CONCERT
Ben Mazué en interview pour l’album et la tournée « Famille »
« Je suis allé au bout de ma sincérité…« Ben Mazué
C’est dans le bar de l’hôtel Mama Schelter de Nice que Ben Mazué nous a donné rendez-vous le mois dernier… Ainsi qu’à tous ceux qui souhaitaient découvrir son nouvel album Famille en avant-première ! Dans un cadre cosy, un café à la main, le public est donc venu savourer les 14 chansons dans lesquelles l’artiste s’est à nouveau livré. Car ceux qui le suivent depuis des années le savent, écouter ses titres, c’est comme lire son journal intime… L’auteur-compositeur-interprète est en effet passé maître dans l’exploration d’un quotidien qu’il sublime de sa plume poétique. À travers ses confidences, on découvre sa vie, ses peines, ses craintes, ses regrets et ses joies depuis une quinzaine d’années, et on se surprend à réaliser qu’en dehors des milliers de personnes qui ne nous applaudissent pas quand on va travailler, nos expériences et nos émotions sont en tout point semblables…
Ben Mazué en interview pour l’album et la tournée Famille
interview / musique / album / concert
- nouvel album Famille à paraître le 28 février 2025 / à précommander ici !
- Ben Mazué en tournée :
- jusqu’au 12 mars 2025 / Paris / Théâtre de l’Atelier / infos & billetterie ici !
- ★ 12 juin 2025 / 19:00 / Festival Nuits Carrées / Antibes / Esplanade du Pré des Pêcheurs / infos & billetterie ici !
- 15 octobre 2025 / 20:00 / Biarritz / Gare du Midi / infos & billetterie ici !
- 29 novembre 2025 / 20:00 / Montpellier / Le Corum / infos & billetterie ici !
- 18 décembre 2025 / 20:00 / Marseille / Le Cepac Silo / infos & billetterie ici !
- 11 avril 2026 / 20:30 / Nice / Palais Nikaïa / infos & billetterie ici !
D’où t’es venue cette idée d’avant-premières intimistes pour présenter ton nouvel album Famille ?
Ben Mazué : J’aime les avant-premières au cinéma, car ça donne un peu la température du film, mais ça n’existe pas vraiment dans la musique. On a le showcase ou la release party mais ça fausse la donne, car on passe les chansons pour tout le monde, en même temps. Or, quand on découvre un nouvel album, on le fait rarement avec d’autres. C’est une démarche personnelle à laquelle on s’adonne de manière assez indépendante, dans son coin, à son rythme. On a alors essayé de trouver un terrain « d’entente » et on a eu cette idée d’inviter les gens dans de jolis endroits, comme ces hôtels Mama Schelter, de leur fournir un QR code à scanner et de les laisser prendre un café tranquillement, avec leurs écouteurs…
J’avais envie qu’ils se posent, car c’est souvent comme ça qu’on écoute de la musique, a fortiori de la chanson française.
Ça signifie que tu vois en direct les réactions des gens qui écoutent l’album pour la 1ère fois…
Je n’ai qu’une envie qu’une hâte, c’est de le diffuser, le donner… J’en suis assez content, dans le sens où je trouve que je suis allé au bout de moi, donc je n’ai pas de regret particulier. Ça fait que je ne me pose même pas la question de savoir comment il sera accueilli. Je ne m’en moque évidemment pas, mais ce qui me protège, c’est d’avoir la conviction d’être allé au bout de ma sincérité.
C’est d’ailleurs pour ça que je vais « au bout de moi » à chaque fois que je fais un album… J’y mets toute mon énergie, ma volonté, ma colère, ma tristesse, ma joie… J’y apporte vraiment tout ce que je peux ainsi que toute mon exigence, de manière à n’avoir aucun remords. Je ne dis pas qu’il est parfait car ça reste un concept abstrait, mais il est ce que je pouvais offrir de mieux, donc je n’ai pas peur d’observer les réactions des gens qui l’écoutent. J’ai juste à cœur de le diffuser le plus possible.
