
CINÉMA
Camille Lou et Noémie Saglio en interview pour « Natacha (presque) hôtesse de l’air »
« J’ai craqué sur l’aventure, le message, le rythme, l’humour… » Camille Lou
Camille Lou – que l’on a découverte sur scène dans la comédie musicale 1789, les amants de la Bastille – est devenue, depuis, un visage incontournable des productions télévisées et cinématographiques. En moins de 10 ans, façon caméléon, on l’a vue se fondre dans Pourris gâtés, Je te promets ou Cat’s Eyes, avec toujours autant d’aisance et de réalisme. Cette fois-ci, elle s’empare avec drôlerie et énergie d’un personnage de bande dessinée né dans les années 70 : Natacha ! À grand renfort de savoureux anachronismes, d’un casting cinq étoiles, d’un rythme effréné, de tenues colorées et d’un humour omniprésent (digne de l’Astérix d’Alain Chabat), Noémie Saglio (la réalisatrice) a donné vie à cette héroïne en la plongeant dans une véritable comédie d’aventure. À travers une course-poursuite franco-italienne, la jeune femme – qui rêve depuis l’enfance de devenir hôtesse de l’air – rappelle l’importance de se donner les moyens de ses ambitions !
Camille Lou et Noémie Saglio en interview pour le film Natacha (presque) hôtesse de l’air
interview / cinéma / film / comédie / aventure
- au cinéma le 02 avril 2025
- de Noémie Saglio
- avec Camille Lou, Vincent Dedienne, Didier Bourdon, Fabrice Luchini, Elsa Zylberstein, Isabelle Adjani, Baptiste Lecaplain
- article ici !
Heureuse de cette tournée d’avant-premières ?
Camille Lou : J’adore ça ! Rencontrer le public, c’est l’essence même de notre métier et c’est pour ça que je le fais. J’ai besoin de faire rire les gens et de les faire voyager… Si je n’avais pas ce rapport direct, je crois que je ferais autre chose.
On t’a d’ailleurs connue grâce à la scène et aux comédies musicales…
Camille : C’est vrai que ce contact-là me manque parfois, mais je suis tellement stressée avant de monter sur scène que ça m’enlève un certain poids ! (rires) Je ne vais pas dire que le trac n’est pas présent quand je tourne, mais il faut reconnaître que la pression n’est pas la même. Sur scène, il n’y a qu’une seule prise donc on ne peut pas se tromper ! En revanche, rien ne ressemble à cette atmosphère et à cet échange immédiat… C’est pour ça que je suis ravie de faire des tournées d’avant-premières.
On a l’impression que l’époque des comédies musicales fait déjà partie d’une autre vie, tellement tu es active au cinéma et en télé…
Camille : C’est vrai que des fois, ça me semble loin ! Mais j’adore tout ce que je fais depuis le début. Je prenais complètement mon pied dans 1789 et je le prends tout autant dans Cat’s Eyes ou Natacha. En réalité, je ne réfléchis pas, je fonctionne à l’instinct donc je ne peux avoir aucun regret. Je vis chaque expérience et chaque moment à fond, et j’essaie toujours de trouver le positif dans tout ce que je fais. J’ai de la chance car c’est extrêmement varié. Je reviendrai un jour à la musique puisque ça me manque un peu, mais, pour l’instant, je m’éclate, je ne m’ennuie pas du tout !
Tu incarnes des personnages très différents les uns des autres et tu joues dans un large panel de registres, qu’est-ce qui t’a plu dans « Natacha » ?
Camille : Je ne connaissais pas du tout cette BD des années 70. Je l’ai découverte grâce à Noémie, en lisant le scénario que j’ai adoré tout de suite ! J’ai craqué sur l’aventure, le message, le rythme, l’humour… J’ai été happée par l’histoire, j’ai tout lu d’une traite, sans faire de pause et ça, c’est le meilleur des signes pour se lancer dans un projet !
Noémie, comment vous est venue l’idée d’adapter cette BD-là ?
Noémie Saglio : Cette question me gêne toujours un peu car ce n’était pas mon idée ! (rires) C’est sûrement pour ça qu’elle est bonne ! (rires) Je suis très contente de l’avoir fait parce que c’est un personnage féminin que j’adore. Il est positif, joyeux, il embarque tout le monde avec lui, et puisque j’avais bien envie de faire une comédie d’aventure avec une femme genre La grande blonde à la chaussure noire, je n’ai pas hésité !
C’est plus compliqué d’adapter une œuvre existante ?
Noémie : Oh non, c’est beaucoup plus facile de partir de quelque chose ! Moi qui ai l’habitude de faire des choses from scratch (ndlr : à partir de zéro), c’est agréable d’avoir une belle base. Je n’ai pas eu peur de prendre des libertés car Natacha (presque) hôtesse de l’air n’est pas une adaptation d’un album de la BD. Du coup, j’ai fait exactement ce que je voulais !
