Les Ballets de Monte-Carlo : Un voyage chorégraphique entre tradition et modernité

Les Ballets de Monte-Carlo, Balanchine – Ratmansky – Goecke : Trois spectacles, trois ambiances, trois découvertes

Réputés à travers le monde, Les Ballets de Monte-Carlo offrent aux amateurs de danse une programmation d’exception, portée par des danseurs d’élite. Assister à l’un de leurs spectacles, c’est être transporté dans un univers où la grâce rencontre l’émotion et le symbolisme.

Du 23 au 27 avril, dans le cadre du Printemps des Arts de Monte-Carlo, la prestigieuse compagnie nous invite à découvrir trois pièces chorégraphiques au sein de la Salle des Princes du Grimaldi Forum : Les quatre tempéraments de George Balanchine (30 min), Wartime Elegy d’Alexei Ratmansky (20 min) et La nuit transfigurée, une création du chorégraphe Marco Gœcke.

Depuis sa naissance en 1985, la programmation des Ballets de Monte-Carlo oscille entre interprétation des chefs-d’œuvre du répertoire et souffle novateur de la création contemporaine. Cette nouvelle participation au Printemps des Arts illustre parfaitement cette dualité avec un choix mêlant pièces historiques et œuvres résolument modernes.

Chaque soirée s’ouvrira avec Les quatre tempéraments de George Balanchine, un bijou imaginé en 1946. Ce chorégraphe russe, qui a marqué l’histoire du ballet américain, entretenait déjà dans les années 1920 des liens privilégiés avec la Principauté, ayant dirigé les Ballets Russes de Monte-Carlo après Diaghilev. Cette œuvre, novatrice par son absence de narration et sa réinterprétation du vocabulaire chorégraphique classique, explore l’idée que le corps humain est régi par quatre humeurs, écho symbolique aux éléments naturels : l’air, le feu, l’eau et la terre.

Après cette introduction magistrale, la soirée prendra une tournure plus engagée avec Wartime Elegy d’Alexei Ratmansky. Mise sur pied en 2022, cette pièce est un témoignage bouleversant sur le conflit en Ukraine. Alors qu’il travaillait au mythique théâtre du Bolchoï de Moscou, Ratmansky a quitté la Russie dès le début de l’invasion pour exprimer, à travers son art, le déchirement de son pays natal. À l’image de Picasso avec Guernica, il signe Wartime Elegy – traduire par Élégie d’un temps de guerre – une œuvre où la danse classique se mêle aux traditions folkloriques ukrainiennes, rendant hommage à la résilience de son peuple.

Enfin, la représentation s’achèvera sur une création du chorégraphe Marco Gœcke sur le thème de La nuit transfigurée d’Arnold Schœnberg. Composée en 1899, cette œuvre musicale romantique est une ode aux sentiments, écrite en moins de trois semaines par le jeune Schœnberg transi d’amour pour une femme. Le chorégraphe allemand Gœcke – connu pour son langage singulier et saisissant – s’approprie cette partition en y insufflant toute l’intensité de la passion amoureuse dansée dans une esthétique tout à fait contemporaine.

Ainsi, Les Ballets de Monte-Carlo nous promettent un « Printemps » éblouissant, où se mêlent virtuosité, émotion et audace artistique…

© Claire Thiebaut pour Le Mensuel / Photo Christophe Raynaud de Lage

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