Ça me fait penser à une histoire avec Grand Corps Malade… On avait déjeuné ensemble le jour de la sortie de son premier long-métrage – Patients – adapté de son livre. On sait beaucoup de choses des premières séances d’un film, car ça donne la tendance des entrées qu’il fera et les siennes étaient très enthousiasmantes ! Ça laissait présager qu’il allait en faire au moins 1 000 000, alors je croyais le retrouver hyper heureux.
Mais il n’était pas particulièrement euphorique ! (rires) Il était globalement content, mais pas à la hauteur de ce que je m’attendais à lire sur son visage. Alors il m’a expliqué qu’il avait tout fait et tout donné pour faire exister ce film et, qu’il « fonctionne » ou non, il ne lui appartenait plus. Ça a été une leçon pour moi… Depuis, je ne me préoccupe plus de savoir si ça va « marcher » ou pas, mais uniquement d’aller jusqu’au bout de moi-même… Ce qui est déjà une bonne grosse préoccupation ! (rires) Car cette démarche oblige à faire un peu le vide autour de soi… Je suis exigeant avec moi-même, mais aussi avec les autres… C’est pour ça que je ne dirais pas qu’écrire un album se fasse nécessairement dans une ambiance « sympa »…
C’est un véritable investissement personnel surtout quand on écrit sur soi, sa vie, ses proches… C’est naturel pour toi de te livrer ?
Ça a toujours été totalement naturel car je ne sais écrire que sur ce qui me procure de l’émotion, sur ce qui me déséquilibre, sur ce qui vient perturber ma sobriété émotionnelle ! (rires) Ça peut être dans la joie mais aussi dans la mélancolie, la tristesse, les peurs… Et donc ça ne peut être que très intime.
C’est quelque chose qui ne m’a jamais gêné, en revanche ça peut déranger l’entourage que ce soit diffusé…
Tes mots sur ton entourage sont toujours tendres, même quand il t’est arrivé de parler de séparation…
J’essaie de me protéger en ne faisant que rendre hommage. Dans toutes les émotions qui peuvent me traverser, dès lors que je parle des autres, je n’y mets jamais de colère et je n’y règle pas mes comptes… Quand je le fais, ce n’est pas en musique ! (rires) Par contre, j’admire ceux qui savent le faire artistiquement.
Je n’écris pas avec la rage, ou plutôt, je ne m’en sers pas contre les autres mais contre moi-même, et dans cet album, il y a des morceaux où c’est le cas… Le premier titre qui ouvre Famille s’appelle Cette guerre, donc ça laisse imaginer que ce n’est pas le plus joyeux ! (rires) Le morceau Résolution provient, lui aussi, d’une forme de colère, puisqu’il s’agit de la condamnation d’un comportement et d’une manière de vivre.
Donc oui, de la colère envers moi, j’en ai et je l’exploite, mais si elle est tournée vers les autres, je n’y arrive pas. Je ne suis d’ailleurs pas un énorme fan de ce type de chansons. J’admire, par exemple, considérablement le travail de Renaud mais je vais préférer Mistral gagnant et La pêche à la ligne à Fatigué ou à Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ? Je vais plutôt instinctivement me tourner vers les chansons d’amour.
Tu donnes l’impression d’être très exigeant envers toi-même, mais c’est peut-être aussi ça qui te permet de réussir tes projets…
Ça me fait très plaisir que tu aies ce sentiment-là parce que je pense en effet que c’est une vraie qualité de vouloir, tout le temps, aller au bout des choses. Mais si j’observe honnêtement la réalité de mon quotidien, je ne vais pas partager ton opinion ! (rires) Je me sens pousser des ailes très souvent et je trouve cette expression très belle car ça veut dire que je me sens capable de plein de trucs ! Je me sens capable d’écrire une série, de faire un film ou de faire du snowboard, mais ensuite, je me confronte à une réalité qui me contredit ! (rires) Ce que j’ai de « positif », c’est que j’ai cette honnêteté de reconnaître quand je fais un truc nul…
J’ai essayé énormément choses, je m’y suis en effet donné à fond, mais sans résultat. Ce que les gens voient c’est ce qui aboutit, alors ça laisse l’impression que je ne m’en sors pas trop mal, mais je ne dis heureusement pas tout ce qui ne fonctionne pas ! (rires) En revanche, c’est vrai que je vais tout de même au bout de mon idée. J’ai par exemple écrit une série qui n’a pas du tout trouvé preneur, mais l’essentiel, c’est que je me sois éclaté à me consacrer à ce projet.