On a vraiment repris l’essence et l’esprit de Natacha tout en inventant l’histoire. En réalité, c’est un peu comme un prequel de la bande dessinée, puisqu’elle n’y est pas encore hôtesse de l’air.
C’est extrêmement frais, drôle, coloré… En dehors de la condition des femmes, ce sont les années 70 rêvées…
Noémie : Les femmes ne pouvaient pas encore faire grand-chose à cette époque, mais c’est vrai que l’esthétique était magnifique, la mode et les décors étaient dingues alors pour réaliser un film, c’est l’éclate !
Le choix de Camille pour camper « Natacha » ?
Noémie : Franchement, humainement, ça a été un coup de foudre immédiat ! Et puis, Camille Lou collait tellement au personnage, que je savais que, sous ses traits, j’allais enfin voir exister Natacha. D’ailleurs, ça a été la même chose pour l’auteur et le dessinateur qui ont tout à coup vu leurs dessins prendre vie…
Camille : Quand l’auteur est venu nous voir sur le tournage et qu’il a dit : « elle est là, c’est elle », ça nous a fait trop plaisir et ça nous a tous rassurés ! C’était tellement chouette de ne pas le décevoir…
Elle est pétillante, vive d’esprit, instruite et tenace…
Camille : Je l’ai aimée instantanément car elle se donne les moyens d’atteindre son but et prouve que « quand on veut, on peut » !
Elle fait tout et elle a tout pour réussir, sauf que, sur son chemin, il y a un gars à qui sa tête ne revient pas ! Ça arrive à tellement de gens dans la vie d’être discriminés pour des critères idiots, qu’incarner ce que le personnage de Vincent Dedienne considère comme une « grande gigue moche aux cheveux plats » m’a plu. Avec énormément d’humour, ça dénonce à la fois certaines formes de ségrégation et les diktats de l’apparence. C’est si suggestif la beauté…
C’est criblé d’autodérision que ce soit toi, Didier Bourdon ou Isabelle Adjani…
Camille : Didier Bourdon qui se fait traiter de « petit gros », ça me fait tellement rire ! Et moi, la « grande gigue », j’adore ! (rires) On me dit aujourd’hui que je suis belle, mais ça n’a pas toujours été le cas, loin de là ! À l’école, les garçons ne tombaient pas amoureux et pire, ils se moquaient de moi ! C’est aussi ça que raconte Natacha… Si tu commences à croire en toi, à te dire que tu es belle, tu te sentiras belle et les gens te regarderont d’une manière différente. Ça marche vraiment !
Et Isabelle Adjani en Mona Lisa… Elle a surkiffé ! (rires) Je l’admire encore plus aujourd’hui en l’ayant découverte dans ce rôle décalé qui l’a amusée. Elle a été hyper généreuse !
C’est drôle et esthétiquement irréprochable, mais c’est surtout une comédie d’aventure…
Camille : On passe de décor en décor, c’est rythmé, c’est physique et c’est ce qui m’a plu. Pour une fois, on a un vrai film d’action avec une héroïne féminine, mais qui ne se destine pas qu’aux filles. On n’est pas sur un truc « girly », c’est réellement fait pour tous les publics.
Un film à destination des hommes et des femmes, mais aussi de toutes les générations, des nostalgiques de la BD aux jeunes qui vont adorer le verbe actuel et les anachronismes, un peu comme dans Astérix…
Noémie : Ça me fait vraiment plaisir cette comparaison parce que cette vision d’Alain Chabat de la bande dessinée (qui est déjà criblée d’anachronismes) est mon film préféré ! Ça m’a sûrement inconsciemment inspirée…
Je voulais faire un film d’époque frais et « d’aujourd’hui », mais égoïstement, j’avais aussi envie de faire un film qui plaise (enfin !) à ma fille ! (rires)
Vincent Dedienne fait partie du casting…
Camille : Je l’aime trop ce comédien, il est excessivement drôle ! Noémie lui a taillé un rôle sur mesure puisqu’ils avaient déjà travaillé tous les deux et ça se sent direct ! Nous, on ne se connaissait pas avant le tournage donc on a construit le personnage ensemble… Maintenant qu’on s’est apprivoisées, j’ai hâte de faire le prochain film avec elle… Ça, c’est placé ! (rires)
Et Fabrice Luchini en narrateur omniprésent…
Camille : L’idée du narrateur et de l’interaction entre Natacha et cette voix off est géniale ! C’est drôlissime ! J’adore m’imaginer que c’est ma petite voix intérieure…
Noémie : C’est la voix de la société et celle des parents et c’est ça, je crois, qui fait qu’elle devient celle du personnage. Elle est le résultat de tout ce qu’elle a emmagasiné tout au long de sa vie, et qui tente de lui dicter quoi faire et comment le faire… J’aimais l’idée qu’elle lui cloue le bec ! (rires)
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel au cinéma Le Lido de Saint-Raphaël / Photo Studio TF1
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« Natacha (presque) hôtesse de l’air » avec Camille Lou au cinéma

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