal Ladesou : Très bien car je suis toujours en pleine forme en sortant de scène ! On produit tellement d’adrénaline et on reçoit surtout tellement de bonheur que ça nous porte ! (rires) J’adore la scène, c’est réellement mon moteur…
Au point de jouer avec une blessure, comme ce soir…
Je ne m’écoute pas trop… Même si je suis blessée ou malade, je me sens attrocement coupable de devoir annuler une représentation… Je crois que ça n’est arrivé que deux ou trois fois dans ma vie car j’étais vraiment KO au sens propre du terme ! (rires) Dans le cas présent, j’ai fait une mauvaise chute alors j’ai une bonne douleur à la jambe mais pas suffisamment handicapante pour que je me prive d’une soirée avec le public ! (rires) Il faut jouer jusqu’à en mourir… Sur scène, si possible !
La scène a quelque chose de magique…
C’est vrai que sur scène, on ne ressent plus rien… Moi qui suis très migraineuse, je m’aperçois que dès que je joue, la douleur disparaît comme par enchantement… On oublie tout et on s’oublie soi-même pour incarner un personnage mais malheureusement, dès qu’on se relâche et qu’on redevient pleinement nous, la douleur est encore plus intense !
J’ai l’impression que je vous plais existe depuis environ 10 ans mais a constamment évolué…
J’aime bien raconter des histoires qui sont toutes « chaudes », des anecdotes qui viennent juste de m’arriver alors, bien que je respecte la trame de mon spectacle, il n’est jamais pleinement identique tous les soirs. Quand je retrouve le public, je vis ce moment là comme un rendez-vous avec des amis à qui je vais dire ce qui me passe par la tête ! Je ne suis pas sur scène pour enfiler des perles et jouer en mode automatique… J’ai besoin que ça bouge, que ça vive ! Cette liberté m’amuse et me stimule !
C’est quelque chose qui manque quand on joue une pièce ?
C’est vraiment agréable de jouer au théâtre avec une troupe mais on est obligé de rester « dans les clous » pour ne mettre en péril ni l’intrigue ni nos partenaires et je me rends compte que je ne peux finalement me passer d’aucun des deux exercices… J’ai en effet besoin d’avoir des camarades de jeu mais la liberté que m’offre le seul en scène est une véritable addiction ! (rires) J’ai l’impression que je vous plais touche à sa fin alors je savoure ces dernières dates qui me donnent encore plus envie d’écrire le prochain !
On the road again débutera en janvier 2019…
Je raconte toujours un peu ma vie avec Michel – mon mari -, avec mes enfants et avec mon métier donc on retrouvera évidemment les mêmes personnages mais avec dix ans de plus aussi ! (rires) Désormais, j’ai la chance d’être grand-mère donc ce sera une source sûrement inépuisable de nouvelles histoires…
On t’a découverte en « méchante » dans Peau de vache au théâtre, tu récidives au cinéma ce mois-ci…
Mais les méchants ne sont pas toujours ceux qu’on croit… Dans Comment tuer sa mère qui sortira au cinéma le 13 juin, j’ai un petit quelque chose de Tatie Danielle ! (rires) C’est l’histoire de trois enfants qui n’en peuvent plus de leur mère ! Elle claque tout l’argent laissé par le père en voyageant avec des amants mais, si elle n’est pas toujours tendre, ils ne sont pas irréprochables non plus ! Le fils aîné, qui n’en peut plus d’entretenir son frère et sa soeur, décide de tuer sa mère pour toucher l’héritage et être tranquille ! Il va convaincre les deux plus jeunes que c’est l’unique solution mais comme ce sont trois bras cassés, ils vont rencontrer pas mal de difficultés car elle résiste ! (rires) C’est très « humour noir »…
C’est rare de voir un rôle de mère aussi crue et rude…
On a tendance à croire qu’une mère ne peut pas bousculer sa progéniture à ce point et pourtant, on s’en rend compte dans le film, c’est parfois nécessaire. Si elle va loin dans ses propos, c’est plus pour les faire réagir et les faire sortir de leur léthargie que pour les blesser. Elle a envie que ses enfants s’en sortent alors quand elle les insulte c’est par amour ! (rires)
Le cinéma est un autre type de jeu…
Le cinéma est une cerise sur le gâteau, c’est une occasion de travailler mon jeu différemment mais pour moi, le vrai métier reste la scène… Le spectacle vivant, c’est la jeunesse de cet art, c’est la fougue. Un film, c’est merveilleux mais ça ne nous ap- partient jamais vraiment…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson au Pôle Culturel Chabran de Draguignan Photos SDN Films & Ingrid Mareski
Interview parue dans les éditions n°391 #1, #2 et #3 du mois de juin 2018
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