CONCERT
Black M en interview et en tournée avec « Alpha »
« Je me permets une certaine mise à nu… »
Avant de pouvoir partir avec Sexion d’Assaut pour la tournée des stades (repoussée à 2022), Black M poursuit une carrière solo qui, dès son 1er album en 2014, n’a pas eu à lui faire regretter ses choix… Intitulée Alpha (son vrai prénom), sa nouvelle création se fera désirer en se dévoilant, petit à petit, en 3 parties et proposera un panorama musical riche, éclectique et plus intime que jamais…
Morgane Las Dit Peisson : Les affaires reprennent !
Black M : On est super contents avec mon équipe de pouvoir retrouver la route après tous ces mois de blocage. Notre métier, c’est en grande partie la scène car même si on a besoin de s’isoler pour composer, c’est la rencontre avec le public qui nous donne l’envie de créer ! Pendant cette période, j’ai ressenti un vide immense, une sensation d’inachevé et j’ai encore plus eu l’impression d’être un Éternel insatisfait…
Le titre de ce 2ème album est toujours aussi vrai ?
Complètement ! (rires) Mais à mes yeux, ce n’est ni négatif, ni péjoratif, au contraire, ça exprime l’idée de vouloir toujours faire mieux. Être insatisfait, c’est un véritable combat contre soi-même qui est passionnant à mener.
L’insatisfaction pousse d’ailleurs à remonter constamment sur scène…
C’est exactement ça. On se prépare évidemment avant d’y aller mais l’important sur scène c’est le feeling. Un concert ne se passe jamais exactement comme on le prévoit car c’est du donnant donnant avec le public et c’est ensemble qu’on construit le show chaque soir. Parfois on en ressort super heureux, parfois un peu déçud’avoir fait des erreurs de placement ou une fausse note mais dans les deux cas, on n’a qu’une envie : remonter sur scène pour refaire aussi bien ou faire mieux la fois d’après !
Pour garder le contact avec le public, les réseaux sociaux ont été utiles…
C’est important de s’adapter à la nouvelle génération. Quand on a débuté, on avait tout juste YouTube alors que maintenant il y a Instagram, TikTok, Facebook, Twitter… (rires) Il a fallu qu’on apprenne à s’en servir sans trop en faire, qu’on partage avec le public un maximum de choses artistiques mais aussi privées tout en préservant notre intimité. Et puis, ça permet aussi de s’amuser comme j’ai pu le faire dans les petites capsules de Black Shady…
Un 4ème album qui arrive en 3 parties…
Je n’avais pas pris la parole depuis 2019 et j’avais enregistré beaucoup de sons dans tous les styles ! Ça va du rap très dur à des expériences inclassables parce que j’aime tenter de nouvelles choses et je trouvais ça dommage de ne les garder que pour moi. Les livrer en 3 chapitres, ça permet que chaque ensemble soit cohérent mais aussi que je m’exprime plusieurs fois dans les mois à venir.
Et puis, la façon de consommer la musique a tellement changé que j’ai la sensation que proposer des formats « courts » peut favoriser l’écoute des gens et les inciter à découvrir plus de morceaux de façon régulière.
Le projet s’intitule Alpha…
J’ai choisi de lui donner mon prénom pour titre car je poursuis mon idée de trilogie que j’ai commencée avec Il était une fois… Je me livre plus, mes textes sont plus personnels, je me permets, sans complexe, une certaine mise à nu mais je crois que c’est quelque chose qu’on ne peut faire qu’à partir d’un certain âge. À l’époque de la Sexion d’Assaut, on était beaucoup trop jeunes et novices pour oser se le permettre ! (rires) C’est confortable, les premiers temps, de jouer un rôle pour se protéger… À 20 ans, on se cache souvent derrière une image.
En parlant de personnage, il y a celui de Black Shady…
J’ai toujours aimé le cinéma, le travail des acteurs et c’est d’ailleurs pour ça que j’ai adoré participer au film Les nouvelles aventures d’Aladin ou encore aux Enfoirés ! J’admire énormément la carrière de Will Smith qui fait un peu de tout et qui le fait bien à chaque fois. C’est vraiment un modèle pour moi…
Humour et autodérision avec César…
(rires) Oui reprendre Savez-vous planter les choux ?, à 20 ans par exemple, on ne l’aurait peut-être pas fait ! (rires) L’idée, c’est de prouver qu’on n’est pas obligé de se prendre la tête, on peut toujours, peu importe où on est arrivé, faire des trucs légers en se créant un délire. C’est ce qu’on a fait avec Gims et franchement, on a juste kiffé ! (rires)
À la base, un morceau sur l’âge d’or de Sexion d’Assaut…
Oui c’est un petit hommage à nos débuts à tous et puis c’est aussi une réponse à nos détracteurs qui disent qu’aujourd’hui, Gims et moi ne faisons plus du rap ! En réalité, avec l’âge et les rencontres, on s’est ouverts à d’autres styles musicaux pour enrichir ce qu’on faisait mais ça ne nous empêche pas de nous tenir au courant de tout ce qui se fait dans la musique urbaine actuellement. On est des gros passionnés de musique et ça, on ne pourra jamais nous l’enlever ! D’ailleurs, si les gens écoutent bien ce qu’on faisait au début de la Sexion d’Assaut, on mélangeait déjà beaucoup de genres différents, on n’a jamais été « sectaires » ! (rires)
Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel / Photos droits réservés
Interview parue dans Le Mensuel n°422 d’été 2021
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