INTERVIEW
Bruno Madinier en interview
LES VOEUX DU COEUR
À Salon de Provence le 01 décembre 2016
« Le clef dans ce métier, c’est de se nourrir constamment de tout ce qui nous entoure»
Vous tournez en ce moment avec la pièce Les voeux du coeur…
Vous êtes devenu Père Raymond…
C’est vrai que « Père Raymond », ça le fait tout de même un peu moins que dans la version américaine d’origine ! (rires) J’ai interprété énormément de rôles mais jouer un prêtre, c’est une première fois pour moi et j’en suis ravi car j’ai toujours pensé que pour être un comédien accompli et comblé, il fallait avoir incarné un homosexuel, un prêtre et joué dans un biopic… Cette fois-ci, j’ai le tiercé ! (rires)
L’auteur, Bill C. Davis, est également celui de L’affrontement…
Son écriture est fantastique et a elle seule, elle m’a convaincu de jouer dans cette pièce ! L’Affrontement était une discussion entre deux prêtres de générations différentes et elle a connu un succès phénoménal dans plus de vingt pays ! Avec Les voeux du coeur, l’auteur – qui a fait le séminaire – nous plonge de nouveau dans des préoccupations religieuses qui – même si la pièce a été écrite il y a une dizaine d’années – collent parfaitement à notre actualité.
Le postulat de départ est le mariage homosexuel…
Oui c’est un thème qui permet d’en développer plusieurs autres. Un couple catholique d’homosexuels, qui s’entend super bien avec un prêtre d’ailleurs plutôt progressiste, tient à se marier à l’Eglise mais va essuyer un refus… De là, une tension va naître entre les deux hommes, la soeur – agnostique – de l’un d’entre eux – enceinte d’un homme marié et qui compte confier son enfant au jeune couple – va tenter de me faire changer d’avis et je vais, petit à petit, tomber sous son charme !
Une pièce drôle et riche à jouer…
Tout à fait ! Car si on part bien de la question du mariage homosexuel, on arrive vite à la véritable problématique centrale qui est l’engagement et les difficultés que l’on rencontre à le respecter… Que ce soit envers Dieu, une éducation, des principes ou quelqu’un qu’on aime, que fait-on lorsque ce que l’on ressent est en totale contradiction avec un voeu que l’on a formulé ? C’est très intéressant à jouer car c’est à la fois un spectacle divertissant où l’on rit beaucoup mais qui pose aussi plein de questions à tout le monde. Les gens ressortent de la salle en en discutant et ça, c’est jouissif ! Et puis, l’auteur a eu l’intelligence de ne pas prendre parti, il n’y a ni bien ni mal, il y a juste des personnages tiraillés entre leur tête et leur coeur…
Interpréter un homme d’Église qui naturelle- ment impose le respect, ça enrichit le jeu ?
Je dois avouer que c’est un peu particulier d’incarner un prêtre car il a déjà en lui, en effet, une certaine prestance, un charisme… C’est passionnant pour un acteur parce que ça exige une partition plus posée, avec des silences, une voix égale, des gestes fluides et sereins. C’est délié et très onctueux !
Comment se prépare-t-on à s’emparer de ce comportement ?
Pour le rôle de Père Raymond, je n’ai pas eu à faire beaucoup de recherches car je connais ce milieu par coeur ! (rires) J’ai été élevé dans une école catholique alors je me rappelle très bien des codes. Mais aucun personnage ne se prépare de la même manière… Il faut commencer par se l’imaginer à l’intérieur de soi avant de l’enrichir de références réelles ou fictives, en observant des gens dans la rue, en lisant, en regardant des films… La clef dans ce métier, c’est de se nourrir constamment de tout ce qui nous entoure pour construire ses personnages.
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson • Photo droits réservés
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