Je trouve ça cool d’avoir souvent ce sentiment que tout est possible, mais pour ne pas tomber de haut en permanence, il est nécessaire d’avoir la lucidité de réaliser quand ce n’est pas bon.
Le 1er titre dévoilé, C’est l’heure, évoque l’importance de vivre le temps présent…
Tout à fait. Je pense que c’est le privilège de l’âge… J’ai passé ma jeunesse à me construire et là que j’ai l’impression que c’est fait, je me dis qu’il est temps d’essayer d’en profiter. C’est un peu ça l’idée. Se construire, c’est se dire en permanence que bientôt ce sera bien, que bientôt ce sera réussi, que demain ce sera mieux… Et puis il arrive un moment où demain, c’est maintenant. Tu réalises que tu cours après quelque chose qui ne sera pas nécessairement mieux… Ce n’est pas très marrant de vieillir car ça s’accompagne de plein de problèmes et de souffrances, mais c’est aussi l’occasion de mettre à profit son expérience, c’est être capable d’accepter de profiter d’un moment en particulier, parce qu’on sait désormais qu’il ne se reproduira certainement jamais.
Vieillir, c’est prendre conscience de ce qui nous fait le plus peur tout en le transformant pour savourer l’instant de manière plus « raisonnable » et plus honnête. J’ai l’impression, passé les 40 ans, que je profite plus de ma vie…
Sur la pochette de l’album Famille, une photo de toi enfant, avec tes cousins…
Je voulais mettre ma famille, au sens large, à l’honneur parce que c’est évidemment ce qu’il y a de plus important.
Je viens de connaître trois ans de sédentarité et c’est la 1ère fois que ça m’arrive en 15 ans ! J’ai passé 12 ans de ma vie en tournée donc j’étais en permanence absent. Me poser m’a permis d’avoir du temps pour voir mes proches tous les jours. Mes enfants bien sûr, mais ma « grande » famille aussi : mes cousins, mes oncles, mes sœurs, mes parents… Ils m’avaient manqué et c’est aussi d’eux dont j’avais envie de parler dans ce nouvel album.
C’est un voyage au cœur de la famille, de ses joies et ses complexités ?
Oui, l’album évoque tout ce que la famille peut avoir de sécurisant mais aussi, parfois, d’irritant ou de traumatisant. En ce qui me concerne, elle est partout… Partout dans mes choix, dans mes décisions, dans mes projets, dans mon caractère et donc en ça, elle est disséminée dans tout l’album.
On retrouve également des thèmes traités dans ton podcast Amour Jungle…
Le podcast aborde principalement l’amour conjugal et j’ai récupéré certaines chansons que j’avais écrites à cette occasion comme Rupture, La valse de mamie – sur le deuil – ou encore Crush qui parle du fait d’oser dire à quelqu’un qu’on l’aime… Et bien sûr, la plupart des titres parlent de la famille et de mes enfants. Je parle souvent d’eux, mais là, j’évoque aussi ceux que je n’aurai jamais…
Ta tournée va être intense et colossale…
Là, pour le coup, c’est très excitant parce que je ne sais pas si j’aurai l’opportunité de faire beaucoup de tournées aussi grandioses que celle-ci avec des salles complètes, un public présent, des festivals géniaux… Ça rejoint ce que je te disais tout à l’heure par rapport au fait de construire. Cette tournée-là s’est façonnée tout au long de ces années et je ne veux pas la louper, dans tous les sens du terme. Je ne veux évidemment pas rater mes spectacles mais je veux surtout ne pas passer à côté, je veux en profiter. Pendant la tournée précédente, j’avais vraiment à cœur de faire « bien » tandis que là, j’ai réellement à cœur d’être heureux et joyeux chaque soir. C’est ça, le mot clé sur cette tournée : la joie…
© Propos recueillis par Morgane Las Dit Peisson pour Le Mensuel à l’hôtel Mama Shelter Nice / Photos Philippon
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